Baz'art  : Des films, des livres...
12 décembre 2024

Tu devrais aller voir quelqu’un : Calmez-vous messieurs, ça va bien se passer ! – Maud Le Rest (éditions Anne Carrière)

 

« Ne pleure pas, sois un homme ! » Combien de petits garçons ont-ils entendu cette phrase, ce précepte stéréotypé qui doit faire de tout garçon un homme, un « vrai » ? Les émotions sont ravalées, la souffrance mise sous le tapis. Résultat : Seules 30 % des personnes ayant recours à la psychothérapie sont des hommes. 

Des chiffres qui couvent une autre réalité lourde : selon la DREES en 2022, 75% des morts par suicide sont des hommes. Comment lier ces données avec l’impact de la virilité ?

La journaliste indépendante Maud le Rest a enquêté sur le déni des hommes vis-à-vis de leur santé mentale, un déni dont les conséquences déteignent sur le couple hétérosexuel.

Nous l’avons rencontrée et passée sous le grill de nos questions.

 

Comment est venue l’idée de cette enquête ?

 

Quand j'avais écrit mon premier livre (Les patientes d’Hippocrate) avec Eva Tapiero, qui était sur la santé des femmes et les biais sexistes, un ami qui est venu me voir lors de la promotion du livre me demandant « est-ce que tu t’es intéressée à la santé mentale des hommes ? »

L'idée a germé dans ma tête. J’y ai pensé de plus en plus par rapport au couple dans lequel j’étais à l'époque ou mes copines qui me racontaient les problèmes dans leur couple.

Quand le type avait des soucis mentaux, que ce soit de la dépression, de l'anxiété ou même de choses plus graves, il ne se prenait quasiment jamais en charge comme si c’était trop la honte d’être malade.

Toutes mes copines quasiment avaient vu un psy ou à défaut, parlaient facilement de leurs problèmes et voulaient aller mieux. Elles prenaient cette charge. J'ai voulu m'intéresser de plus près, pourquoi cette réticence et ce mépris aussi.

 

Quelles sont les premiers enseignements de cette enquête ?

 

Il y a une chose qui m'a frappé déjà, c'est à quel point l'amitié masculine est pas du tout propice à la confidence. De fait, ils sont très seuls. C'est eux-mêmes qui se fixent cette solitude. Mon livre n’est pas un truc pour plaindre les hommes, au contraire.

Mais j'ai remarqué, sans même forcément parler de l'étape du psy, qu’ils peuvent avoir une bande de potes avec qui ils ne parlent jamais de choses sérieuses.

Les mecs que j'ai rencontré m'ont dit que les seules conversations profondes, ils les avaient avec des femmes et c'est beaucoup plus superficiel avec les hommes. Ce n'est pas du tout des mecs qui se disaient féministes qui m'ont raconté ça, des mecs très lambdas qui faisaient ce constat.

Ce qui revenait beaucoup aussi, c’est le mec dit « j’ai pas besoin d’un psy ». Je le laissais parler et je trouvais ça drôle parce que qu'est-ce que sous-entend cette question? Que nous, femmes, on en a besoin ? qu’on est plus faibles ?

J’ai entendu aussi « Je n’ai pas le temps » ; mais nous on l’a ce temps ? Visiblement, on en a moins vu que les études montrent qu’on a plus la charge mentale avec les tâches à la maison. Ce sont les deux choses qui m'ont vraiment marquées.

 

Ici les amis dans une bande de copains masculins n’auront pas la même fonction que le groupe d’amis femmes ?  

Je ne sais pas pour toi mais moi, quand je ne vais pas bien, je peux en parler à des amies, je ne suis pas seule.

De la même façon, quand une copine va mal, je suis là. Pour le coup, les hommes ne sont pas vraiment dans la confidence. J'ai eu trois types de réponses : soit je vais voir un pote, faire un foot, soit je garde tout ça pour moi, soit je vais très bien.

Le groupe d'amis a ici pour fonction d’être relax, avec cette idée très misogyne, pas forcément conscientisée, que les femmes ne le sont pas…

En lien avec le deuxième enseignement, tu parles dans ton livre d’un ex qui dit « moi je n’irai jamais chez le psy, intellectuellement je l’explose ». Peux-tu revenir dessus ?

C’est trop marrant, on le ressort à chaque interview !

Moi, j'ai une psychologue et une psychiatre, j'ai aucun mal à le dire ! Il allait très mal, il avait des gros coups de dépression.

Je ne le connaissais pas encore assez bien à ce moment-là, mais j'ai vu plus tard qu’il était un peu violent, il avait des histoires judiciaires derrière lui. En gros, il avait eu des traumatismes dans sa vie…

Il avait besoin d'aide pour s'en sortir et lui, pour le coup, il n'en parlait jamais. Son mal-être se répercutait sur moi. Un jour je lui ai dit : « mais tu ne penses pas vraiment que tu pourrais aller voir un psy pour t'aider ? ». Il dit « non, parce qu’intellectuellement je l'explose ». J’étais atterrée.

Déjà, ça veut dire qu'il n'a rien compris à ce que veut l’exercice du soin en santé mentale, on n’est pas sur un concours de QI. Qu’est-ce que tu qualifies d’intelligence ?

Deuxième chose, il n'y a aucun sujet sur lequel on est le plus largué que soi-même. Puis la troisième chose, c'est sous-entendu moi, je ne suis pas aussi intelligente que lui. Pour lui, il n’a pas le temps, ni le besoin, c’est une méconnaissance totale de l'exercice de la psychothérapie et une grande fierté pour lui !

 

Parmi les normes de masculinité, on retrouve la concurrence entre hommes…

Effectivement, on a beaucoup parlé de ça, pas tous avec ces termes-là mais cette idée revient souvent.

Il y en a un qui m'a dit « la concurrence c'est vraiment important, ça me pèse » ; lui était déjà assez loin d'un processus, il avait envie de consulter. Raewyn Connell a théorisé la masculinité hégémonique, l’idée de correspondre à tous ces canons virilistes et le risque de déroger te fait dégringoler dans l’échelle de la masculinité car on serait plus faible, on pourrait être moqué. J’aborde aussi cet humour oppressif entre mecs : quand t’es trop maigre, que tu as une calvitie, tes potes se foutent de ta gueule mais en fait tu en souffres. (…) Ça reste quand même un outil de domination !

Est-ce aussi en raison de la relation médecin-patient toujours considéré comme un rapport vertical, de pouvoir, qu’il y a une forme de méfiance ?

Peut-être… On m'a posé la question ici plusieurs fois, mais ça ne revenait pas tellement en tout cas. Il y avait ceux qui voulaient absolument un mec parce qu’il était hors de question de se confier à une femme et l’inverse, d’autres préféraient une femme parce qu’ils avaient peur de la compétition entre mecs. Je ne sais pas trop pour la relation d’horizontalité…

Il revenait plus c’est « je ne veux pas parler à un inconnu » et « Il pourra rien faire », il y avait pas trop de peur du médecin car la psychologie comme la psychiatrie semblaient totalement déconsidérées comme pratiques, contrairement à un cardiologue par exemple.

 

Tu interroges des hommes de tous âges, est ce qu’il y a l’effet de génération sur la question de la prise en charge de la santé mentale ? 

Je me suis dit au départ que ça devait être plus simple pour les plus jeunes. Au final, je ne suis pas si sûre. Il faudrait vraiment mener une enquête sociologique très large pour s'en rendre compte mais moi, j'ai vraiment l'impression que c'est une question de masculinité et pas de génération. Qu’ils aient 50 ou 20 ans, ce sont toujours les mêmes blocages et les mêmes craintes.

Quand on regarde les chiffres, on assiste à un gros backlash chez les jeunes générations : ce sont celles qui votent le plus Front National…

Dans l’étude du HCE publiée en début d'année, on voit que chez les jeunes adultes masculins, on a 34% d’entre eux qui trouvent normal que « les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants » (soit un gain de 7 points par rapport à l’année précédente).

Si la question est « est-ce que les jeunes sont plus ouverts et donc sont plus à l'aise avec leur masculinité ? », franchement je ne pense pas…

 

Chez les hommes, il y a un rapport plus utilitariste aux soins, où tout se réglerait avec un médicament prescrit chez le psychiatre ?

 

C'est le truc qui m'a frappé, en plus de l'amitié et la solitude. Ça va de pair avec la méconnaissance de ce qu’est la santé mentale. On prend un médicament qui pourrait nous guérir tout de suite d'un truc passager. Il y a un côté « il faut que ça marche tout de suite, parce que notre temps compte ».

Sous-entendu, le processus long c’est un truc de meufs… Il faut que ça fonctionne tout de suite, que ce soit efficace avec des phrases du type « Je suis allé une fois, ça n'a servi à rien ». Ce raisonnement ne s’applique pas à la musculation par exemple : ils savent très bien qu'il faut aller plusieurs fois à la salle, parfois sur une année, pour cultiver son corps. Par contre, pour la psychothérapie, impossible de se dire ça…

Limite ils pourraient aller voir un psychiatre pour avoir des médicaments alors que parfois on n’en a pas besoin, ça peut mettre du temps à agir et on doit être suivi quand on en prend. On retrouve cette idée du « il faut que ça fonctionne de suite », et derrière l’idée très misogyne de « mon temps est important » (sous-entendu, votre temps en tant que femme ne l’est pas)  

 

Les hommes recourent ainsi davantage à des conduites à risque pour « soigner » ces troubles psychiques par rapport aux femmes ?

Les études que j’ai consulté et les psychologues comme Monique Kuong Renard que j’ai rencontré le montrent : le mal-être à cause des stéréotypes de genre et de notre acculturation se manifeste différemment chez la femme et chez l'homme.

L'homme va plutôt avoir de la violence envers autrui et la femme envers elle-même. Il va avoir plus de conduites à risque comme tu dis, drogue, alcool (avec la conduite en état d’ébriété), se battre…

Il va tellement garder ça en lui plus longtemps que lorsqu’il va se décider à aller consulter très souvent, il est trop tard. Trop tard dans le sens où le trouble mental s’est installé très profondément, ce sera plus long et difficile mais en réalité il n’est jamais trop tard…

C’est pour ça que les hommes se suicident plus !

 

Tu en parlais dans une interview à Konbini sur les hommes qui se suicident deux fois plus aussi parce qu’ils ont plus recours à d’autres moyens…

Oui ils ont plus accès à des armes, c’est davantage dans la culture masculine.

 

C’est l’entourage qui pousse à aller voir les hommes face aux réticences, souvent les femmes, rajoutant une énième pierre à la charge mentale des femmes ou qu’elles aillent consulter pour des hommes…

 

Il y a plein de féministes qui en ont marre des termes « charge mentale » et « charge émotionnelle », je peux le comprendre. Je parle de charge mentale mais il faudrait parler de travail non rémunéré sauf que nous, on n'est pas psy !

Pour revenir à ta question, les hommes se décident à consulter très souvent soit parce qu'ils ont un déclic, soit parce qu’on leur a dit. C’est toujours une femme qui les a motivé à le faire, leur copine, leur ex, une amie.

C’était après une rupture avec une femme qu'ils se disaient « un truc cloche chez moi ».

En couple, les femmes ont un gros travail de « care », de prise en charge de leur mec, sur la santé tout court. Elles prennent le rendez-vous pour leur mec, les médecins voient souvent le mec avec leur conjointe en consultation.

En plus, quand elles vont consulter, c’est pour parler souvent de leurs problèmes de couple, de violences sexuelles, de leur rapport aux hommes en général.

J’ai pas de sondage mais j’ai l’impression que quand je voyais quelqu'un, mon temps de consultation était à 80% alloué à chaque fois à parler de lui et même chose quand je parle à mes potes ! Leurs problèmes deviennent nos problèmes, avec tout ce qu'on n'a pas !

 

Est-ce qu’on peut dire que le patriarcat impacte autant la santé mentale des femmes que celles des hommes ?

Je te dirai qu’il impacte plus la santé mentale des femmes ; on est quand même plus violées, battues. On galère plus, on gagne moins, nous accouchons etc …

Par contre, pour les hommes, ce n’est pas pour autant bon pour eux.

Je pense qu'ils ont beaucoup à tirer du patriarcat car c'est un système qui roule pour eux.

Mais ça leur impose quand même des carcans virilistes pas fous qui en font souffrir pas mal. Ils sont sûrement plein à le penser, à vouloir pleurer plus, être plus féminins, comme certains me l’ont confié.  

 

Surtout que tu montres à travers ce livre qu’il ne faut pas généraliser l’association trouble psychique-violence masculine, pour éviter toute dépolitisation, et excuser la violence masculine

 

J'avais très peur avec cette enquête qu'on me reproche d'excuser les hommes comme quoi ils taperaient leurs compagnes/copines parce qu’ils ont une maladie mentale et j'étais contente qu'on en parle dans l’interview à France Culture avec la psychiatre Claire-Lise Alvarez.

Non ça n’excuse rien !

Si nous, en tant que meufs, on avait été accoutumées à ces normes, dans un monde parallèle, ça aurait pu être inversé. C'est vraiment un truc sociétal !

Je pense aussi quand un mec s'est habitué à voir dans les films que c’est stylé de faire ça, bah tu enregistres ces comportements et tu minimises…

Ce que je montre, c'est justement s’ils se prenaient en main, ça diminuerait largement !

 

Quels sont les premiers retours que tu as eu par rapport à ton livre ?

 

Je pensais que j’allais me prendre une vague de cyberharcèlement, notamment après l’interview de Konbini. J'ai eu quasiment de très rares commentaires méchants de mecs qui n’avaient pas regardé la vidéo. Plein de meufs qui m'ont dit merci, c'est trop cool et des mecs qui s’y intéressaient m’ont écrit. Je suis arrivé à une conclusion assez cynique : les hommes adorent qu'on parle d’eux simplement, c’est pour ça que j’ai pas été harcelée !

 

Est-ce que tu distingues des pistes de solutions au travers des entretiens que tu as mené ?

 

On me pose souvent cette question et ça me rend triste de pas avoir la réponse directe…

En réfléchissant, je pense que déjà il faut déviriliser l'amitié masculine : les hommes doivent apprendre à se parler, se prendre dans les bras, s'épancher.

Vaste programme, mais ça passe déjà par l'éducation : apprendre ou plutôt ne pas apprendre aux petits garçons et aux petites filles les stéréotypes de genre. Ç

a va jusqu'à l'utilisation de la cour de récré (Plusieurs rapports, dont un de l’UNICEF en 2018, arrivent à la même conclusion : 20% des garçons occupent 80 à 90% de la cour de récréation. Tout comme une expérimentation récente de la ville de Strasbourg) : quand tu vois que 80% du terrain de la cour de récré est utilisé par les garçons pour jouer au foot ou autre, les filles se calent sur les 20% restants où elles vont faire des tours de cour en papotant.

Elles apprennent qu’elles ne doivent pas prendre de place. Les éducateurs et les parents ont un rôle à jouer.

Ensuite, il faut déstigmatiser les soins en santé mentale : beaucoup ne savent pas la différence entre psychologue, psychiatre, psychothérapeute et tout simplement que le psychiatre est remboursé et pas le psychologue. Tu peux en choisir un selon tes ressources, adapté selon ton trouble… L’autre jour quand j’étais à la librairie Un livre et une tasse de thé, quelqu’un m’a dit que ce serait bien d’avoir des brochures ressources au lycée, j’aurais bien aimé les avoir plus tôt ! Je pense que dès l'enfance, il faut lutter contre les stéréotypes de genre puis à l’adolescence et à l'âge adulte, il faut informer les gens sur les soins en santé mentale, parce qu'en France, on est en retard…

 

La santé mentale sera la « grande cause » 2025 de Matignon en théorie, peut-on espérer un investissement pour faire changer les mentalités et une vraie politique de santé publique ?

 

C'est vraiment un effet d'annonce, c'est vraiment une petite phrase creuse, comme ça. En plus, la santé mentale, comme ça, ça ne veut rien dire. De quoi on parle ? De psychologie, de psychiatrie ? De places dans les hôpitaux ? De lutte contre les déserts médicaux ?

En plus, c'est une question qu'on doit politiser ! La psychiatrie en France se meure, ne parlons pas de la pédopsychiatrie… De tout façon, il va pas rester longtemps en poste mais Barnier a bien capté l’air du temps, il se sert de ça pour toucher un plus large public.

 

Quand on voit dans les faits, il y a les CMP (Centre médico-psychologique) qui sont débordés par la demande des étudiants et toujours en tête, l’hôpital qui craque…

 

Il y a le dispositif « Mon parcours psy » depuis Macron mais ça ne concerne pas tous les psys et c’est 12 séances, soit 3 mois si tu y vas toutes les semaines.

Ma psy a participé au dispositif mais le mois prochain c’est terminé ! En fait, je ne comprends pas pourquoi la psychologie n’est pas remboursée, c’est un délire quand même ! Surtout quand je vois tous les trucs de pseudo-médecine remboursés par les mutuelles …

Alors que la psychologie (même si on est d’accord qu’il existe des charlatans comme partout) a fait ses preuves en TCC (Thérapies Comportementales et Cognitives) ou EMDR (psychothérapie par mouvement oculaires qui cible les mémoires traumatiques des individus) pour les victimes de traumatismes.

C'est pas normal que ce soit un luxe aujourd'hui, que ce soit les gens des villes et que ceux.celles qui ont un certain capital économique soient les seuls à pouvoir utiliser ça. Cela perpétue quelque part les inégalités de classe…

 

Il y a des liens avec ton précédent travail, tu es journaliste spécialiste dans les questions de santé, la psychiatrie est un milieu aussi impacté par des biais sexistes, racistes, validistes… et tu en parles avec Eva Tapiero dans ta dernière enquête…

 

Je trouve ça important de le préciser jusqu'à la conclusion. Mon bouquin n’est pas du tout pro-psy. On avait bien vu avec Eva (Tapiero) que la psychiatrie, c'est une des branches de la médecine les plus border.

Même si l'hystérie, depuis les années 80, n'est plus officiellement une maladie, pleins de professionnels utilisent encore le terme pour les femmes.

La médecine est très impactée par le racisme, la misogynie ; il y a qu’à voir la non-prise en charge de personnes racisées qui peuvent mourir sur les brancards ou chez elles…

La psychiatrie, c'est encore pire, parce qu’on est dans le psychique et l’invisible, le corps est encore plus sujet aux interprétations. C’est open bar pour les biais sexistes, homophobes, transphobes et racistes !

Parfois, les médicaments sont hyper mal prescrits. J'ai entendu une copine qui a vu une fois une psychiatre qui lui a prescrit du xanax au bout du premier rendez-vous. Ne parlons pas de la psychanalyse !

(…) En tout cas, je peux très bien l'entendre aussi, quand on est une personne racisée, on ne souhaite pas avoir de psychiatre blanc parce que cette personne ne peut pas comprendre ce que tu vis.

Personnellement, je vois une femme et je ne souhaite pas avoir de psy homme justement parce qu’on sait que les biais sont vraiment présents.

 

Quand tu en parles, il y a une forme de paradoxe sur les médicaments avec d’un côté un aspect psychophobe où ils sont rejetés et de l’autre, des psychiatres peuvent prescrire dès le premier rendez-vous alors qu’il y a besoin de plus de temps…

C'est clair qu’il y a de la psychophobie.

Pas mal de types ne veulent pas parce qu’ils « ne sont pas fous ». Déjà fou, qu’est-ce que ça veut dire ?

Et s’ils étaient considérés comme fous, ce serait la pire insulte !

Prendre un médicament signifie ne pas être un homme fort alors qu’il y a plein de personnes pour qui les médicaments leur ont sauvé la vie !

Notamment pour les pathologies très lourdes comme la schizophrénie.

Par contre, il est vrai que les médicaments ne sont pas forcément la panacée, et on ne compte plus les médecins qui s’en foutent complètement et prescrivent presque n'importe quoi. Il y a un juste milieu à trouver.

 

Dans ce livre, tu fais appel à ton propre récit, que retires-tu de cette écriture ?

Je suis plus trop en couple, je reste plus vigilante qu'avant.

En fait, j'ai parlé à tellement de types différents, j'ai l'impression que je n’ai plus envie d'être en couple pour le moment.

Je crois qu'il faut qu'on apprenne à s'occuper de nous et pas à avoir peur du célibat.

Puis, moi aussi j’ai des problèmes pour communiquer. Faut parler des choses qui n’allaient pas, même si je leur ai déjà parlé.

Bon après j’avais des mecs qui me criaient dessus…

 

« Tu devrais aller voir quelqu’un » par Maud Le Rest, Ed. Anne Carrière, Sorti le 18 octobre 2024, 176 p, 18 euros

Interview réalisée le 26 novembre 2024 (NDLR : le gouvernement Barnier a démissionné le 3 décembre 2024)

 

Pour aller plus loin :

 

Maud Le Rest et Eva Tapiero, « Les Patientes d’Hippocrate », Ed. Philippe Rey, 2022, 186 p.

 

Jean-Victor Blanc, « Pop & Psy - Comment la pop culture nous aide à comprendre les troubles psychiques », collection l’Abeille, Plon, 2022

 

Sikou Niakaté (réalisé par), « Dans le noir, les hommes pleurent », 2020

 

Sikou Niakaté (réalisé par), « Et maintenant, on fait quoi ? », 2023

 

Jade SAUVANET

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