Notre monde, notre rencontre avec Luana Bajrami (réalisatrice)
La comédienne et désormais cinéaste Luàna Bajrami dresse dans Notre monde le portrait d'une jeunesse oubliée, celle du Kosovo à une époque où son existence n'était pas encore reconnu.
Aussi déroutant qu’important, Notre Monde questionne notre rapport à l’autre, de là ou de là bas.
Marquant la césure entre nos deux cultures, la réalisatrice nous place pourtant au plus proche de cette jeunesse frustrée et muselée.
Extraits de notre rencontre avec Luana Bajrami lors des rencontres du Sud d'Avignon le 19 mars 2024
Une émancipation personnelle et nationale
L'histoire de mon film se déroule en 2007, juste avant l'Indépendance. C'est l'histoire de deux cousins qui prennent la courageuse décision de fuir le village pour venir à Pristina et étudier à la faculté.
La petite histoire raconte la grande car ces deux jeunes femmes qui recherchent leur épanouissement et leur émancipation se fait en parallèle du développement de l'État.
Le tournage s'est déroulé principalement à Pristina et Gjilan, dans des dortoirs. Tout s'est très bien passé. Comme pour tout film, c'est toute une bataille pour arriver au bout et tourner, mais nous avons passé un très bon moment.
Double culture
« J’ai vraiment grandi avec cette double culture France/Kosovo que je prends comme une force aujourd’hui. Dans le travail d’écriture, ça m’offre une distance qui me rend alerte à des détails qu’on peut oublier quand on est quotidiennement là ou là bas. »
"Je crois que la double culture que j'ai et dans laquelle j'ai grandi m'aide. Je peux dire que cela me donne une sorte de distance, d'avoir une perspective et une vision plus large de ce qui se passe ici, mais aussi de la façon dont cela se passe en France, et il est normal que la comparaison entre la jeunesse de France et celle du Kosovo quand on analyse ça un peu, ça m'a apporté beaucoup d'outils pour l'écriture et le tournage."
Un potentiel d'histoires fortes à explorer
"Le Kosovo est pour moi une grande source d'inspiration et je crois qu'il a de nombreuses histoires à raconter. Mais il a aussi beaucoup de potentiel et de talents. Il est important de présenter et de développer les histoires ici, car c'est une grande source d'inspiration pour moi et je crois qu'il existe une façon de raconter ces histoires dans un aspect très universel, car lorsque nous parlons de la jeunesse, des émotions et de tout ce qui passe par cette jeunesse, ces personnages peuvent être rattachés à n'importe quel autre lieu.
le 7e art au Kossovo, une industrie en pleine construction
« Là bas, au Kossovo on a affaire à une industrie en pleine construction, on peut encore inventer des règles Mais en même temps l’industrie du cinémaau Kossovo est très petite. Il n’y a pas de structure, d’agence, c’est un travail de terrain. Je connaissais une grande partie du casting parce que j’ai aussi tourné en tant qu’actrice avec des réalisateurs locaux. Ça devient très vite une grande famille. »
"Je pense que l'industrie cinématographique se développe dans le bon sens. Cela évolue très bien. Car , le potentiel est énorme et nous devons contribuer à l’exploiter.
"Notre Monde" est la première production après la signature de la coopération cinématographique entre la France et le Kosovo, et je pense que c'est une bonne étape pour aider au développement de projets ici. Moi j’ai cette chance d’avoir la connexion avec la France. C’est le premier film qui bénéficie de la coproduction entre la France et le Kosovo.
Quand personnages et acteurs se confondent
« La première approche que l’on a eu, avec les comédiens retenus pour jouer dans le film c’était des petits rendez-vous seul à seul où on parlait des personnages, de ce qu’ils avaient pu traverser. C’était intéressant de voir à quel point ça faisait écho à l’acteur. L’acteur ne se cache jamais complètement derrière le personnage et vise-versa. »
"Mon objectif est de ramener toutes ces histoires qui viennent à moi de les raconter. Je crois que j'ai beaucoup d'histoires à partager. il est important pour moi d'inspirer et d'explorer le thème de la jeunesse, mais plus largement le thème de l'homme. C'est mon essence en ce moment, car je crois qu'elle évolue également au cours du processus artistique. "
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