Baz'art  : Des films, des livres...
2 novembre 2025

L'Étranger : François Ozon et Rebecca Marder nous livrent leurs secrets pour "adapter l'inadaptable"

"C'est difficile de percer le mystère Meursault, disons que je l'ai appréhendé comme  quelqu'un qui ne ment pas, qui ne joue pas le jeu de la société, qui reste déconnecté de toute émotion. Il n'est pas acteur de sa vie, il en est le spectateur, dans une forme de distanciation et d'indifférence au monde qu'il juge absurde, sans céder au désespoir.  "

francois ozon de l'écrit à l'écran présentation du film

Le dernier film de François Ozon, «L’Étranger», d’après le roman d’Albert Camus, actuellement en salles, voir notre chronique ici même était présenté en avant-première lors du cadre du Festival de l'écrit à l'écran de Montélimar le 20 septembre dernier. 
Le réalisateur, François Ozon, et son actrice Rebecca Marder nous livrent les secrets pour "adapter l'inadaptable".

Le modérateur de la rencontre  a demandé à François Ozon comment il avait eu l’idée d’adapter le chef-d’œuvre d’Albert Camus, qui avait déjà été adapté au cinéma par Luchino Visconti avec Marcello Mastroianni dans le rôle principal en 1967. Et François Ozon d'expliquer la chose suivante: «Je me souvenais du livre de Camus que j’avais lu quand j’étais au lycée, c’est un ouvrage très philosophique, assez mystérieux et opaque. Le roman a été écrit en 1939 et fut publié en 1942. Pour quelles raisons Albert Camus a-t-il écrit ce roman et quels étaient finalement les rapports entre les colons et les autochtones dans cette Algérie coloniale? J’ai souhaité me plonger dans le contexte historique. Camus avait toujours refusé les adaptations cinématographiques.» «Nous avons tourné le film au Maroc, à Tanger, pour représenter la ville d’Alger dans les années 1930, j’ai choisi le noir et blanc pour une raison esthétique.»

 

Lorsqu'on lui pose la question de savoir si ce défi n'était pas angoissant il répond oui tout en nuançant son propos : L'Étranger est un immense défi qui vous colle une multitude d'angoisses. Mais cela n'a jamais été un plan de carrière ! Il y a encore trois ans, je n'aurais pas songé à faire ce film. Mais voilà : j'étais hanté par un personnage – un jeune homme désabusé, coupé du monde, ne trouvant aucun sens à sa vie – que j'avais imaginé pour un autre film. Pour le nourrir, j'ai voulu relire le livre de Camus, un peu oublié depuis mon adolescence. Et ce fut un choc. C'était tellement plus intéressant et plus fort que ce que je tentais d'écrire ! Alors pourquoi ne pas mettre en images l'histoire de Meursault, ce personnage si emblématique – et si opaque – de la littérature française ? Il se trouve que plonger dans l'Algérie des années 1950 m'a fait renouer avec une partie effacée de mon histoire personnelle. Ma mère y a passé une partie de son enfance, car mon grand-père était juge d'instruction à Bône, devenu Annaba. Il a échappé à un attentat, en 1956, et c'est ce qui a précipité le retour de la famille en métropole. En rencontrant témoins et historiens, j'ai réalisé à quel point les familles françaises ont presque toutes un lien avec l'Algérie."

 

 

Ensuite,  comme elle était présente aux cotés du cinéaste et que c'est une comédienne qu'on adore, on a a demandé à la jeune actrice Rebecca Marder comment elle avait préparé le rôle de Marie : «J’ai relu le roman pour savoir qui était vraiment Marie, qui représente la figure emblématique de la femme et de l’amour, pour lui donner aussi de la profondeur. François Ozon aime ses acteurs et il magnifie ses actrices», a répondu la comédienne avec enthousiasme.  

Rebecca; intarissable sur cette question va  même plus loin dans son appréhension du personnage :"Marie Cardona est une femme courageuse, et surtout très libre par rapport à son époque, libre d’esprit et de corps – elle accepte d’aller chez Meursault, qui porte un brassard de deuil, dès le premier soir – elle incarne la jouissance de vivre. Quand elle échange avec Djemila au procès, François a tenu à montrer qu’elle était un des personnages qui connait l’empathie, et la seule qui a une prise de conscience de ce qu’est la colonisation. En plus d’écouter François et ses intentions pour le rôle, j’ai relu trois fois L’Étranger, et pendant le tournage, j’avais emporté  Le Premier Homme et deux recueils de nouvelles : Noces et L’été qui tournent autour des mêmes thèmes…  Jusqu’ici, dans les films que j’ai tournés, j’ai souvent joué des personnages à l’intériorité forte, des justicières, des intellectuelles. Avec Marie Cardona, François m’a offert un rôle de Femme amoureuse, sensuelle et c'est un vrai cadeau pour une comédienne".

 

 

L'étranger

Film de François Ozon avec Benjamin Voisin, Rebecca Marder, Pierre Lottin, Swan Arlaud 

A voir actuellement en salles

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