Cloclo, 35 ans après....
Même si cela m'a toujours semblé étrange de féter l'anniversaire de la mort de quelqu'un, même une célébrité, je ne pouvais quand même pas passer, moi le grand défenseur de la bonne varietoche, à coté du 35eme anniversaire de la disparition de Cloclo.
En effet, nul ne l'ignore, surtout pour les jeunes génrations depuis le film de Siri l'année passée ( tiens d'ailleurs, pourquoi n'ont ils pas attendu un an de plus pour le sortir ce film?), le 11 mars 1978, "Cloclo" disparaissait dans de tragiques et si particulières circonstances, laissant derrière lui des fans toujours aussi fidèles et attristés par son décès.
Trente-cinq ans jour pour jour après sa disparition, « Cloclo » est toujours aussi présent avec des mélodies qui continuent de faire chanter et danser. Une carrière fulgurante qui donne un peu le vertige avec ses 70 millions d’albums vendus à travers le monde et près de 500 chansons, dont évidemment s'il ne fallait en retenir qu'un, le fameux Comme 'Habitude, devenu le tube interplanétaire que l'on sait, et accessoirement la chanson la plus jouée dans les enterrements anglo saxons :o)
Personnellement, j'avais à peine deux ans, et évidemment je ne peux me souvenir du jour de sa mort mais il avait tant marqué ma mère et on le voyait tellement en rétrospective dans les émissions de télévisions qu'il a énormement marqué mon enfance (et ma mère, en mère bien angoissée qu'elle est, m'avait bien racontée 100 fois l'histoire de sa mort, à tel point qu' à chaque bain que je prenais, si une ampoule craquait c'était la panique totale :o).
Après, artistiquement , les chansons de Cloclo manquaient à mes yeux d'un peu de mélancolie et de profondeur dans les textes pour moi ( euh oui oui même à 10 ans, je préferais Gainsbourg ou Cabrel à Cloclo ou Dalida, faut pas chercher :o) et puis, comme j'avais appris très vite que l'homme trainait une réputation infecte, je m'en étais assez vite désintéressé, le retrouvant ici ou là sa trace au gré d'une soirée karaoké, d'un mariage ou au gré d'une oeuvre littéraire ( comme le Podium de Yann Moix, à l'époque où celui ci savait encore écrire).
Bref, ayant raté en salles, et bien que j'avais fortement envie d'y aller, le biopic qui lui a été consacré, qui a connu un bien beau succès en salles (plus de deux millions d'entrées), j'ai passé mon dimanche, veille du jour de son 35eme anniversaire de sa mort, à me plonger totalement dans la vie et l'oeuvre de Cloclo: j'ai vu sur Canal Plus à la demande, le film de Florent Emilio Siri, puis j'ai rapidement survolé , Claude François en souvenirs, une biographie sur le chanteur qu'on m'avait envoyé sans que je ne demande rien ... bref, il fallait le voir comme un signe du destin et se dire que tot ou tard j'allais avoir à faire avec Cloclo.
1. Cloclo, de Florent Emilio Siri
Cela faisait plusieurs années que j'avais entendu parler de ce film, bien avant qu'il ne sorte en salles : il faut savoir que l'idée de base de ce projet remonte à l'an 1999 et Jérémie Renier était déjà pressenti pour le rôle.
Les deux fils du chanteur sont ici directement impliqués puisque producteurs, même s'ils étaient un peu réticents à l'idée que certaines anecdotes préjudiciables allaient y être évoquées (le malaise simulé lors d'un concert, le fils dissimulé, sa maniaquerie obsessionnelle qui lui aura été fatale ...) et que la face cachée de l'idole allait être dévoilée.
Donc, sans jamais que le film soit une hagiographie ou une simple compilation de ses tubes, Cloclo présente le portrait sans concession ni complaisance d'un homme en quête éperdue d'amour, expliquée sans contestation possible par le rejet de son père ( joué par Marc Barbé, génial dans le récent comme un Lion). Il vivra toute sa vie avec cette rancœur ancrée en lui et son parcours artistique ne sera qu'une façon d'exorciser cette douleur, dans la recherche permanente d'un inaccessible bonheur et de la reconnaissance de ses pairs ( de son père)...
Le long métrage de Siri montre également parfaitement l'acharnement avec lequel une star, même très populaire, se doit de rester dans la course, sans jamais relâcher ses efforts : on traverse ainsi toutes les modes, du twist au disco en passant par les influences noires américaines, sans oublier Sinatra, la légende, l'idole, le maître incontesté. C'est donc un vrai bonheur de pouvoir se replonger dans une bonne partie de la discographie de Claude François en revisitant tous les plus grands courants musicaux de l'époque.
Jeremie Renier, que j'avais vu quelques jours plus tot dans Elefante Blanco, soit dans un rôle complétement à l'opposé (j'y reviens bientôt), nous livre un jeu d'acteur assez épatant, même s'il est bien plus convaincant dans la seconde partie de la vie de Cloclo que dans sa jeunesse egyptienne. Cela dit, le mimétisme est exceptionnel tant il est parfois difficile parfois de distinguer le vrai du faux quand le biopic s'amuse à incruster des archives réelles entre les scènes. En revanche, la composition de Benoit Magimel en Paul Lederman m'a paru un peu trop forcée et à la lisière du ridicule, mais peut etre que le vrai Lederman ressemblait beaucoup à cette caricature de producteur.
Le film nous laisse donc nous immiscer dans l'histoire de cette vie hors du commun, des moments intimes et personnelles de Claude François aux plus connus, en passant par quelques scènes d'écriture ou d'enregistrement de ses tubes (avec une mention spéciale pour la magnifique scène dédiée au My Way de Franck Sinatra).
Le metteur en scène réussit parfaitement son pari de nous présenter Claude François avec justesse, précision, dans ses succès comme dans ses excès, mais aussi avec presque toujours une certaine pudeur, notamment lorsque l'on s'approche de plus en plus du jour de la mort de ce chanteur si particulier.
Bref, on ne voit pas passer du tout ces 2H30 d'un film qui est incontestablement un des meilleurs biopics du cinéma français.
2. Claude François en Souvenirs de Pierre Pernez