Baz'art  : Des films, des livres...
10 décembre 2024

Rencontre avec les frères Ludovic et Zoran Boukherma pour le film "LEURS ENFANTS APRES EUX"

Rencontre avec les frères Ludovic et Zoran Boukherma pour le film "LEURS ENFANTS APRES EUX" au Pathé Bellecour le 18 novembre à Lyon

Avec leurs enfants après  eux, éblouissante adaptation du Goncourt de Nicolas Mathieu, Les frères Ludovic et Zoran Boukherma réussissent haut la main leur pari de mixer l’intime et le spectaculaire, l’immersion sociologique et le lyrisme, pour le plus grand plaisir du spectateur. 

Même si on parle souvent de vos films "Teddy" et" l'année du requin" on oublie souvent votre premier long métrage, Willy 1er, que j'avais vu à sa sortie et qui est assez marquant. Pourriez vous nous  toucher quelques mots  sur ce qui est le point de départ de votre courte mais déjà formidable carrière ?
Rencontre avec les frères Ludovic et Zoran Boukherma pour le film "LEURS ENFANTS APRES EUX"

 Zoran : 

Willy 1er, on a une tendresse particulière pour ce film. C'est un film qu'on a fait à 8 mains j'étudiais le cinéma dans l'école de cinéma de  Luc Besson  j'y ai rencontré la bas deux éleves Hugo P. Thomas et Marielle Gautier avec  qui avec Ludo  on va se réunir tous les soirs pour écrire des scénarios. 

Et c'est comme cela qu'on va  écrire et réaliser notre premier film : Willy 1er. 

On voulait faire un film à la Kervern-Delépine, mais où on pleurerait à la fin. On adore ces deux cinéastes qui portent un regard très juste sur la province, en montrant que tout y est un peu approximatif. On a passé notre jeunesse à se dire la même chose.

On cite souvent l’exemple de l’enterrement de notre grand-mère, qui était un événement bouleversant parce qu’on l’adorait, mais où tout s’est avéré un peu nul : le prêtre avait mis sa doudoune sur sa soutane, nos oncles et tantes avaient fait le choix kitschissime de passer du Luis Mariano avec un radiocassette…

La comédie était partout, et cette idée de retrouver le rire dans le réel nous est restée.


 Comment s’empare-t-on d’une histoire qui se déroule à une époque que l’on n’a pas connue ?

L. B. :  Nous, on s’est identifiés à cette jeunesse parce qu’on vient de la même France. On a grandi dans une France rurale, dans un petit village à côté d’Agen, où l’on a connu nous aussi le manque de perspective. On vient aussi d’un milieu social assez similaire à celui d’Anthony et ça a été notre entrée dans le livre.

Et puis, avant de se reconnaître dans un truc de génération, on a peut-être eu la chance d’avoir accès à internet plus tard que la plupart des jeunes de notre âge, du coup, quand quelqu’un disparaissait, on ne pouvait pas le suivre sur les réseaux.

C’est ce qui nous plaisait dans le livre : comment Stéphanie fait irruption dans la vie d’Anthony, et en ressort tout aussi vite, ce qui ne serait peut-être pas le cas aujourd’hui avec les réseaux sociaux.

Rencontre avec les frères Ludovic et Zoran Boukherma pour le film "LEURS ENFANTS APRES EUX"
La bande originale du film est impressionnante : Iron Maiden, les Red Hot Chili Pepper, Jean-Jacques Goldman, Florent Pagny, Francis Cabrel, Bruce Springsteen…c'était pas trop onéreux en terme de droits?

L. et Z. B. - Le roman est déjà en soi très musical. Chaque titre de chapitre est un titre de chanson. La musique est fédératrice. Le film parle de la France, on voulait des titres qui appartiennent au patrimoine national.

Cabrel vient du Sud-Ouest, comme nous. Ados, on était aussi abreuvé de culture américaine. Iron Maiden est le premier groupe dont on a été fan. 

Au niveau des droits, en régle générale, cela a été, sauf qu'à un moment on aurait voulu mettre "Smells Like Teen Spirit "

On a mis Nirvana sur un tee-shirt mais on n’a pas eu le droit d’utiliser le morceau. Ce n’était pas une question de prix mais un non ferme. On a appris qu’ils avaient vendu une autre de leurs chansons, Something In the Way, pour le film Batman de Matt Reeves, avec Robert Pattinson .

Pour 5 millions de dollars, je crois. Donc c’était bien une question d’argent.

Du coup on a mis Under the Bridge des Red Hot Chili Pepper ca donne une autre couleur à la sécène plus mélancolique on croit…

 

 

Rencontre avec les deux réalisateurs et les deux comédiennes principales du film, Pathé Lyon Bellecour le 18  novembre 2024. Crédit: Fabrice SCHIFF

 

Tous vos films parlent d'une  province oubliée, loin de la capitale et  des grands de ce monde, c'est une démarche assumée?

L. B. :  Si on se reconnaît dans le personnage d’Anthony qui comprend petit à petit qu’il appartient pleinement à cette vallée et qu’il ne pourra pas en partir, nous, on a eu la chance de vouloir faire du cinéma et c’est passion d’adolescent qui nous a permis de partir…

Z. B. :  Ce qui est amusant c’est qu’ados, ce qu’on écrivait se passait aux États-Unis, en Afrique du Sud, des endroits qui nous faisaient fantasmer. Mais dès qu’on a commencé à écrire avec l’idée d’en faire un métier, tout nous a ramenés vers cette France qu’on connaît le mieux.

L. B. :  C’est tout le paradoxe des transfuges. Notre quotidien est à Paris, pour autant, on a l’impression de ne comprendre pleinement que la classe d’où l’on vient. On a un petit côté cul-entre-deux-chaises et on ne se sent vraiment bien que quand on est avec notre famille et pourtant, on n’habite plus là-bas.

C’est sûrement pour ça que c’est la province qui nous vient tout naturellement quand on écrit un scénario.

Dès Willy 1er dont on parlait en début d'interview, on a compris que pour bien dépeindre la France qu’on connaissait, il ne fallait pas être trop tendre avec elle. On ne voulait pas lisser les aspérités, et on aimait pouvoir s’en moquer gentiment, parce que la province, c’est là d’où on vient et qu’on éprouve de la tendresse pour elle.»

Vous dites avoir z grandi en voyant les films de Steven Spielberg et Robert Zemeckis et cela se sent en voyant votre film loin d'un naturalisme à la Dardenne.

L. et Z. B. -

Gamin, on voyait tout ce cinéma américain. On a grandi dans un milieu populaire, pas du tout cinéphile. Ces films nous permettaient de nous évader de notre campagne. On a connu le désœuvrement, l’ennui, l’absence de perspectives. Comme les personnages de Leurs enfants après eux, on avait des envies d’ailleurs.

L’analyse sociologique de Nicolas est très pointue. On sent une compréhension du délitement de la classe ouvrière après la fermeture des usines.

Et en même temps on trouve une narration très puissante. Il y a des touches de roman noir, de western. Le genre permet de parler de façon décomplexée de problématiques sociales. On a été vers le cinéma de genre parce qu’il y avait plein de références qu’on n’avait pas.

Leurs enfants après eux,de Ludovic et Zoran Boukherma, avec Paul Kircher, Ludivine Sagnier,... Sortie le 4 décembre.

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