Cannes 2016 : petit bilan à distance + critique partagée de Ma Loute
Dimanche soir, le festival de Cannes, 69ème du nom (pourquoi 69ème, je l'ai expliqué récemment), dévoilera tous ses mystères et surtout son palmarès tant attendu par la communauté cinéphilique.
Pas toujours évident de suivre le Festival de Cannes quand on est à 300 kilomètres d'ici., je m'en émeus chaque année ou presque.. heureusement les réseaux sociaux sont là pour me donner le pouls d'une compétition qui semble d'excellente tenue si l'on en croit une bonne majorité de ma TL- si on met évidemment de coté forcément les 3,4 grincheux habituels qui n'aiment rien-.. avec pas mal de films jugés d'excellente facture , qui encore plus que les autres semble être un bon compris entre valeurs sures et talents prometteurs.
Et cette année, par rapport à l'an passé, j'ai l'impression que les spoils sur les éléments determinants des intrigues de film sont moins nombreux ( ou alors mes yeux se posent moins dessus), du coup, j'ai plus l'espoir de faire de vraies découvertes lorsque la plupart de ces films sortiront en salles dans les mois à venir...
Au moment où j'écris, seuls trois films et non des moindres n'ont pas été projetés- le Verhoeven, le Sean Penn et le Farhadi- et peut- être que ceux ci bouleverseront la donne, mais au jour d'aujourd'hui c'est"Toni Erdmann" de l'Allemande Maren Ade qui a fait la plus forte impression auprès des festivaliers, qui se sont étonnés de rire autant devant une comédie extravagante et émouvante en même temps en faisant l'un des grands favoris pour la Palme d'Or tant il soulève l'enthousiasme d'une grande majorité des critiques et il est quasiment le seul cette année dans ce cas.
Derrière ce long métrage, les bookmakers citent , "Sieranevada". le long métrage roumain de Cristiu Piu, tout premier à avoir été projeté, étonnant huis clos familial de près de 3 heures a impressionné la critique pour sa mise en scène, sans oublier l'autre film roumain le Baccalauréat de . Cristian Mungiu Mungui déjà palmé en 2007 ni "Moi, Daniel Blake", qui signe visiblement le retour du grand Ken Loach que l'on aime, à savoir un cinéaste humaniste, en colère ( et pour quelques uns, ceux qui ne l'ont jamais aimé, trop manichéen.)
Quelques mots aussi sur "Paterson" de Jim Jarmush et "Loving "de Jeff Nichols, les deux films américains- avant The last face ont plutôt convaincu les festivaliers et les critiques même si certains déplorent un scénario trop faible pour le premier et un coté très classique pour le second- qui personnellement, fait partie de ceux qui me tentent le plus ( on faisait aussi le même reproche à Carol l'an passé)...
Comme me tentent également beaucoup le dernier Almodovar et évidemment le Dolan, qui a tant divisé comme chaque fois, deux films sur lesquels je reviendrais évidemment prochainement, mais aussi ce "Mal de pierres" de Nicole Garcia qui également eu le même reproche d'une réalisation trop classique et lisse, malgré une prestation de Marion Cotillard consacrée par tout le monde.
D'ailleurs, difficile de croire que dimanche soir, la France va faire la passe de deux après la consécration de "Dheepan" l'an passé- même si personne n'y croyait pour lui l'an dernier à la même époque- : outre le Nicole Garcia, "Rester vertical" d'Alain Guiraudie n'a pas emballé du tout le public non plus alors que plus étrangement, "Personal Shopper" d'Olivier Assayas a été étonnamment hué pendant la projection presse, lui qui est souvent aprement défendu par la presse.
Quant à "Ma loute", le Bruno Dumont, le seul de la compétition à être actuellement en salles avec le "Julieta" d'Almodovar, il a divisé et sur la croisette et chez baz'art puisque Michel l'a bien plus aimé que moi et c'est sur ce long métrage là que j'aimerais revenir dès à présent, avant de chroniquer dès la semaine prochaine les autres films à l'affiche en salles en même temps que leur passage à la Croisette ..
Il faut dire , à ma décharge, que d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu du mal avec le genre dit absurde: j'ai souvent eu l'impression que sous pretexte de coller au genre du non sens ou du burlesque, on pouvait très vite basculer dans un "n'importe quoi" total et que très rares étaient ceux comme Becket, Ionesco ou les Monty Python qui parvenaient tous à donner du sens et de la subtilité à ce genre tellement périlleux, ce que n'arrive jamais selon moi à faire Bruno Dumont dans ce film qui m'a semblé particulièrement long..
Il faut dire que Dumont .force la caricature- un parti pris largement assumé, mais quand même- de façon tellement outrancière et exagérée que la charge n'est jamais crédible ni féroce avec pas une once d'humanité et de crédibilité la dedans qu'on n'a aucune empathie pour rien dans cette mascarade vide de sens.