[CRITIQUE] La Condition ; Jérôme Bonnel : Les braises de l’émancipation
Le réalisateur du jour : Jérôme Bonnell pour La Condition
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Le réalisateur Jérôme Bonnell opère un léger changement de cap avec La condition, à voir au cinéma, le 3 décembre, qui est une adaptation d’Amours - sa première- de Lénor de Rocondo qui avait connu un beau succès en librairie voila dix ans.
Lui qui (de A trois on y va en passant par le Temps de l’aventure ou le magnifique film de fiction TV A la joie sur Arte) a su si magnifiquement sonder les affres des amoureux d'aujourdhui met ici en scène la dérive des non- sentiments à travers un mariage arrangé dans la France de 1908 pour ce qui est son premier long métrage d'époque.
Une histoire qui permet de mettre en lumière toute l'hypocrisie du début du du 20ème siècle et de la mettre en lumière avec notre société actuelle. Cette époque affreuse qui donnait quasiment aux patrons un droit de vie et de mort sur leur personnel.
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Un temps où les jeunes filles étaient quasiment vendues à leur mari. qui ne se souciait que bien trop peu du plaisir de leurs épouses car elles étaient simplement là pour la procréation.
Si Bonnel va fréquenter a priori des rives inconnues pour lui, tout ce qui fait les fondements de son cinéma explose à nouveau : scénario très intelligent qui navigue entre cruauté et tendresse..qualité de sa direction d’acteurs (l’impeccable trio Swann Arlaud - Louise Chevillotte - Galatéa Bellugi), regard toujours pertinent qu’il pose sur ses personnages féminins, réalisation qui évite le piège de l'académisme ou de l'empesé pour un film qui renvoie à pas mal de résonnances dans notre époque sans avoir besoin de souligner pourquoi.
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La condition- très beau titre, meilleur que celui du roman original, qui est à double lecture mais nous ne dévoilerons évidemment pas sur quoi il se repose- nous livre aussi deux très beaux portraits de femmes qui tentent de s'émanciper et de se libérer des archétypes de leur temps, l'une se battant pour le futur de son enfant, l'autre pour se sentir vivre et apprendre à apprivoiser sa féminité. Les personnages sont écrits avec une vérité saisissante racontant comment le besoin de respectabilité sociale et la quête d’émancipation s’entrelacent.
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Sur le plan formel, La Condition séduit par sa facture des plus soignée. La mise en scène privilégie une proximité minimale : plans serrés, compositions laissant affleurer gêne mystère et attirance...
Ces choix accompagnent la délicatesse du rapprochement entre Victoire et Céleste, suggéré plutôt que proclamé, contrairement au roman initial ou cette histoire était traitée plus frontalement.
Une fresque intime, subversive et d’une modernité évidente, qui confirme si besoin était le talent immense d'un de nos metteurs en scène les plus doués- les plus intéressants en interview- à voir prochainement- et surement un des plus sous estimés.
LA CONDITION
Le 10 décembre au cinéma
Un film de Jérôme Bonnell, avec Swann Arlaud, Galatea Bellugi, Louise Chevillotte et Emmanuelle Devos
Film présenté dans le cadre du festival Lumière en présence du réalisateur et de ses comédiens principaux
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