« D'une rive l'autre » de Dima Abdallah : échapper en vain à son destin
Gamins, ils étaient tous les trois inséparables, Layla, Elias et le narrateur. Lui, il étouffe dans l’appartement où il vit seul avec sa mère et reste obstinément muet face à la boiterie et à la tristesse de cette femme détruite. Face à ses propres accès de violence, sa « mauvaise graine » (qu’il sait bien qu’il doit à son géniteur, qu’il n’a jamais connu, il se réfugie dans les pages du dictionnaire et fume des joints.
Le jour où son ami Elias déclare « haram » la musique qu’ils passaient des nuits à écouter ensemble, une digue se rompt en lui. Il part alors à Beyrouth sur un coup de tête mais le retour au pays est douloureux. Comme pour conjurer l’ombre paternelle, il ne cessera, d’une rive l’autre, de vouloir retrouver la lumière de la Méditerranée.
-l’amour des mots du personnage principal avec ses expressions qui reviennent le « réussir sa vie » de sa mère, véritable poids, le « comme chez nous », ses galettes qu’elle lui prépare en espérant lui faire plaisir mais qui le ramène systématiquement à des origines qu’il aimerait oublier
-les mots comme fil conducteur, ceux qu’il n’arrive pas à prononcer, ceux qu’il écrit dans son carnet, ceux qui lui dévorent le ventre et le rendent fous, ceux qu’il lit dans les livres et qui le rendent fou, ceux qui apaisent, ceux qu’Elias croit et qui le mène à la guerre sainte
-ce personnage à fleur de peau
Paru en mars dernier chez Sabine Wespieser éditeur
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D'une rive l'autre | Livre * SABINE WESPIESER ÉDITEUR
Gamins, ils étaient tous les trois inséparables, Layla, Elias et le narrateur de ce monologue, qui, à peine adolescent au début des années 1990, rêve du jour où il connaîtra assez de " joli...
Le carnet les fait danser maintenant. Il a décidé ça,
le carnet, pour mettre fin à une petite dispute. Un mot,
puis un autre. Un pas de danse, puis un autre. Ils sautent
en cadence. Ils sautent en rythme, sur le même tempo
que les mots se gravent, et ils éclatent de rire en chœur
à chaque refrain du morceau de rap qui résonne dans la
clairière. J’écris vite. Les phrases s’enchaînent. Ça inspire.
Ça expire. En rythme. Je cours si vite, je respire si fort,
que je finis par tomber, essoufflé, sur le flanc.
Elias s’arrête de danser, se penche vers moi et
me demande : « On est où, ici ? » Je réponds : « En lisière
du monde.