Sylvie Testud, l'actrice qui sait manier la plume
Si, depuis plusieurs années, un certain nombre d'actrices françaises se sont trouvés des talents de chanteuse avec plus ou moins de bonheur (le dernier exemple est Mélanie Laurent), assez peu d'entre elles se sont essayées à l'écriture.
Quand j'emploie cette expression, je ne vise pas les actrices qui se lancent dans leur mémoires, car elles ne sont évidemment pas toutes seules derrière leur pages blanches. En ce qui me concerne, dans la catégorie : actrices possédant un vrai talent de conteuse, un seul nom me vient immédiatement à l'esprit, j'ai nommé Sylvie Testud.
J'étais pourtant un peu septique lorsque j'ai lu son premier roman publié en 2003, Il n'y a pas beaucoup d'étoiles ce soir. Je connaissais déjà l'actrice, depuis 1998 et son premier rôle marquant dans le film Karnaval, qui se déroule durant le carnaval de Dunkerque ( avec Clovis Cornillac avant qu'il devienne une star).
Si j'ai très vite apprécié son coté à la fois spontané et effronté à la fois ,je ne me doutais pas que, sous sa pétillante personnalité , se cachait aussi une écrivain bourrée de talent. Ce premier livre n'est pas un roman, il s'agit en fait d'une série d'anecdotes de ses premières années d'actrice, mais par rapport à des biographies classiques, se dégageait un ton, un humour, une maitrise du récit absolument savoureux. Jamais, moi qui adore humer les cuisines internes du 7ème art, je n'avais approché les coulisses de tournage d'un film avec autant d'authenticité et de voracité.
Du coup, et alors que ses rôles au cinéma étaient souvents, à de rares exceptions près, assez décevants, j'ai continué de la suivre en tant qu' écrivain, et j'ai dévoré, dès leurs sorties, ses 2 romans suivants : Le ciel t'aidera et gamines. Tandis que le premier est plus un récit autobiographique sur ses névroses, ses peurs, rempli d'autodérision et d'humour à la limite de l'absurde, le second, bien que trés inspiré de son enfance à Lyon sur les pentes de la Croix Rousse ( quartier que je connais bien, ce qui ajoutait au plaisir de lecture) est sa première incursion dans le roman, mais toujours avec son style propre, original et décalé.
Hélas, comme toutes les bonnes choses ont une fin, mon enthousiasme est retombé à la lecture de son dernier opus, sorti le mois dernier, intitulé Chevalier de l'ordre du mérite.
Une nouvelle fois, Sylvie Testud tisse un roman fortement inspiré de ses propres névroses autour du personnage de Sybille, jeune cadre dynamique, confrontée à une obession pathologique du nettoyage une fois rentrée chez elle. Cela pourrait être cocasse et amusant, cela m'a juste paru assez bâclé; en tout cas pas tres bien foutu et avec une intrigue vite ennuyeuse et qui fait rapidement du surplace.
On attendra donc son prochain pour juger si celui là était un simple accident de parcours ou si c'étaient ses premiers romans qui avaient été écrits en surrégime.
Il faut dire aussi que Mademoiselle Testud tente également simultanément l'expérience de la réalisation avec un premier film, la vie d'une autre (inspirée d'un autre roman pas terrible, méfiance, donc), et à force d'avoir plusieurs fers au feu, inévitablement, on peut parfois se brûler...