Nos 4 BD indispensables de l'été 2022 : du soleil plein les bulles !!

samedi 13 août

Nos 4 BD indispensables de l'été 2022 : du soleil plein les bulles !!

Voici en ce samedi matin nos quatre BD coups de coeur pour aider à s'évader cet été !

Le Lait paternel d'Uli Oesterle; Dargaud

«Pas un seul instant l’hypothèse d’événements fâcheux ayant contraint mon père à se mettre au vert ne m’a effleuré l’esprit. Jusqu’à ce que j’apprenne, il y a quelques jours, ce qui s’est réellement passé.»

Dans le chapitre d'ouverture du livre 1 du roman graphique Le lait paternel, le personnage principal rend visite à son père ...au crématorium. L'heure est plus au questionnement qu'à la tristesse car il garde peu de souvenirs si ce n'est celui d'un père peu présent même lorsqu'il était là :

"Il ne me vient aucune circonstance familiale à laquelle Rufus Himmelstoss ait consacré plus que le temps d'une cigarette".

Ce père a disparu un beau jour de 1975 alors qu'il n'avait que six ans et pendant 30 ans il a vécu cela comme un abandon jusqu'à ce qu'il apprenne ce qui s'est réellement passé.

Largement inspiré de sa propre histoire, Uli Oesterlé met en parallèle dans ce livre 1, la vie de son père (difficulté à se couler dans une vie de famille traditionnelle, fort penchant pour l'alcool) et ses propres faiblesses.

Il évoque ces deux temporalités avec deux ambiances graphiques : sépia pour son père en 1975 et violet, noir et gris pour lui en 2005. Il s'interroge au passage sur ce dont on hérite (alcoolisme ) ou pas.

Les relations père-fils compliquées sont au cœur de ce premier tome. Comment être un bon père, se demande le narrateur, quand on n'a pas eu de modèle soi-même.

En postface, l'auteur revient sur les conditions de création de ce roman graphique. C'est en devenant lui-même père qu'il a eu envie d'en savoir plus sur celui qu'il n'a considéré pendant bien longtemps que comme son géniteur.

Si le récit est dur et sans concession, Le lait paternel est aussi pour moi comme une réconciliation avec ce grand absent qu'a été son père.

Filles uniques, tome 2, Céleste ; Béka et Camille Méhu; Dargaud

Céleste est persuadée d'être nulle, insignifiante, en sécurité nulle part alors elle se referme sur elle-même, garde la tête baissée et ne dit rien qu'en deux garçons au lycée se moquent -elles matin après matin.

Elle est même persuadée que la bande de filles dont elle fait partie va finir par la rejeter aussi. Camille Méhu souligne le sentiment d'isolement de Céleste en la représentant dans une bulle où elle seule est colorisée alors que le reste de la scène est grisée.

Au contraire, c'est elles qui vont l'aider à découvrir qui lui envoie tous les soirs des SMS et la harcèle. C'est elles qui l'aideront à retrouver le sourire et l'envie de vivre !

Céleste est le second tome de la série Filles uniques qui suit la vie de cinq adolescentes qui ont fondé ensemble le club des mals barrés, pour lutter contre les brimades dont elles sont victimes.

Un récit d'une grande sincérité, des illustrations touchantes et dignes, une belle série dont le troisième août parait dès la fin du mois d'août..

Genre Queer, Maja Kobabe ( Casterman)

« Je ne veux pas être une fille. Je ne veux pas non plus être un garçon. Je veux juste être moi-même. »

L’album essentiel de Maia Kobabe enfin disponible en français, depuis mai dernier

Dans Genre Queer, Maia Kobabe offre le récit intense et cathartique de son chemin vers l’identification en tant que personne genderqueer (ou non binaire, c’est-à-dire qui déroge aux normes de genre et de sexualité) et asexuelle, et celui de son coming out auprès de sa famille et de la société. Parce qu’elle traite d’identité de genre – ce que cela signifie, comment l’appréhender –, cette histoire se révèle un guide aussi nécessaire et utile qu’il est touchant.

Avec son dessin clair et son ton rempli de bienveillance, Kobabe ouvre la porte au dialogue à l'heure où de plus en plus de gens semblent se sentir à l'étroit dans la binarité du masculin féminin.

Dans ce très beau roman graphique, Maia Kobabe nous livre ses interrogations, ses doutes et ses réponses sur son genre. En toute bienveillance, elle nous aide à accompagner nos ami.e.s sur un chemin plus tolérant.

Genre Queer aborde tout un tas de nuances dans un monde binaire et anxiogène pour beaucoup. C’est une forte et indispensable lecture pour que tous les non binaires puissent s'identifier et que leurs proches puissent posséder des clés de compréhension..

LES SAUVAGES ANIMAUX, Stephen Desberg et Johan de Moor, éditions Casterman.

Librement inspiré de la vie de Peter Grant, manager des mythiques Led Zeppelin. qui révolutionna en quelque sorte le métier de manager de rock dans les années 70.

Réintitulé Peter Grump, lui et sa bande se retrouvent anthropomorphisés, et l'on découvre le récit haut en couleurs de la formation et du devenir de ce groupe mythique avec une audace graphique et narrative sexe, drôle et rock n' roll !

Stephen Desberg et Johan de Moor revisitent avec un humour décapant l'ascension forcément chaotique d'un des plus grands groupes de rock international.

On y retrouve le cocktail explosif : destruction, sexe et drogue, et les planches sont très puissantes, utilisant des couleurs vives, qui collent parfaitement à l'époque.

Le parti pris de faire d'animaux des stars du rock est génialement exploité pour un moment lecture particulièrement électrisant !