Il suffirait de presque rien : merci, monsieur Reggiani
Bon, en plein été, et alors que pratiquement tout le monde est parti en vacances, c'est le moment idéal pour vous parler( une nouvelle fois, diront les grincheux) de ma passion pour un pan de la chanson française sans doute quelque peu daté, mais qui pour moi n'a pas pris une ride.
J'aurais pu vous parler d'Aznavour ou de Georges Moustaki, mais j'ai choisi Serge Reggiani, artiste complet que j'ai toujours aimé, que ce soit comme acteur ou comme chanteur.
En tant qu'acteur, Serge Reggiani m'avait surtout marqué dans 2 films des années 70 que j'ai vus plusieurs fois avec mon père : Vincent, François Paul et les autres, le chef d'oeuvre de Claude Sautet, ou le chat et le souris, un film méconnu de mon réalisateur fétiche Claude Lelouch
J'aimais particulièrement, chez Reggiani, son coté sensible et viril en même temps, matiné de son charme italien. Je sentais ses failles, et ses félures, et les épreuves qu'il a pu traverser ( le suicide d'un fils et la dépression qui s'en suivit)
Mais c'est vraiment en écoutant les disques de mon père, qui écoutait peu de chanson française, mais seulement celle de qualité ( Léo Férré, Jean Ferrat, Brel...et Reggiani) que je me suis mis à apprécier l'artiste et écouter ses disques en boucle, et à y deviner l'immense sensibilité qui se cachait derrière cet artiste.
Le cinéma français n'en finit d'ailleurs plus de rendre hommage au Reggiani chanteur, et, pas plus tard que l'année dernière, d'ailleurs, le très beau film de Thierry Klifa, les yeux de sa mère utilisait une très belle chanson de Serge Reggiani, Ma fille, pour réaliser 2 scènes que j'avais trouvées profondément bouleversantes.
Mais, pour moi, toutes les chansons de Reggiani sont superbes, et ont été chantées par plein d'autres grands interprètes de la chanson française, mais parmi mes préférés, figure certainement Il suffirait de presque rien, qui a aussi été chanté par Georges Moustaki ( dans une version moins lyrique, donc moins touchante pour moi).
C'est vrai ça, quoi en effet de plus touchant en effet que cette histoire d'amour impossible à cause de la différence d'âge entre ces deux êtres? :
Il suffirait de presque rien
Peut-être dix années de moins
Pour que je te dise "Je t'aime"
Que je te prenne par la main
Pour t'emmener à Saint-Germain
T'offrir un autre café-crème
Vraiment de quoi aurais-tu l'air
J'entends déjà les commentaires
"Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire
Elle au printemps, lui en hiver"
Ah franchement, on n'a jamais aussi joliment décrit qu'avec cette phrase ("elle au printemps, lui en hiver"), une relation entre un (presque ) grabataire et une fille dans la force de sa jeunesse ( quand on pense à l'histoire de Johnny et Laietitia, ou d'autres relations de ce type, ca fait tout de suite moins poétique, je trouve)...
Rien que pour cette bravoure, cela valait le coup que je vous parle de Reggiani en ce vendredi d'été, vous ne trouvez pas?