Rentrée littéraire 2024- Shabbat noir, le cri de rage de Lisa Hazan
"Jusqu'à quand?"C'était la question des mères endeuillées, on devait faire preuve d'un peu de dignité, ne pas danser dessus, ne pas chanter dessus, ne pas se plaindre et surtout être exemplaires, être héroïques, oublier qu'on avait dix-huit ans et se rappeler qu'on portait sur nos épaules un pays entier, plus qu'un pays, le refuge du peuple juif.
C’est l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 vécue à distance par son héroïne qui est au centre du roman Shabbat noir de Lisa Hazan (Edition des Equateurs).
Venue d’Israël pour faire des études de lettres à Paris, la narratrice de Shabbat Noir fait le récit de sa journée du 7 octobre 2023 qu’elle entrelace avec les souvenirs de sa vie en Israël et les événements futurs dont elle sera témoin.
Une question parcourt toute sa réflexion : comment continuer à vivre, et donc à rire, à aimer, à danser, à s'amuser après un tel traumatisme ?
« L'avantage d'avoir vingt et un ans, c'est qu'on peut penser ce qu'on veut, et même le bien, qu'on peut se battre pour toutes les vies, même les petites, qu'on peut lutter pour l'idéal qu'on a dans la tête, même si cela parait impossible ; on nous le pardonnera. »
Jeune romancière de 22 ans, Liza Hazan fait de Shabbat noir un récit à vif au carrefour de l’essai, du journal intime et de l’écrit journalistique.
Y est prégnante une certaine candeur, assez logique tant la naïveté de jeune fille qui veut croire et vivre dans un monde apaisé est là mais en même temps il doit cohabiter avec un réalisme de lanceuse d'alerte qui n'occulte pas la réalité terrible de la situation
L’écriture est sensible et engagée, d'apparence simple mais finement ciselée. . Le lecteur ressent colère et tristesse, espoir et incompréhension. Les mots sont pesés afin d’imprimer un rythme en adéquation avec le propos.
Un premier roman comme un cri du coeur, rempli de douleur et de rage mais aussi d’un humour forcément réparateur et salvateur,
« Des vies fracassées, les unes après les autres, des sanglots, des corps sans vie, des tortures… J’ai pensé à ma sœur qui effectuait son service militaire et qui n’aurait jamais le droit de quitter le territoire. A mon autre sœur d’à peine treize ans déjà exposée au drame. J’ai pensé à mes parents, à mes amis. Surtout aux garçons, appelés au front. »
« Shabbat noir », par Lisa Hazan -Edition des équateurs, août 2024
Des vies fracassées, les unes après les autres, des sanglots, des corps sans vie, des tortures… J'ai pensé à ma soeur qui effectuait son service militaire et qui n'aurait jamais le droit de quitter le territoire. A mon autre soeur d'à peine treize ans déjà exposée au drame. J'ai pensé à mes parents, à mes amis. Surtout aux garçons, appelés au front.