Compartiment n°6: on a vu le Grand prix du Jury Cannes 2021 et le roman dont il est (librement) adapté!
ON s'en souvient certainement car c'était une des vraies grandes surprises du palmarès du dernier festival de Cannes : « COMPARTIMENT N°6 » (HYTTI NRO 6 ; KUPEE NR 6) avait remporté le prix du Jury Ex aequo avec Un héros de Farhadi, film pour le coup plus annoncé que celui ci!
Compartiment n°6 c'est aussi le nom du nouveau film du réalisateur finlandais Juho Kuosmanen.
C'est son deuxième long-métrage, après le succès d’Olli Mäki en 2016, zdaptation du roman éponyme de Rosa Liksom paru en 2011, Juho Kuosmanen s’approprie avec brio l’histoire de cette jeune femme qui traverse la Sibérie et la Mongolie ...
Comme on a lu le livre il y a quelques années et vu le film très récemment, on peut vous apporter une analyse des deux oeuvres d'abord prise à part puis en les comparant plus largement !
1/ Compartiment n°6, Rosa Liksom : critique du livre en poche chez Folio
Après avoir hésité un instant, elle regagna sa place et s’assit sur sa couchette, face à l’homme qu’entourait un halo de froid. Ils restèrent silencieux, lui la dévisageant d’un air renfrogné, elle fixant, indécise, l’œillet en papier.
Quand le train s’ébranla, le quatuor à corde n° 8 de Chostakovitch jaillit des haut-parleurs en plastique du compartiment et du couloir. »
La jeune femme ne sera jamais nommée. C’est une étudiante Finlandaise qui s’installe dans le compartiment n° 6 du train Moscou- Oulan-Bator.
Ce voyage elle devait le faire avec Mitka, son amoureux, étudiant comme elle à l’Université de Moscou. Seulement voilà nous sommes en Russie en 1986 et Mitka n’a pas voulu partir en Afghanistan.
Elle va devoir passer plusieurs jours dans ce compartiment avec Vadim Nikolaïevitch Ivanov qui lui aussi traverse la Sibérie et la Mongolie pour travailler sur un chantier.
"Au bout d’une semaine je redeviens un homme bien et je m’en vais picoler sur un chantier. J’y gagne en même temps un revenu minimum, qui naît comme de lui-même en un maximum de temps.Quand je suis privé de vodka je suis comme un cheval fou. »
Entre cette jeune femme fraiche et ce soudard quarantenaire un lien va se créer, indéfinissable. Vadim parle et en se racontant il raconte l’histoire de la Russie d’après-guerre. La jeune femme écoute silencieuse, elle recueille les mots de l’homme Russe d’habitude taiseux. Tendresse, empathie, reconnaissance, la jeune femme pense à son homme disparu dans un asile psychiatrique.
« J’aime la vodka, comme tous les Russes. Quand je m’y mets, il m’arrive de descendre sept bouteilles en vingt-quatre heures. Je bois jusqu’à plus soif. Puis Katinka vient me chercher, le balai à la main. "
Quelle puissance dans ce beau livre triste, Rosa Liksom retrouve l’âme Russe du grand roman classique et le marie avec une écriture très contemporaine.
Nous sommes au plus près des deux héros, dans une description hyperréaliste du quotidien soviétique et le lecteur sent battre leurs cœurs et vit leurs regrets, leurs envies et leurs espoirs
Un verre de vodka au poivre, « Les bateliers de la Volga » de Repine en toile de fond, la mélancolie de Chostakovitch, le voyage peut commencer.
2/ Critique du film- en salles le 3 novembre 2021 :
A noter que le film Compartiment n°6 sera présenté en avant première au cinéma Lumière terraux dans le cadre des avant premières du lundi demain, lundi 18 octobre à 20h30..
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