Il était temps qu'arrivent ces beaux jours!!!
Si l'on considère le Passé comme un film plus iranien que français, en vertu de la règle (non écrite) de la nationalité de son cinéaste, je dois dire que cette année 2013 a été pour le moment très fertile en excellent films, mais pas forcément en excellents films français.
Mis à part le dernier Bacri /Jaoui et Le temps de l'aventure, deux films dont j'en ai dit le plus grand bien sur ce blog, je ne vois pas trop à première vue, d'autres films français qui m'ont réellement enthousiasmé.
Autrement dit, au prorata, j'ai été bien plus déçu par les films provenant de l'hexagone que par les films étrangers, alors même que je suis connu (et ce n'est pas mon Cher Nio qui dira le contaire) pour défendre en toute mauvaise foi et absence d'objectivité la plus criante le cinéma franchouillard.
Bon évidemment, les prochains Kechiche, Ozon et Desplechin, présentés à Cannes avec plus ou moins de bonheur, devraient très probablement redorer le blason du cinéma français, mais je ne parlais que des films sortis lors du premier semestre, ceux que les communs des mortels ont pu voir jusqu'à présent en salles. Le cinéma français faisait un peu comme le temps et comme le moral des français : il tirait bien la tronche!!!
Heureusement, en parfaite symbiose avec le soleil qui revient enfin en force depuis quelques jours ( euh, du moins sur Lyon), le cinéma français va, je vous le prédis, commencer à sortir de sa tannière.
Et pas plus tard que demain avec la sortie en salles du bien nommé les Beaux jours, un film qui va rejoindre la courte liste des grands films français de ces premiers mois de 2013,
Ce film m'a fait l'effet d'un grand choc sans doute aussi parce je l'ai vu vierge de toute information préalable. En effet, comme je le dis dans mon billet concours autour du film que j'ai mis en ligne la semaine passée, (profitez en les retardataires, on peut encore y jouer jusqu'à demain!) j'ai vu le film dans le cadre du Ciné Brunch du cinéma Comoedia, qui nous propose des films surprises dont on ne découvre l'identité qu'au moment du générique de début.
Bon, j'avoue, comme je suis en partenariat avec le distributeur du film, le Pacte, j'étais au courant de leur line up (leurs programmation à venir dans le jargon) et du coup, je connaissais l'existence de ce film, et dès que j'ai vu s'afficher le nom des acteurs, j'ai su que ca allait être Les Beaux jours. Mais je ne connaissais rien de l'histoire, simplement qu'il signait le grand retour de Marion Vernoux ( l'ex compagne de Jacques Audiard) au cinéma, dix ans après un A boire de sinistre mémoire, et plus de 20 ans après nous avoir enchanté avec plusieurs très belles chroniques sentimentales, de Rien à Perdre à Love Ect, en passant par Personne ne m'aime.
Je ne savais donc pas à quoi m'attendre avec son nouvel opus, et très rapidement, dès les premières images, je me suis réjoui de voir qu'elle retrouvait toute sa verve et la justesse de son trait.
Adapté du roman de Fanny Chesnel Une jeune fille aux cheveux blancs ( que je ne l'ai pas lu, mais vous pouvez retrouver la chronique du livre par My Little discoveries ici même ), Marion Vernoux a collaboré avec l'auteur du roman pour en tirer une très jolie adaptation.
Et par la même occasion, elle en profite pour dresser également un magnifique portrait de femme , une femme qu'on pourrait penser dans les premiers instants du film, un peu depressive, sans sève, (elle a été mise à la retraite contrainte et forcée et vient de subir le décès d'une proche ), et ce n'est pas son inscription dans un club pour personnes âgees, ce genre de club où l'on multiplie les activités les plus hétéroclites pour éviter de trop gamberger qui devrait l'aider à effacer ses états d'âme...
Sauf que finalement, cette femme que Fanny Ardant joue avec une intelligence et une subilité qu'on est heureux de retrouver chez elle (après quelques derniers rôles au cinéma un peu en deça de son immense talent), va vivre un sursaut, une nouvelle aventure en tombant dans les mailles du filet d’un homme charmant...Et surtout un homme bien plus jeune qu'elle....
Le film va nous montrer, avec une grande sensibilité et une vraie pertinence, dans quelle mesure les conventions et les barrières, qu'elles soient morales ou physiques, peuvent progressivement tomber, et laisser place à une parenthèse immature et juvénile, qui sera aussi l’occasion pour elle de faire le point sur sa vie de couple.
On pense dès lors beaucoup au Temps de l'aventure, car les deux films nous montrent une femme qui s'accorde une parenthèse régénératrice, hors de son quotidien, et la peinture de ce personnage passionnant à suive est aussi bien esquisée que dans le film de Jérome Bonnel.
Mais Les Beaux jours émettent une petite musique bien à eux, à la fois charmante et bouleversante, que les 3 interprètes principaux subliment encore plus.
J'avais déjà dit plusieurs fois sur ce blogtout le bien que je pense de Laurent Laffite et de Patrick Chesnais, et ici dans des rôles pas vraiment à contreemploi ( même si Laffite affiche une gravité pas forcément présente dans ses rôles précedents), ils sont absolument épatants et contribuent de rendre leurs personnages intenséments crédibles et humains.
Car Marion Vernoux aborde dans ce film des thèmes graves et profonds, avec un vrai humour et une vraie légereté, et la superbe version de Sophie Hunger du vent nous portera des Noir Désir donne une surcroit d'émotion à cette superbe histoire.
Un film qui traite avec beaucoup d'optimisme les 60 ans et plus, ca nous change du traitement plombant d'Haneke, et sans que cela ne soit également trop naïf et bisounours, ca nous change également, sur un autre versant de l'échelle, des Quartet et autre films sur le 3ème age qu'on a vu récemment!!
Après la projection au Comoedia, à l'heure du brunch, nous avons débattu de ce film qui en a déçu un petit nombre de spectacteurs, trouvant le sujet trop classique ou trop français ( voire les deux à la fois).
Personnellement, je l'ai défendu becs et ongles - et des miettes de croissant plein la bouche- insistant sur le fait que ce sujet a rarement été traité avec la même justesse, le même regard plein d'humanité, et la même émotion. Comme vous n'étiez pas à ce ciné brunch ( n'est ce pas?) , je le redéfends ce mardi pour vous conjurer d'aller voir dès demain en salles ce film qui reste en tête longtemps après l'avoir vu.
Dunkerque : tournage du film "Les beaux jours" avec Fanny Cottençon
Je vous ai déjà mis la bande annonce du film dans mon billet concours, donc là, voici un petit reportage sur le tournage du film fait dans une région que je connais très bien, le Nord Pas de Calais...