Qunzaine des cinéastes 2024- « Septembre sans attendre » : on s'est aimés comme on se quitte
Né à Madrid en 1981, Jonás Trueba a été remarqué en France avec
Eva en août, son cinquième long-métrage, nommé pour le César du meilleur film
étranger 2021.
Trueba, 42 ans, explore une voie intimiste et sentimentale, « rohmérienne », qui en fait le plus « français » des cinéastes espagnols.
Facteur supplémentaire, sans doute, de sa reconnaissance chez nous, dans l'élite cinéphilique certes - le grand public ne le connait assurément pas-, depuis maintenant quatre ans.
On a vu la semaine passée Septembre sans attendre, son huitième long-métrage, le tout premier sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, Cannes 2024 et sans doute celui qui nous a le plus emballé.
Il y a ce qu’on dit mais qu’on ne devrait pas faire : le père d’Ale a souvent raconté à sa fille et à Alex, son compagnon, qu’il est plus amusant de fêter les séparations que les unions. Après quinze ans de vie commune, Ale et Alex le prennent au pied de la lettre.
L’organisation de la fête de séparation ressemble à celle d’un mariage : on choisit les invités, le lieu, le groupe de musique. Puis, il faut l’annoncer aux amis, à la famille.
Mais Ale et Alex - juste une lettre les distingue, celle qui scelle leur union, peut etre?- ont beau insister : c’est une décision commune et ils en sont heureux, leurs amis ne cessent de soupçonner leur incertitude et leur tristesse.
Le cinéaste met en scène avec humour les réactions dépités face à la séparation et celles ahuries à l’annonce de la fête.
À force de répéter les choses, on se rend compte de leur absurdité et à force de
s’entendre dire les choses, on finit par moins y croire
D’une comédie sur la séparation du couple, Septembre sans attendre devient un drame sur la rupture amoureuse, tout en laissant entrevoir la possibilité d’un film romantique sur la renaissance du désir.
Jouant sur la répétition de poncifs qui tourne au running gag le film s’attache à suivre les préparatifs de cette séparation et de cette fête… qu’on ne verra finalement quasiment pas, si ce n’est durant le générique de fin.
Car Septembre sans attendre est, en réalité, une comédie assumée de remariage à la manière des films américains des années 50 mais il offre également une réflexion sur le cinéma sur le fond et la forme, à travers
une mise en scène expressive - plans séquence, split screen - et en utilisant dans le film que réalise Ale la même matière filmée que l’on vient de voir à l’écran,
Septembre sans Attendre, film cigogne rayonnant , drôle et sensible est une des plus belles réussites de cette quinzaine des cinéastes, du moins parmi les films que l'on a pu découvrir au comoedia lors de la rétrospective lyonnaise.