Femme d’une star du foot au Chili, Verónica Lara tente de se faire un nom en devenant influenceuse. Afin de devenir l’égérie d’une célèbre marque de cosmétiques, il lui faudrait quelques milliers de nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux. Une photo avec sa fille ferait le buzz, mais son mari s’y oppose…
Il faut dire qu'en parallèle , elle devient principale suspecte dans l’enquête sur la mort de sa première fille et que cela n'est pas forcément du meilleur effet.
Le monde des réseaux sociaux, youtubeurs, youtubeuses, influenceurs, influenceuses, commence à intéresser les réalisateurs de cinéma (en plus du rappeur Booba, parti en croisade judiciaire contre eux depuis quelques mois).
Quelques semaines après le très intriguant Sweat qui nous venait de Pologne, le réalisateur chilien Leonardo Medel joue la carte du thriller pour dénoncer les excès d’Instagram et leurs répercussions sur les mentalités.
Il choisit de filmer son héroïne en plans-séquences fixes à la manière des youtubeurs, renforçant le caractère égomaniaque d'une prête au pire pour être au centre du monde d'une jeune femme qui s'avère bien plus complexe qu'elle ne semble en avoir l'air, à la fois répugnante et poignante, profonde et superficielle.
Elle est vraiment formidable l' idée phare du cinéaste chilien, de construire le film autour de 53 plans-séquence en plan fixe, dans lesquels Verónica est presque toujours au centre de l’écran, face à la caméra et converse avec un ou plusieurs autres personnages se trouvant hors-champ, ou en arrière-plan.
Chacun de ces plans-séquences révèle une nouvelle facette du personnage qui vient contredire l'image que le spectateur pouvait se faire de l'héroïne, personnage fascinant qui cristallise en lui toutes les dérives de notre époque.
Car au delà de cette satire cinglante mais jamais caricaturale des réseaux sociaux et des influenceurs, La Véronica est également le décryptage d’une personnalité bien moins naïve qu'annoncée, celle de Veronica et ses différentes facettes, celle qu'elle désire dévoiler au grand public et celle qu'elle affiche dans sa vie privée.
Omniprésente à l'écran, Mariana Di Girolamo, vue notamment dans le moins convaincant Ema de Pablo Larrain est absolument sidérante de nuances et de justesse.
Un très grand film dont la sortie en plein mois d'août mérite largement d'être soutenue.
La Verónica
Chili, un film de Leonardo Medel, avec Mariana Di Girólamo,Patricia Rivadeneira. 1h40.
En salles le 17 août 2022
Distribué par Moonlight Films
