Nos 3 derniers coups de coeur poches mai 2024
1. Les culs reptiles, Mahamat Saleh Haroun- Folio
En père soucieux de l’avenir de sa fille, Garba aimerait tellement voir Ziréga se marier qu’il est prêt à jouer son va-tout. De fait, toutes les copines de Ziréga se sont fait passer la bague au doigt, sauf elle. Elle n’attire aucun regard, et cela la rend malheureuse, elle le vit très mal. À dire vrai, la gent masculine trouve Ziréga trop instruite. De plus, elle travaille, ça n’arrange rien. Son indépendance financière, gage de possible insoumission et de désir de liberté, fait fuir les potentiels prétendants
Mahamat-Saleh Haroun qu'on avait eu la chance de rencontrer il y a quelques années est assurément un des pionniers du cinéma africain, mais si aussi, même si on le sait bien un romancier étonnant
Le réalisateur de « Lingui, les liens sacrés » tire un récit émouvant, et souvent hilarant, de l’histoire de l’Equato-Guinéen Eric Moussambani, qui manqua se noyer dans le bassin des Jeux olympiques de Sydney en 2000.
L'occasion de livrer un récit drôle et sarcastique, plein de rebondissements et également une radiographie d'un pays africain, des arcanes du pouvoir avec son cortège de mirages et lubies politiques et des différences et injustices de classes sociales.
Une très belle découverte littéraire que l'on recommande fortement !
" Même les culs-reptiles étaient de la partie, ces oisifs qui ne voulaient rien foutre au pays, des fainéants qui passaient la journée à même le sol, sur des nattes, à jouer aux dames ou au ...
https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Les-culs-reptiles
2 Le sexe des femmes, Anne Akrich
"C’est le caractère répétitif du sexe qui donne le vertige. On sait tous où ça va, on sait à peu près tous comment y arriver, alors vous me direz c’est le chemin qui compte, pas la destination, mais là aussi c’est discutable, je préfère aller aux Maldives à dos d’âne qu’à Medelin en tapis volant. Par conséquent on ne peut pas y mettre le même entrain à toute heure du jour et de la nuit pendant une vie entière. »
Sur un sujet aussi méconnu qu'abordé de tous temps, les affres du désir féminin, Anne Akrich interpelle le lecteur en montrant l’absurdité de certaines situations, dominées par un patriarcat réfractaire à tout progrès.
C’est l’histoire d’une femme, motivée par la rage, qui demande réparation pour son sexe, et cherche à se sauver de la vision masculine, forcément tronquée et réductrice
Ce texte est puissamment drôle, cru et critique, corrosif, cinglant, radical, il raconte en utilisant des termes crus ce qu’est, dans notre société et notre monde contemporain, le quotidien d’une personne née dans un corps assignée « femme ». Il dit ce corps de la femme, le rapport au sexe, au genre, à la société, aux hommes. L'autrice analyse tout ce qui fait la sexualité de la femme avec une lucidité très frappante : le sexe, la maternité le viol, , la zone grise , le tout saupoudré d’ humour et de dérision.
C'est cet humour évidemment salvateur qui lui permet de traiter ces sujets graves, comme le foudroyant récit du viol de sa petite sœur).
Une lecture uppercut qui s'intègre parfaitement dans le contexte actuel de libération de la parole féminine !!
" Difficile de comprendre l'époque que nous vivons, son effroyable colère et ses excès, sans avoir été agressée ou avoir aimé une personne qui l'a été. Il faut s'être tue, avoir éprouvé...
https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Le-sexe-des-femmes
3.Abattre la bête, David Goudreault (10-18)
"Paraît que le corps est constitué à soixante-dix pour cent de larmes, je devais être sur le point de m’assécher. "
Après La bête à sa mère et La bête et sa cage, le talentueux poète et romancier David Goudreault propose une formidable cavale au pays d’un fou furieux avec le dernier tome de cette trilogie délirante, Abattre la bête.
La trilogie de La bête de David Goudreault est un coup de poing dans le plexus solaire
Entre social et antisocial, dangerosité et naïveté, amour et détestation. Des romans un peu inclassables tant ils ne sont pas conformes à la norme, du « trashy-comique » comme le dit l'auteur : à la fois trash et drôles mais aussi réalistes.
"Paraît que le corps est constitué à soixante-dix pour cent de larmes, je devais être sur le point de m’assécher. "