Littérature : quand l'Amérique nous fait-encore rêver-
Il ya un peu plus d'une semaine, une terrible nouvelle nous provenait des Etats Unis et depuis on a quand même un peu tous du mal à se remettre de cette élection qui a bien Trumpé son monde...
Dans ces cas, on a eu envie de se réfugier derrière une valeur sure la littérature et bien évidemment la littérature américaine pour nous rassurer et nous prouver qu'il y a encore des choses formidables qui nous viennent des States, comme ces 6 livres, pas tous forcément très récents mais qui chacun de leur façon nous donne leur vision de l'Amérique, que ce soient celle de New York, celle de l'Amérique profonde ou celle des grands espaces, bref l'Amérique ou plutot les Amérique que l'on aime éperdument :
1. Magic time ; Doug Marlette ( le Cherche Midi )
« Gandhi est bien gentil mais ce n’est pas les Anglais qu’on a en face. S’il était venu dans le Mississippi, ils t’auraient zigouillé ce nègre blanc vite fait ! Les Juifs ont pratiqués la non-violence face aux nazis et ils ont été exterminés. En revanche, la violence a été efficace en Afrique. Et c’est aussi par le combat qu’Haïti a obtenu sa liberté. On doit montrer aux blancs qu’on n’a pas peur. »
Le Mississippi comme si vous y étiez. 1965, difficile d’imaginer que la guerre de Sécession a près d’un siècle. Dans le Sud la ségrégation existe toujours, le Klan dans l’ombre souffle sur les braises du racisme et de la haine. La voix de martin Luther King commence à porter et à s’étendre dans toute l’Amérique. Carter jeune blanc idéaliste, fils du juge de la petite ville de Troy, se lie d’amitié avec un groupe d’activistes partisans du droit de vote des Noirs.
Un incendie criminel provoque la mort de quatre jeunes militants. Le procès des hommes du Klan, mené par le père de Carter, fera date. 1990, Carter Ransom, devenu journaliste à New-York revient dans le Mississippi. Le procès doit être rouvert suite à de nouvelles déclarations. Carter va replonger dans le passé et affronter une nouvelle fois la haine le racisme et l’intolérance.
Chronique du Mississippi. Doug Marlette expose ce qui fait « l’American way of life » dans un roman fleuve passionnant. Un pays qui se doit d’être uni pour rester la plus grande puissance mondiale, mais qui doit gérer une fracture entre Nord et Sud parfaitement toxique. La lutte pour les droits civiques qui ont amenés Barack Obama aux plus hautes fonctions est le fruit d’innombrables batailles non-violentes pour combattre le racisme, l’antisémitisme, la haine de l’autre fossilisé dans le cœur d’hommes et de femmes nostalgiques de la suprématie blanche.
Magic Time, reprend les codes d’un roman Sudiste et le transforme en formidable récit Humaniste. Saga familiale, roman de procès avec Œdipe en guet star, chroniques New-Yorquaises avec humour juif en sus, c’est surtout un roman impossible à lâcher. Marlette n’en n’écrira plus, il est mort dans un accident de voiture en 2007, c’était un dessinateur de presse apparemment très connu aux Etats-unis, genre Wolinski ou Plantu....c’est très bon et on apprend plein de trucs sur la mentalité Sudiste et ça fait froid dans le dos.
2. Les Arpenteurs; Kim Zupan ( Gallmeister)
« On est amis, John, dans la mesure où vous êtes de ce côté des barreaux pour le meurtre présumé d’un homme, et où je suis de l’autre côté afin de m’assurer que vous restiez en vie et que vous soyez puni. »
Qu’y-a-t-il de commun entre Val, le jeune adjoint du sheriff et John Gload, un vieil homme au regard perçant et surtout un des pires assassins que le Montana ai connu. Astreint aux gardes de nuit, le jeune homme va recueillir les confidences du prisonnier en attente de son procès. Val Millimaki, triste et malheureux en ménage va, bientôt, lui aussi se confier et le monstre derrière les barreaux semble avoir des réponses que le jeune attend. John et Val se découvrent une blessure commune. Sincérité ou manipulation, à quel jeu jouent les deux hommes.
Presque en huis-clos, deux hommes séparés par des barreaux, une écriture au cordeau, Kim Zupan invente le polar humaniste. L’auteur, sans grands effets, maintien un suspens qui devient anecdotique pour s’approcher au plus près de l’humanité d’un monstre. Les collines verdoyantes du Montana servent de décor à ce western crépusculaire. L’ombre de Faulkner, Cormac Mc Carthy, Craig Johnson plane sur le premier roman épatant d’un jeune auteur de 61 ans.
3. A mi chemin Sam Shepard ( Robert Laffont- Pavillons)
" Il prend une chambre au Tropicana. Il n'a pas de valise, pas de brosse à dent, pas de slip de rechange.Le préposé fixe sur lui des yeux de camé qui ne le voient pas.Il n'y a qu'un lit et un téléphone dans sa chambre et une odeur de mauvais restaurant chinois."
Le célèbre acteur Sam Shepard est également un grand écrivains au style inimitable, hanté par une vision subversive et contemplative de l'Amérique surtout celle des grands spectacles.
L'acteur mythique de Paris Texas livre ici un formidable recueil de nouvelles « A mi-chemin ». qui sonde les tréfonds de l’Amérique, non pas le New York lettré et urbain ,mais une Amérique rurale et poussiéreuse.
Shepard s'interesse à des tranches de vie d'apparence , simples et modestes de cette région du .Middle-west ; Il parvient à récupérer au vol, avec tendresse et cruauté le particularisme des êtres et les dérisoires questionnements du quotidien.
L'Amérique des motel, des juke-box, de la pêche à la mouche, des santiags, des picks ups, de la country, ses vaches, ses fermiers, des coeurs isolés, de ces états a priori arides - . Arkansas, Minnesota, Kentucky et froid mais finalement tellements humains quand un auteur comme Shepard arrive à en saisir la substantique moelle dans ces nouvelles traversée par une très belle qualité littéraire..
4. 10 : 04- Ben Lerner ( Editions de L'Olivier)
"Alors il se rappela le conseil du Docteur Roberts.Roberts avait dit à l'auteur que lorsqu'il se trouvaient face à une de ses fausses difficultés qui lui racourcissaient le souffle, il n'avait qu'à décrire à son interlocuteur la petite crise qu'il s'était fabriquée et ce qu'il ressentait sur le ton engageant et humoristique dont il en parlait après coup à lui, son médecin"
Encore un roman sur New-York, me diriez vous, encore un qui arrive après des flopées de roman sur The Big Apple et Brooklyn? Oui effectivement, et pourtant 10 : 04 de Ben Lerner, qui reprend pas mal de codes du roman new yorkais classique arrive cependant à insufler une petite musique bien à lui à mi chemin entre Woody Allen et Paul Auster..
À la croisée de l’autobiographie, de l’autofiction et de la métafiction, Ben Lerner professeur d’anglais à Brooklyn College comme le narrateur de son roman,.signe un roman à la composition assez virtuose, qui joue sur les limites de la fiction et d n'hésite pas à plonger son lecteur dans différentes s mises en abyme,
Ben, auteur d’un premier roman remarqué et cherchant laborieusement l’inspiration pour son deuxième roman – lequel roman sera finalement l’histoire de Ben cherchant l’inspiration pour écrire son roman. Ben, personnage central, vit ce qu’on aime à imaginer comme la vie new-yorkaise rêvée de tout intellectuel : il fréquente les galeries d’art, les librairies nichées, et l'auteur prend un malin plaisir à perdre le lecteur dans les méandres de la fiction/réalité.
Ni de la fiction, ni de la non-fiction, mais un vacillement entre les deux », écrit-il à l’intérieur même de ce roman formidablement bien traduit par Jakuta Alikavazovic, Parfois irritant, souvent plaisant ce 10 04 ; reste un objet singulier et étonnan
5. Mille morceaux; James Frey ( J'ai Lu)
"Bien que son baiser soit le même que tout à l'heure, ce n'est pas du tout le même. Il est plus fort, plus faible, plus profond, plus calme, plus bruyant. Il est plus, plus vulnérable, plus impénétrable, plus fragile, plus sûr, plus vulnérable, plus sur la défensive. Il est plus, plus ouvert, plus profond, plus plein, plus simple, plus vrai."
- A vous, toujours. C'est tellement ennuyeux de dire la vérité à des gens qui préférerait entendre tout autre chose. "