Baz'art  : Des films, des livres...
20 mars 2025

Grande Ourse : Sarfati tente d’user des étoiles pour faire revivre la mère – Théâtre 13 (Paris)

 

Issue du Studio Théâtre d’Asnières, Alice Sarfati a choisi la famille comme pierre angulaire de son travail. Après Baran, une maison de famille (Prix jeune metteur en scène Théâtre 13 2021) dans laquelle frères et sœurs font ressortir les souffrances du passé le jour de l’anniversaire de leur mère, Grande Ourse utilise le lieu de la thérapie pour analyser les liens pas si évidents d’amour et de désamours. Dans Grande Ourse, on suit Jeanne et ses questionnements suite au décès de sa mère qui décide de passer la porte d’une séance de constellation familiale.

 

Pour replacer le contexte, il n’est pas question d’une thérapie au sens propre psychologique et médical mais d’une des méthodes alternatives (qui peuvent être associés à des dérives sectaires si on se réfère à la Miviludes) qui participeraient au bien-être. La constellation familiale place le jeu au centre de processus. Les personnes participantes ne se connaissent pas, chacune peut être amener à se mettre dans la peau d’un.e proche de cet.te inconnu.e qui l’accompagne pendant ces heures d’introspection. On part du principe que la famille est une constellation et que chaque membre de cette famille est une étoile de cette constellation.

 

La salle abrite un cercle de chaises qui s’en va être peu à peu habitée par diverses personnalités et divers passés qui se tombent une première fois ou non à l’entrée, métaphore de la difficulté à entamer ce travail intérieur et des chutes qiue cela peut entraîner. Si Alice Sarfati a passé plusieurs heures de séances, cela se ressent notamment dans la capacité à prendre du recul sur le procédé, à en rire. Cela se matérialise dans la figure du coach, premier à tomber en rentrant, avec un financement douteux et surtout incapable de retenir les prénoms et préférant désigner les participants par une particularité de leur habillement. Se mêlent nouveaux et habitué.es : bonnet jaune (Margot Alexandre), fichu (Margaux Grilleau), jean’s (Judith Zins), débardeur (Sylvère Santin) et basket blanche (Vincent Steinebach).

 

Jeanne est au centre et pourtant se sent perdue face au « chaos de l’organisation de sa vie ». Lors de séquences de flashback, chacun prend son rôle pour qu’elle comprenne sa relation avec sa mère, en remontant dans l’enfance de cette dernière, elle-même seule, délaissée par la sienne. Ce procédé collectif de jeu permet de faire ressentir l’écriture collective de plateau. Néanmoins, cet aller-retour temporel très rapide -qui donne certes du rythme- tend à nous faire perdre le fil des évènements par moments. De plus, la méthode de la constellation familiale rejoint l’objectif de la psychogénéalogie, en l’occurrence le principe de se plonger dans les traumatismes des anciennes générations pour comprendre leurs incidences sur soi-même, même si les procédés peuvent diverger. L’abandon de la grand-mère de Jeanne pour sa fille s’entrelace avec les disputes entre demi-frères et demi-sœurs pour la succession, où la légitimité du lien se repose désormais que sur le lien de sang. Traumatismes et conflits familiaux aspirent à se confondre avec cette démarche.

 

On ne peut qu’être émue par ce sujet où creuser ce qui caractérise la famille, ses non-dits et la psychogénéalogie avec des doses nécessaires d’humour pour railler la famille et la méthode des constellations notamment dans la première partie qui aurait peut-être été plus lourde s’il n’était pas présent ainsi que le jeu très convaincant des comédien.nes. Mais les confusions passé-présent et entre traumatismes et conflits familiaux tend à laisse un peu dubitative à la fin…

 

Crédits photos : Antoine Camard

 

 

 

Grande Ourse

Écrite et mise en scène par Alice Sarfati

Interprétée par Judith Zins, Vincent Steinebach, Margaux Grilleau, Sylvère Santin, Matthias Jacquin, Margot Alexandre
1h40

La pièce s’est jouée du 4 au 14 mars 2025 au Théâtre 13 – Bibliothèque (Paris 13ème)

 

Jade SAUVANET

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