Critique film : Hiver à Sokcho : choc des cultures en Corée
L’histoire de ce premier long métrage , adaptée du roman d’Elisa Shua Dusapin (éd. Zoé) toute est de celles, qui, par la grâce de leur mise en scène et des comédiens, laissent une empreinte tenace.
Soo-Ha, jeune fille travaillant dans un petit hôtel du port de Sokcho, voit son quotidien bousculé par l'arrivée d'un touriste français.
Une sacrée bonne occasion de perfectionner cette langue, le seul lien qu'elle a avec le pays de son géniteur qu'elle n'a jamais connu.
Une figure paternelle, n'est ce pas ce qu'elle cherche depuis des années ? Mais que vient faire cet auteur de bande-dessinée français,si loin de son bocage normand ? Dans cette ville toute proche de la frontière coréenne du Nord, que fuit-il, que recherche-t-il ?
Pas très exigeant, il s'accommode du confort un peu spartiate de cette petite pension de famille au charme provincial typiquement coréen.
Et Sokcho en hiver c'est triste et froid, comme l'état d'âme de Yan, venu trouver l'inspiration loin de sa zone de confort.
Une jeune fille mélancolique et un quinquagénaire taciturne, aussi maladroit l'un que l'autre, poésie et couleur froide pour une brève rencontre à Sokcho.
Le décor de ce film est très singulier, cette ville de Sokcho située pile poil entre les deux corées, est une sorte de no man's land maritime qui apporte énormément de mystère et de puissance à ce court récit sentimental.
Choc des deux cultures, apprentissage réciproque et mutuel, ce récit d'une beauté et d'une sensibilité singulière parait à la fois doux et exalté, pour une trame simple en apparence mais qui révèle des trésors de délicatesse et de justesse.
Visage las, taiseux, Roschdy Zem est parfait en peintre désabusé qui comme tout artiste, devant sa page blanche, vampirisme son entourage.
Face à lui, Bella Kim, jeune fille d'une fragile douceur donne une vraie intensité à son personnage. Entre eux, Koya Kamura tisse un lien ténu et puissant à la fois.
Adapté d'un beau et court roman paru il y a presque dix ans " Hiver à Sokcho " est un film qui interroge l'identité, la paternité, le métissage et l'appartenance, mais c'est aussi un tendre et beau voyage en Corée du Sud.