Critique cinéma- La partition : À la mort, à la vie !
En salles mercredi, La partition est beaucoup plus que ce que son titre suggère.
Ce film allemand de trois heures qui passent à une vitesse folle parle autant d’exister que de trépasser,
On y suit quatre personnages d'une même famille particulièrement désunie - des parents en fin de vie et leurs enfants d'âge adulte) et les choix qu’ils ont faits, qu’ils font ou qu’ils ne peuvent plus faire.
Le film se structure en trois parties, qui proposent trois perspectives différentes.
Ce type de structure permet à Glasner de laisser beaucoup d’espace à ses personnages, de leur offrir de longues scènes de dialogue et de les laisser déambuler dans les bars et les rues sans jamais perdre le fil.
La première partie du film s’ouvre sur la mort du père, atteint de démence, et sur la détresse de la mère, incarnée par l’actrice Corinna Harfouch.
Un coup de téléphone au fils plante le décor. Chef d’orchestre carriériste et froid, incarné par la fabuleux comédien Lars Eidinger, il a peu de temps, mais promet de passer.
S’ouvre alors un drame intense. Il culmine dans un duo à couper le souffle, calibré au millimètre, entre Corinna Harfouch et Lars Eidinger, dans la cuisine des parents.
Puis, au cimetière, la mère révèle abruptement son cancer à son fils. Elle se livre parallèlement à une analyse froide de son manque d’empathie maternelle. Les abîmes sur lesquels repose l’équilibre familial apparaissent au grand jour.
Dans cette scène particulièrement emblématique du film, la mère et le fils se tendent un miroir impitoyable lors d’une confrontation aussi salutaire que cruelle.
Le film trouve un équilibre parfait tout du long entre une gravité sans cesse contrebalancée par un grand sens de l’humour noir et par l’immense empathie dont fait preuve Glasner pour ses personnages.
Dans son écriture comme dans sa mise en scène, Glasner regarde tous ses personnages comme un parent aimant qui est aussi conscient qu'au bout du compte, chaque adulte est responsable de ses choix.
Tous les personnages de La partition sont tellement crédibles que c’est troublant. Ceci témoigne sans doute de l’extraordinaire qualité des interprètes, qui jouent des personnages qui malgré ou grâce à leurs défauts, on a sacrément envie de passer du temps avec eux
Le réalisateur crée sa propre partition, faite de rires et de larmes, empreinte d’une grande humanité.
Glasner ne craint pas d’aller loin à la fois dans la tragédie et dans la comédie, et ce d’une séquence a l’autre, parfois à l’intérieur-même d’une seule scène.
Dense, âpre- la première demi heure fait penser au Haneke d'Amour, vibrant, intense, cruel, drôle, déchirant, cruel, cette partition résonnera dans les esprits et dans les cœurs de tous ceux qui oseront la déchiffrer!
La Partition
Allemagne, 2023
De Matthias Glasner
Durée : 3h00
Sortie : 04/09/2024
Le nouveau film de Matthias Glasner, La partition est plus que ce que son titre suggère. C’est un film qui parle autant d’exister que de trépasser, et des choix que l'on fait, ou qu'on ne peut plus faire. 3 h qui passent avec une vitesse et un plaisir constant- le 4/09 au ciné pic.twitter.com/eYiVP1Pd6Q
— Baz'art (@blog_bazart) August 25, 2024