Notre rencontre avec Florent Bernard pour le film "Nous les Leroy"
Florent Bernard, connu sous le nom de FloBer, est une figure phare de la génération
YouTube et des podcasts;
Florent Bernard, jusque là connu pour son Floodcast et ses talents de scénariste sur La Flamme ou l'excellent film de genre Vermines, signe avec "Nous les Leroy "son premier long métrage.
On l'avait rencontré lors d'une table ronde organisé par le cinéma Pathé Bellecour de Lyon, notre compte rendu de cet échange sur le film ci dessous
Rencontre avec Florent Bernard pour Nous les Leroy
Un film Trentenaire mais nostalgique...
"Nous, les Leroy est un film qui résonne beaucoup avec mon histoire personnelle et le regard nostalgique qui empreint tout le film me semble être à la fois conscient et inconscient. Conscient parce que je ne parle que de ça !
C’est l’histoire d'un gars qui essaie de revivre sa vie passée et qui comprend que le monde a changé. La scène du parc est éloquente : quand il va revoir l’endroit où il a demandé sa femme en mariage, il découvre le banc où ils étaient assis.
Dessus un type a écrit « je suce au 06 08… ». La vie est passée par là et n’a rien ménagé. C’est ça le thème profond du film. Mais c’est aussi un sentiment un peu inconscient parce que je suis moi-même quelqu'un de profondément nostalgique.
J’essaie de me soigner, ou plutôt disons que j'essaie de moins l'être. J'aurais pu aller, comme le personnage de José Garcia, visiter mon appart de jeunesse pour voir ce qu’il était devenu. J'ai vraiment ce truc-là en moi. "
Une histoire à hauteur d'enfant…
. Dès le début, je voulais raconter cette histoire par le prisme des gamins. Il se trouve par ailleurs qu’on a tourné là où j'ai grandi et ça joue forcément sur la tonalité du film. Les environs de Dijon, Autun… J'ai toujours trouvé que c'était des décors de cinéma.
Quand je faisais mes petits courts métrages avec mes potes, je me disais que ces zones commerçantes, avec ces Buffalo Grill ou ces concessionnaires, ressemblaient à des décors de Far West. Pas de hauteur, très horizontal… Il y avait un côté fantasmatique qui me plaisait bien.
Un ton qui fait tout ...
Le pitch n’est pas très original. C'est même un genre en soi. La famille qui doit recoller les morceaux dans un road trip… Y en a mille des films comme ça. Le road trip familial est un genre bien cartographié et c’est là où le regard du cinéaste fera la différence.
Je revendique le fait que ce soit une histoire classique, parce que je la voulais universelle. Ce qui fait son originalité, c’est ce ton. C’est les arrivées de personnages un peu tarés au milieu de tout ça qui vont faire un peu exploser le truc pendant le film.
Et aussi ce qui change des autres films, c'est que mon road trip fait du surplace : les Leroy vont de Autun à Dijon… Parce qu’au fond le vrai voyage, il est entre eux !
Drôle mais pas que ..
Dans La Flamme, il y a je pense au bas mot un gag par minute. C’est un rythme qui n’est pas tenable dans un film. Pour moi, Nous, les Leroy est presque un retour aux sources.
Quand j’ai commencé sur internet à Golden Moustache, je faisais des courts-métrages qui mélangeaient la comédie et l’émotion. J’ai également essayé de garder l’aspect décalé des séries Bloqués, La Flamme, Le Flambeau sur certaines scènes. Ces moments où l’on se dit « ouh la la qu’est ce qui se passe ? »…
C’est ce qui me plaît ! Le cinéma est un manège à la base : il faut surprendre le spectateur, notamment avec l’arrivée de personnages hauts en couleur dans le film. D’autant que mon histoire est « assez classique », mais volontairement !
Un road movie américain.. mais bourguignon avant tout !
Le film évoque des souvenirs d’adolescence. Il était logique pour moi de tourner là où j’avais ces souvenirs. Je connaissais les lieux puisque j’y ai traîné pendant 18 piges. Je me suis toujours dit qu’il y avait des décors de cinéma en Bourgogne : les zones commerçantes, les ronds-points, les rues piétonnes…
Je les trouve éminemment cinématographiques. Quand l’idée est apparue de réaliser mon premier film, et lorsque je l’écrivais, j’avais des endroits de la Bourgogne en tête. Cela aurait été absurde de tourner ailleurs.
La pudeur de parler de choses tristes
La comédie, c’est la pudeur de parler de choses tristes. Je ne me verrais pas réaliser un film d’une heure et demie sur une mère en burn out et un père un petit peu issu du patriarcat qui est dur avec sa famille. Alors que pourtant, c’est exactement ce que que raconte mon film !
Mais la couche de comédie permet de faire passer plus facilement les choses, de rendre les personnages attachants et de questionner le rapport que nous avons avec eux. La comédie est un outil extrêmement fort et efficace qui vous permet aussi d’aborder des zones un peu plus sombres. D’ailleurs, lorsque je fais le bilan des films qui m’ont touché, il y a principalement des comédies. C’est comme dans la vie : dans une soirée vous allez plutôt être attiré par la personne qui vous fait marrer que la personne triste au fond de la salle.
Un film très référencé
C'est un film très dialogué et je voulais beaucoup de mouvement, que ce soit ample. Ma culture est plutôt américaine. La grosse influence de ce film, c'était A bout de course de Lumet. Il y avait les films de Hal Ashby aussi, Little Miss Sunshine, Juno le cinéma de Cameron Crowe, udd Apatow tout ce cinéma qui m'a touché, qui me touche encore, qui capte la vie et ses mouvements. C’est vers ça – sans me comparer hein ! – que je voulais emmener Nous, les Leroy.
Mais il y aussi du Patrice Leconte de Tandem en inspiration car c'est un de mes metteurs en scène préférés, avec Jaoui et Bacri également.
Ce que j’adore chez eux, c’est la manière dont leur écriture, faite de punchlines et de répliques ciselées, ne sacrifie jamais les personnages. Ils existent et on sent qu’ils les aiment profondément ou même un peu du Resnais d'on connait la chanson
Bacri, Jaoui, Resnais ou Leconte ont prouvé que la bonne comédie permettait aussi la pudeur.
Cette pudeur invite à parler de choses très graves mais légèrement. Je ne voulais surtout pas prendre de haut mes personnages ou me moquer d’eux, ni du sujet. C'est triste ce qui leur arrive. Par contre ce qu’on peut faire, c’est rire malgré tout.
Un film très personnel ...et très universel
Plus on est intime, plus on est universels. J’aime les comédies qui rappellent la vraie vie. Le titre du film n’est pas anodin : le « nous » de Nous, les Leroy, se rattache à nous tous qui avons une famille. Nous les Leroy : le nous renvoie à tout le monde. C’est un nous collectif.
Mais il y avait aussi l’idée que le père tente de recoller les morceaux, de sauver ce qui peut l’être encore, la famille. Il y a eu le chef d'œuvre de la séparation, Kramer contre Kramer, alors moi, à mon humble niveau, je voulais que le film raconte la famille. On est ensemble, malgré la séparation.
Jouer avec ses potes
Dans le casting du film, au dela des deux stars principales et des jeunes comédiens qui jouent les enfants, il y a plein d'acteurs - Benjamin Tranié, Jérome Niel, Adrien Ménielle, Sophie-Marie Larrouy..- que je connais tres longtemps, on peut dire que je les amenés avec moi dans mes bagages ( rires).
Je ne fais aucune échelle de valeur entre chaque rôle, pour chacun je veux trouver un acteur que j'aime voir et qui me fait hurler de rire quand je les vois jouer.
La plupart de ces gens sont auteurs, on fignolait le personnage ensemble on trouvait les vannes les plus efficaces ensemble c'est aussi comme cela que je conçois la fabrication d'un film
Nous, les Leroy, le 10 avril au cinéma. Avec José Garcia, Charlotte Gainsbourg..
NOUS, LES LEROY_Photo_François Dourlen© 2024 Nolita Cinema_DSC09292.jpg