The strangers , le film coréen dont on ressort comme dans une essoreuse..
Fort de deux premiers films cultes, " The Chaser" et "The Murderer" Na Hong-Jin est revenu lors du dernier Festival de Cannes hors compétion, aux affaires avec "The Strangers", sorti en salles mercredi dernier, une nouvelle création qui explore profondément les racines exubérantes, excessives, d'un certain cinéma sud-coréen.
Des racines que Michel connait bien mieux que pour moi, et c'est pour cela que comme pour "Sparrrows", c'est lui qui s'y est collé à la projection et à la chronique :
Ce qu’il y a de bien avec le cinéma coréen, c’est que même en terrain connu, ici le polar fantastique très glauque, il réussit toujours à nous transporter ailleurs. Un petit village de montagne plongé dans l’effroi, une série de meurtres aussi abominables qu’inexpliqués. Des familles entières massacrées par des personnes devenues folles. La police est sur les dents.
Un flic lunaire et pleutre mène l’enquête, qui patine, comme lui dans la boue. Est-ce une comédie ? Un japonais (l’étranger) vit reclus dans les bois habitant aussi un sauvage qui se repait de cadavre d’animaux.
Est-ce une fable écologique ? La petite fille du flic, adorable et rieuse, se couvre de pustules et semble possédée par un démon. Sommes-nous dans un teen-movie revisité ? Un mort-vivant qui mord les vivants et se ris d’un râteau planté dans le crane et d’une pioche dans le ventre.
Sommes-nous dans un film de Zombies ? Qui est le coupable ? Le chaman qui rentre dans une transe digne de Bollywood ? Le Japonais qui collectionne les têtes de bouc ? Une jeune femme blanche et mystérieuse qui d’un seul regard vous fait pisser le sang? Et si c’était tout simplement le Diable ?
A moins que ce ne soit les champignons hallucinogènes que Na Hong-Jin semble avoir dégustés avant de réaliser ce film de plus de 2h30 qui ne ressemble à aucun autre. 2h30 pendant lesquelles on a l'impression d'être dans une sorte d'essoreuse, on rit, on a peur, on a envie de vomir et à la fin c’est le réalisateur qui gagne..
On peut sans doute être frustré qu'à la fin, sans spoiler le dénouement on puisse dire que Hong Jin ne tranche pas et n’explique rien... Une démarche o combien intéressante, certes, mais là on a l'impression qu'il délaie un peu trop....
Mais on a quand même au bout du compte un bien beau voyage dans la campagne coréenne qui semble s’être arrêtée dans les années cinquante....le changement de rythme, de genre et la pluie qui transforme tout en boue donne une œuvre étonnante, tout cela contribue à faire de ce "The Strangers" une vraie et inédite expérience cinématographique qu'on ne peut que vous conseiller d'aller voir en ce début d'été.
THE STRANGERS - Bande Annonce - VOST