Critique- Salem de Jean-Bernard Marlin
SALEM
de Jean-Bernard Marlin
France | 2024 | 1h43 | Int. -12 ans
Sélection Un Certain Regard - Cannes 2023
Djibril est un jeune comorien des Sauterelles, un quartier difficile de Marseille. Il est amoureux de Camilla, une gitane du quartier rival des Grillons. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle est enceinte, Djibril lui demande d’avorter pour ne pas déclencher une guerre des clans.
Mais l’assassinat d’un ami de Djibril, sous ses yeux, va embraser les deux cités. Traumatisé, Djibril sombre peu à peu dans la folie. Il est persuadé qu’une malédiction s’est abattue sur le quartier et décide de garder à tout prix son enfant : pour lui, seule sa fille pourra les sauver du chaos.
Lorsqu'un film présent dans une des sélections cannoises sort en salles après que soit clôturée l'édition de l'année suivante, et après avoir vu sa sortie plusieurs fois repoussé, on peut émettre quelques doutes sur la qualité du dit film et de son avenir en salles.
C'est le cas de Salem , second long métrage de Jean-Bernard Marlin. présenté l'an passé à un certain regard qui avait été accueilli très (très) tièdement par des festivaliers particulièrement décus et qui en attendaient beaucoup visiblement suite au précédent film du réalisateur marseillais.
En 2018, ce dernier signait un film atypique, qui allait conquérir la France avec trois César à la clé, on parle du fameux «Shéhérazade» qui racontait les amours contrariées entre un délinquant et une jeune prostituée.
A contrecourant des festivaliers de Cannes, on doit avouer que ce Salem, malgré ses maladresses et ses imperfections nous a pourtant plus emporté que le premier film de Jean Bernard Marlin.
Mélange de fresque naturaliste romanesque et de fantastique, Salem est une très ambitieuse et ample histoire tragique d’amour, de rivalité, et de religion.
La photographie y est magnifique, et la réalisation nous a semblé plus aboutie et audacieuse que dans Shérazade : maitrise des zooms, montage sec qui alterne entre différentes époques ou scènes, avec beaucoup d’ellipses, réalisation qui ose l'emphase et le lyrisme, mais sans pour autant virer dans le clipesque .
Prenant la forme de conte, Jean-Bernard Marlin signe un film de banlieue flirtant sans cesse avec l’ésotérisme pour décrire la guerre des gangs entre deux bandes rivales et ennemies depuis toujours.
On peut ne pas entrer dans l'univers de Salem, film étrange à l'équilibre précaire , à la croisée des genres : drame shakespearien, film de gangs et fantaisie ésotérique
Tout n'est pas parfait loin de là dans un film parfois bancal, mais Salem a vraiment le mérite d'oser pas mal de choses et d'en réussir pas mal.
Le mystique et la religion se conjuguent bien avec le thriller. dans un long métrage poignant et captivant bien qu’imparfaitement abouti.
SALEM
de Jean-Bernard Marlin
France | 2024 | 1h43 | Int. -12 ans
Sélection Un Certain Regard - Cannes 2023
En salles le 29 mai
Le film est présenté en avant première ce lundi 20 mai au cinémas Lumièere Terreaux