Critique cinéma- Memory : Michel franco fend l'armure
Le cinéaste mexicain Michel Franco, issu de l'école de Michael Haneke en adepte d'un cinéma clinique, avec un regard proche parfois de l'entomologie, n''est pas connu pour être le réalisateur le plus empathique et tendre qui soit avec un cinéma radical qui éveille souvent la controverse. Heureux de voir quavec son dernier film récompensé à Venise grâce à son génial acteur principal, le cinéaste arrive à fendre enfin l'armure et oublier ton moralisateur et âpreté de la mise en sceène et du propos.
Si Memory présente un indubitable air de parenté avec avec d’autres œuvres antérieures du cinéaste, jamais son cinéma n'aura été aussi doux, aussi compassionnel, aussi tendre, avec même quelques notes d'espoir au bout.
Même si la représentation exhibe des êtres aux multiples fêlures, elle semble réserver une place certaine à la solidarité entre les êtres qui apparaissent comme des figures emblématiques d'une Amérique qui assumerait enfin sa fracture sociale.
Son long métrage se déploie comme une variation autour de la mémoire défaillante et le réalisateur parvient à créer un climat de tension et d’instabilité sans jamais utiliser les artifices, ni grosses ficelles ni pathos.
Le New-York représenté par Franco n'est pas celui représenté habituellement au cinéma, c'est un New-York à la marge, de quartiers faits de bric et de broc, le communautarisme n'y est pas si marqué qu'à l'habitude
Memory ne serait pas aussi puissant sans ses deux formidables interprètes.
Jessica Chastain et surtout peut etre Peter Sarsgaard y livrent des prestations complexes et exceptionnelles. Parlons un peu plus du dernier, acteur trop rare et méconnu du cinéma américain. Son jeu économe, tout en non-dits, permet de véhiculer l'émotion autrement que par la parole tant son corps entier en dit plus long que des échanges à profusion.
Sortir des sentiers battus en suggérant l’absence et le presque effacement, réclame énormément de subtilité dont fait assurément preuve Peter Sarsgaard,
Memory de Michel Franco (Mex., 1h40) avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Brooke Tomber… En salle le 29 mai 2024.
Comme quoi en prenant de l'âge on peut fendre l'armure.. Michel Franco habitué aux films froids et moralisateurs nous offre une merveille de romance humaniste et pleine d'espoir avec #memory à découvrir en salles en ce moment pic.twitter.com/2XhfW7dJ1k
— Baz'art (@blog_bazart) June 2, 2024