d'autres vie que la mienne, l'auto fiction à son meilleur
Au décès de Juliette, petite fille emportée par le tsunami au Sri-Lanka, où Carrère passait ses vacances avec sa compagne Hélène et deux de leurs fils, succède bientôt celui d’une autre Juliette, la soeur d’Hélène, victime d’un cancer qui lui sera fatal.
Ce résumé, reconnaissons le, a tout pour faire fuir le lecteur qui craint le lacrymal et le glauque. Or, il en est rien et cela tient peut etre du miracle, et plus surement du talent de l'auteur.
Ce talent ,déjà présent dans les précédents romans de Carrière, l 'adversaire ou un roman russe, tient à sa grande facilité à décrire le réel au plus près, sur le fil du rasoir, sans filtre et sans pathos, et ce, même si de nombreux passages, surtout évidemment ceux sur cette juge atteint du cancer nous font couler de vraies larmes sur les joues.
Toutes ces descriptions ne sont jamais superflues. L'accent de vérité que Carrière parvient à donner à ces scènes est prodigieux : Carrière possède cette grâce infinie qui lui permet de trouver l'exacte distance entre son sujet et l'intimité des gens qu'il rencontre. Jamais on est dans le voyeurisme alors que la tentation était grande et le fil ténu vu les thèmes abordés
Carrière sait accompagner au delà des rivages de la vie, la famille et les défunts. De grands moments qui laissent pantois surtout quand on connait ce dont l'auteur s'est emparé. Une tâche qu'il rempli avec la plus grande dignité qui soit et qu'il faut lui reconnaitre absolument.
Dans le chapitre- cher à ce blog, vous avez du vous en rendre compte si vous en êtes un lecteur assidu, de l'écrit à l'écran, sachez qu'une adaptation cinématographique est en cours de tournage, sous la direction de Philippe Lioret.
Si ce projet est prometteur, vu lepedigree du réalisateur- auteur de Welcome ou Je vais bien ne t'en fais pas, on peut émettre des réserves sur le choix du metteur en scène qui visiblement a décidé de tout recentrer sur l'action des deux juges spécialisé sur le surendettement, en enlevant totalement la partie cancer. Si on peut comprendre l'objectif initial ( éviter tout larmoimement inutile), on eut craindre que l'essence du roman en soit dénaturé.... à suivre...