Donne moi tes yeux: Le prix du Polar point se cloture en beauté
On peut dire qu'une vague de froid s'est brutalement envahie sur le Prix du polar point, puisque les 3 derniers romans proposés nous provenaient tous du Nord de l'Europe. Si j'avais déja bien apprécié Le Hypothermie du maitre du genre, Indriadason, et peut-être encore plus Hiver de Mors Tallentoft, je pense avoir été tout autant épaté pour le tout dernier roman de la sélection, Donne moi tes yeux de Torsten Pettersson.
Si le livre n'a pas semblé, au vu des avis postés sur le Site du Prix faire l'unanimité; pour ma part, il a presque réussi à faire basculer mes certitudes et remettre en cause le vote final. Mais hélas, l'ayant reçu un peu trop tardivement, et ayant été pris par les pavés de la rentrée littéraire (Franzen et Kennedy), je n'ai pas réussi à la terminer à temps avant la délibération finale qui avait lieu mercredi dernier ( je connais le grand vainqueur, mais comme le prix est remis mercredi prochain, je ne pense pas pouvoir vous donner le résultat)
L'auteur, un certain Torstenn Pettersson (voir photo... euh, lui on comprend pourquoi il est écrivain et non pas acteur de ciné :o), est professeur de littérature finlandais issu de la minorité suédoise du pays, et son roman, qui fait des allers retours entre ces 2 pays scandinaves réflète bien ces doubles racines.
Quant à l'histoire, difficile de la synthétiser, tant la narration est structurée de facon complexe, entre passé et présent, et surtout raconté uniquement par l’intermédiaire de « documents fixes » - enregistrements, journaux intimes, textes divers et variés… Disons que dans les premières pages du roman, on retrouve, dans la petite ville finlandais de Forshälla, le corps mutilé et nu d'une jeune femme, avec les orbites vides et un A gravé sur le ventre. C'est Le commissaire Harald Lindmark de la brigade criminelle qui dirige l’enquête.
Bref, résumé comme cela, l'intrigue parait des plus classiques, sauf que l'auteur n'aime rien tant que perdre le lecteur dans des dédalles d'histoires qui n'ont a priori aucun rapport les uns avec les autres. Et d'ailleurs, si certaines se recoupent dans le puzzle final, d'autres clefs de l'intrigue ne seront pas résolues, laissant le lecteur avec quelques zones d'ombre, et notamment celle de la toute dernière page que je n'ai pas réussi à interpreter ( et j'ai contacté d'autres membres du jury, ils sont autant dans le flou que moi).
Dans ce genre d'intrigues à tiroir, soit on accepte de se laisser porter, soit on reste en rade pendant toute la lecture. Pour ma part, grâce au style tendu et précis de Petterson, je me suis laissé totalement prendre par la main, non sans un certain délice, dans toutes ces différents portraits de personnes, victimes ou suspects potentiels, qui ponctuent l'intrigue.
Certes, à la fin de l'histoire, on regrette que certains personnages ou situations ne soient pas plus développés comme on aurait espéré qu'il le soit lorsqu'on les a croisés la première fois. Petterson n'a pas pu (ou su) nous trousser une oeuvre chorale à la Inarritu où tous les pièces du puzzle s'emboitent les unes avec les autres, et forcément, il en reste un peu de fustration devant ce léger sentiment d'inabouti. Cela étant dit, l'ambition de l'oeuvre est énorme et ce polar sort des sentiers battus avec une intrigue qui tient quand même bien la route, n'en déplaise aux grincheux.
En tout cas, je profite de cette dernière chronique pour remercier Jérome Lambert de Points de m'avoir fait sélectionné dans le jury et de m'avoir fait découvrir autant de bons policiers, issus d'horizons tellement divers et exotiques!!!