Bénabar : Récit d'un concert en aparté
Grand défenseur de la chanson française de qualité, j'apprécie forcément un de ses plus nobles représentants, Bénabar, plus d'ailleurs pour la qualité de ses textes, que pour ses mélodies un peu trop chargées sur les cuivres et les fanfares à mon gout.
En décembre 2011, je vous avais parlé de ma déception a propos du seul concert de Benabar auquel j'avais pu assister à la Halle Tony Garnier en 2009, Placé trop loin, obligé de tourner constamment la tête pour l'entr'apercevoir, j'avais également le sentiment que les orchestrations étaient vraiment trop fortes pour ne pas noyer sa voix et ses textes. Et pour le coup le coté fanfare et grosse cavalerie était bien présent. Et d'ailleurs, la salle, assez froide, semblait bien partager mon sentiment.
Bref, alors même qu'énormément de gens (même les nons fans) vantaient les mérites de ce show man hors du commun, j'assumais mal mes sentiments mitigés et m'étais juré de retenter le coup lorsque l'artiste repasserait dans ma ville, et a fortiori dans une petite salle, je retenterais le coup pour me faire une idée plus précise du potentiel scénique du bonhomme.
Et par chance, Bénabar a excausé mon voeu puisque aprés avoir sillonné toutes les grandes salles de France et passé huit mois sur la route de concerts. autour des chansons de son dernier album en date, « Les Bénéfices du doute », il a repris, depuis quelques semaines, une tournée dite "en apparté", où il revient accompagné de ces 5 musiciens habituels et de son piano afin de donner une série de concerts dans des salles de proximité…
Bénabar "adore faire les grandes salles, et avoir la chance d'y avoir pu monter un grand spectacle de variétés, au sens noble du terme, mais il s'est dit content de revenir à un format plus proche du tour de chant et d'y montrer un spectacle plus fragile, moins carré.
Sur Lyon, sa venue était programmé au 22 février ( le fameux soir de la cérémonie des césars, celle où,soit dit en passant, j'ai eu 15 pronostics de bons sur 20) à la Bourse du travail, cette salle de spectacle en plein centre de Lyon, et j'avais donc mis ces places sur ma liste de Noel pour aller voir si cette tournée intimiste allait me faire changer d'avis sur le Bénabar artiste de scène.
Et papa Noël avait fait les choses en grand, puisque figurez vous que, contrairement à son dernier concert, j'étais placé au 2e rang au centre soit dans les dispositions idéales pour admirer l'artiste de la meilleure des façons qui soient.
Même si Bénabar, comme tant d'autres collègues à lui, a un peu moins vendu de son dernier opus les bénéfices du doute 150 000 exemplaires, la salle était entièrement pleine et bien chaude , et ce, dès la première partie.
Une première partie assurée avec grand talent par une jeune chanteuse australienne (au nom pourtant bien français) Emilie Gassin, que je ne connaissais pas du tout mais qui m'a enthousiasmé, comme toute la salle de la Bourse du Travail d'ailleurs.
Avenante, enjouée, très à l'aise en public ( elle nous a fait longuement chanté puis filmé la salle pour sa page Facebook) nous a fait un bel étalage de son style coloré, aux influences soul et jazzy qu’on perçoit en elle, et de la force fragile qui émane de sa( fort jolie) personne.
Une fois Emilie partie, il était déjà presque 21H30 et l'heure pour Bénabar de venir faire son tour de piste en commençant par une des chansons de son dernier album, « la Phrase qu'on n'a pas dite », qui traite du manque de repartie qu'on ressent tous à un moment ou un à un autre.
Cette chanson est d'ailleurs pour moi assez symptomatique de la faiblesse de son dernier album par rapport à ses précdents, Benabar aborde toujours certes des sujets qui reflètent avec humour la société d'aujourd'hui ou des travers que tout un chacun a rencontré à un moment ou à un autre de sa vie, mais sa plume est moins aiguisée, moins brillante et laisse un peu sur notre faim : l'Agneau, Différents ou Perdre la raison, tous extraits de ce dernier albums et tous chantés ce soir là illustreront parfaitement cette verve un peu aux abonnés absents.
Mais heureusement, Bénabar a chanté pas mal aussi d'anciens morceaux, que je n'avais pas écouté depuis bien longtemps et qui en revanche m'ont semblé toujours aussi épatants , de cette Majorette qu'un Jacques Brel n'aurait pas renié au superbe Quatre Murs et un toit , qui nous raconte une sage familiale en 3 minutes chrono, en passant par le méconnu et très beau triste compagne sur une dépression qui ne dit pas son nom.
Et Bénabar, comme lors de son précédent concert, nous a également dévoilé trois ou quatres titres inédits, souvent les morceaux les plus émouvants, dont un qu'il chante habituellement avec une artiste québécoise, Titus et Bérénice", faisant directement référence à la pièce de Racinecontemporaine et forcément moins lyrique. Et tous ces morceaux la là étaient vraimùent meise en valeur par la fomule acoustique du concert.
Parmi les bémols que je souleverais, je vous avouerai avoir un peu regretté que Bénabar ne profite pas de la taille de la salle pour plus dialoguer avec son public ( par rapport à Mika ou à Jean Louis Aubert, pour parler de mes concerts les plus récents dans le même lieu). Benabar avait envie d'utiliser de plus petites salles pour réaliser un show pluz fragile, et hélas, son spectacle a semble parfois trop mécanique, trop rodé, manquant un peu de vent de folie qu'on voit parfois dans les très grands concerts.
Une fois cela dit, on peut que s'incliner devant l'énergie qu'il donne à ses interpretations, Bénabar n'hésitant pas à sauter et danser à chaque morceau un peu entrainant. Car, acoustique ou pas, un concert de Bénabar reste un concentré d'énergie et de bonne humeur, avec une troupe de 5 musiciens de grande qualité, indissociables de la grande qualité du spectacle.
Bref, ce concert en aparté de Bénabar ne fera hélas pas, pour les raisons que j'ai avancées, partie de mon panthéon des concerts les plus réussis à mes yeux, mais il n'en restera pas moins un excellent souvenir qui effacera bel et bien le mauvais souvenir scénique que j'avais pu ressentir en 2009.