Baz'art  : Des films, des livres...
13 septembre 2016

Rentrée littéraire 2016 : Nina Bouraoui, Bill Clegg, Alissa York

 On a beau avoir lu pas mal de livres de la rentrée littéraire, les chroniques mettent un peu de temps à se faire..du coup, quelques petits chroniques groupées en un seul article résumant trois livres - plus ou moins- marquants de cette rentrée littéraire, deux étrangers, et (hélas le moins convaincant) un français...

naturalistr

1.Le naturaliste  ;  Alissa York -  editions Liana Levi

« La senorita Zuleica se révèle une assistante très compétente. Elle partage mon intérêt pour les reptiles, ne montre  pas de trace de cette répulsion préjudiciable si répandue chez les membres de son sexe. N’importe qu’elle femme peut s’émerveiller devant une plume, mais il faut une tournure d’esprit particulière pour apprécier une écaille. »

Iris, la jeune veuve  du naturaliste Walter Ash décide d’effectuer l’expédition que ce dernier avait projetée avant son décès accidentel. Elle sera accompagnée de sa dame de compagnie et de son beau-fils Paul, un métis né d’un premier mariage, plus rat de bibliothèque que grand aventurier. Dans la touffeur de la jungle amazonienne, au rythme du fleuve, ils partent à la recherche du caïman noir.

Nous sommes en 1867, deux jeunes femmes en crinoline et un jeune intellectuel emprunté dans la jungle cela n’est pas commun. Paul lui a une bonne raison de revenir dans ce village, sa mère, une indienne, est morte en couche au bord du Rio Negra. Il va retrouver une famille et pouvoir écrire l’histoire de ses parents.  Sous  la moiteur des frondaisons, les corsets, et les cols amidonnés vont valser, et nos trois héros, saisis d’une douce langueur, vont découvrir bien plus que ce qu’ils étaient venus chercher.

 Roman d’initiation, roman d’apprentissage et d’émancipation on pourrait être chez Jane Austen ou bien les Sœurs Brontë, mais Alissa York qui vit au canada, écrit avec une langue d’aujourd’hui. Le style est vif, l’écriture imagée et sensuelle. «  Le naturaliste » une bouffée d’oxygène et d’aventure pour la rentrée.

 2. Beaux rivages, Nina Bouraoui -  Editions JC Lattès

beaux rivages

"Parfois je me demande si le bonheur existe, s'il existe vraiment, ou si nous en avons juste l'impression, la sensation, comme si quelque chose s'arrêtait en nous et que nous nous regardions de l'intérieur en nous disant : je suis heureux, je suis heureuse, je peux l'affirmer car je le ressens, dans mon corps, sous ma peau, ça pulse, file...; mais c'est juste un moment, un instant, un très court instant, comme si tous les sens étaient réunis, en alerte, pour éclairer ce bonheur si fragile qui n'existerait que dans son vol..."

 Le sujet de la rupture amoureuse et du chagrin d'amour en littérature a été ausculté sous toutes les formes depuis des siècles, et ce, par une multitude d'auteurs et non des moindres, et la dernière en lecture en date avant d'attaquer ce dernier roman de Nina Bouraoui était le roman dur et troublant d'Elena Ferrante les jours de mon abandon. 

Si Nina Bouraoui dit avoir écrit ce livre "pour tous les "quittés du monde qui sont évidemment nombreux en ce bas monde",  et certainement également pour exorciser sa propre histoire de rupture, on a un peu de mal à trouver que contrairement au texte, tranchant comme une lame de Ferrante, l'originalité soit de mise...

Malgré une plume précise et qui fait parfois mouche, on se lasse assez rapidement de ce récit qui reste quand même largement autocentré et égocentrique.

Difficile de ressentir totalement, et comme on aimerait la souffrance de cette héroïne plaquée par un Adrian assez inconséquent et dont les états d'âme ressemblent à pas mal d'autres états d'âme de personnes quittées.

On reconnaitra quand même que certaines passages font mouche, comme par exemple cette envie de lire, par pur masochisme le blog de sa rivale, ou bien encore ce voyeurisme que l'on a devant un couple qui se quitte sur la chaise voisine du café ou l'on est...

Malgré cela, ce roman du désamour  qui se lit vite- moins de 200 pages, ne parvient pas vraiment à passionner, faute, à mon sens,  de parvenir à transcender un matériau  malheureusement  original.

Cette réserve mise à part, le livre a depuis sa sortie, d'excellentes critiques et notamment par toutes ceux ou toutes celles qui ont été quittés récemment, donc, on peut  largement imaginer que Nina Bouraoui a à ce niveau parfaitement réussi son coup...

3.Et toi tu as eu une famille? , Bill Clegg- éditions Gallimard du Monde entier 

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  " Qu"était devenu sa gigantesque collection de chevaux en porcelaine? Elle en prenait un soin maniaque, époussetant et astiquant leurs robes ternes, brossait leurs crinières et leurs queues, non sans délicatesse"..

En une seule nuit, le monde de June s’écroule. La veille du mariage de sa fille Lolly, un incendie a ravagé la maison. Lolly, son futur époux Will, Adam l’ex-mari de June (et père de Lolly), Luke le petit ami de June ont trouvé la mort. A bord de sa voiture, June part de la petite ville du Connecticut. Elle roule sans but précis, sans savoir où elle ira.

Dans ce roman choral qui tutoie les sommets du genre, différents personnages qui dont du subir de près ou de loin les effets de cette tragédie vont chacun va s’exprimer sur cette incendie : le voisin adolescent, Lydia la mère de Luke, la propriétaire de l’hôtel où June va trouver refuge, un commerçant ayant participé aux préparatifs du mariage, les parents de Will mais aussi bien évidemment la personne la plus concernée, June l'unique survivante de la tragédie.

L'auteur nous fait entendre la voix de ces laissés pour compte de l'Amérique avec un roman ambitieux, et par sa narration et par les thèmes abordés.  

"Et toi as eu une famille ?" brosse en effet de manière intelligente la thématique de résilience, en nous interrogeant sur ces nombreux liens qui forment entre des personnes l'entité d'une famille, et  sur la faculté que possèdent les humains à se sortir d'épreuves terribles et à la possibilité de retrouver une famille autre que celle du sang...

Avec une économie de style et de phrases, Clegg parvient à tresser des personnages plein de failles de secrets, et de questionnements sur leurs avenir.

 Résultat : incontestablement, de la belle ouvrage comme on dit,  à qui il manque tout de même certainement, et  si on veut être pointilleux, un peu de souffle et d'émotion à un récit qui n'échappe pas toujours au déjà lu et, dans une certaine mesure, au formatage.

 

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