Retour à Forbach : un documentaire qui donne la parole aux habitants des villes oubliées...
Comme prévu dans mon article précédent sur la plateforme TENK, quelques critiques de films documentaires importants dans les salles en ce premier semestre 2017 avec en premier lieu, Retour à Forbach de Régis Sauder :
Trente ans après avoir quitté sa ville natale, le documentariste Régis Sauder- auteur notamment de Nous, princesse de Clèves en 2011, a décidé de revenir sur les traces de son enfance à Forbach, une ville de Lorraine dans Retour à Forbach, en salles depuis le 19 avril dernier.
Retour à Forbach jongle entre souvenirs d'enfance et photographie subjective mais juste d'une ville rongée par la précarité et la montée du Front National, une ville qu'il a fui pour se construire , comme il l'affirme lui même, "contre la violence et dans la honte de son milieu".
Une ville de Forbach située à deux pas de la frontière allemande, dans laquelle les habitants ont cédé aux sirènes du Front national, représenté par le si médiatique Florian Philippot, un enfant du cru.
Retour à Forbach nous dissimule rien du désert économique qui s'est abattu sur la ville à la fermeture de la mine. Un désert économique à laquel s'est ajouté un désert sanitaire, culturel, dans lequel les institutions semblent particulièrement impuissantes, voire démissionnaire.
Sauber donne la parole à ces invisibles, à ces résidents de ces villes oubliées par les pouvoirs publics- excepté sans doute pendant les périodes d'élections présidentielles- qui ont pourtant des choses à dire.
Le réalisateur nous parle, avec un versant "autofiction "qui peut certes, mais en de rares occasions, frôler le narcissisme, un peu à la manière d'une Annie Ernaux, citée d'ailleurs au générique, de cette honte que peuvent ressentir les personnes issues d'un milieu modeste et qui ont éprouvé le besoin viscéral et l'impossibilité de s'extraire.
Retour à Forbach, c'est le retour d'un homme dans une région où ses amis d'enfance ont connu un parcours différent du sien.
Portrait assez sombre d'une France dite " profonde" filmée sans angélisme ni manichéisme, régis Sauder parvient toutefois à glisser quelques lueurs d'espoirs ici et là avec des personnalités qui croient encore au vertu de la solidarité et de l'entraide.
On aurait sans doute aimé une réflexion un peu plus pousée notamment au niveau politique, mais la démarche de Sauder n'en reste pas moins louable et salutaire en ces temps obscurs.