La forme et la couleur des sons: avoir foi en la littérature
J’ai chanté pour David.
J’ai toujours eu l’impression que les sons qui sortaient de ma gorge et de mes lèvres ne m’appartenaient pas, que je volais quelque chose plutôt que de le produire. Ce corps était à moi – c’étaient la constriction de mon diaphragme, la pression dans ma gorge, mes lèvres et l’amollissement de ma langue qui donnaient forme aux notes, mais ce qui s’échappait de moi, ce qui résonnait à travers le sommet de ma tête au point que j’avais la sensation que mon crâne était moins une masse corporelle qu’une sorte de cloche, ce qui inondait mes tympans et vibrait à travers mon nez, ça, ça ne m’appartenait pas
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En ces temps particulièrement troubles- un bref coup d’œil aux chaines d'informations continues ne peut que le confirmer- que peut-on se souhaiter les uns aux autres si ce n'est un peu de sérénité et de grâce, dans un monde qui en est singulièrement avare ?
Tâchons de demeurer optimistes, envers et contre tout, et de continuer à avoir foi en la littérature, en sa capacité à éclairer, embellir, donner du sens à la vie, à nos vies.
Une expérience de lecture qui nous réconcilie, si besoin était, avec le « recueil » de nouvelles.
Ben Shattuck
La forme et la couleur des sons
(Traduit de l’américain par Héloïse Esquié)
Paru en avril 2025.