L'affaire SK1: le polar français de l'année 2015?
Lorsque l'affaire SK1 est sorti en salles le 7 janvier dernier, je l'avais annoncé comme un des grands succès de ce début d'année, tant ce polar françaios, précédé d'excellentes critiques, et sur un thème qui avait bouleversé l'opinion publique, avait tout pour séduire le grand public.
Malheureusement, le film sorti ce 7 janvier devenu tristement célèbre et le grand public n'eut visiblement aucune envie d'aller voir sur grand écran la traque de Guy Georges alors que sur le petit écran la traque des frères Kouachi et de ahamada Coulibaly prenait tout l'espace et était suffissament anxiogène comme cela pour que les gens aient envie de voir une autre histoire forcément anxiogène aussi sur grand écran.
Heureusement, sa sortie DVD devrait permettre de redonner au film la visibilité qu'il mérite, surtout que le film a obtenu le Prix Deray décerné par l'Institut lumière, qui récompense le meilleur film policier français de l'année.
Personnellement, comme la plupart des gens, je n'ai pas eu forcément envie de me plonger dans cette histoire sombre, qui lm traite en effet d'un fait divers qui m'a énormément marqué dans ma jeunesse, ne serait ce que par je connaissais (de loin mais quand même) une des sept victimes qui avait habité ma ville d'enfance et cotoyé la même école que moi.
Des victimes littérallement massacrées par un homme, Guy Georges, surnommé «le tueur de l'Est parisien» été condamné en avril 2011 à la prison à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Dans le film «L'affaire SK 1», le réalisateur Frédéric Tellier reprend cette affaire à travers la traque qu'a menée pendant dix ans, Franck Magne, incarné par Raphaël Personnaz.
Un film très réaliste et qui suit l'enquête de façon précise et minutieuse, " C'est sans doute à ce niveau-là, par la maîtrise des informations et la façon dont elles nous sont apportées, que le film force l'admiration.
Le film joue sur deux actes qui s’entremêlent : celui de l’enquête menée entre les années 1991 et 1998 et celui du procès de Guy Georges qui débuta en 2001.
On apprécie le gros travail de documentation et la façon dont Frédéric Tellier, pour son premier film, affiche, grâce à une réalisation racée, et nerveuse, une maîtrise et un talent rares.
L'affaire SK1 nous plonge dans le quotidien de l’un des enquêteurs du 36 Quai des Orfèvres ,et cette traque, entre ses tatonnements et ses obsessions, est remarquablement mise en image et ouvre une fenêtre sur la réflexion à travers le procès du bourreau et la tentative de comprendre l'essence du mal.
On s'identifie rapidement et facilement à ses hommes et femmes de courage, tenaces et sensibles, qui mettent leur vie privée sur la table au service des victimes et de leurs familles.
On est tout du long passionné (peut-être un peu moins par les scènes entre les deux avocats de la defense, le petit point faible du film) par ces ces scènes d'enquête d'autant que les comédiens qui jouent les policiers sont sobres et excellents.(Personnaz, Gourmet et Vuillermoz en tête).
Et le plus troublant -et le non moins réussi- du film de Tellier est sans doute le sort réservé à Guy Georges, qui contrairement à celui qu'Arcady avait réservé à Youssous Fofana dans son médiocre film sur l'affaire Ilan Halimi, acquiert trouble, ambiguité et même une certaine humanité derrière le visage du monstre.
A cet égard, linterprétation hallucinante d'Adama Niane, ( connue jusqu'à présent pour son rôle dans...plus belle la vie :o) qui apporte au rôle une dimension touchante profonde, bien loin de l'image de monstre absolu que les médias nous livrent, est certainement la surprise la plus étonnante de ce film qui est effectivement un des meilleurs polars français de ces dernières années, dans la lignée des meilleurs policiers de Tavernier de l'appat à L627
Bande-annonce : L'Affaire SK1