Djam : le vibrant hommage à la liberté et la musique signé Tony Gatlif !
Pour notre retour après une petite pause estivale qui nous aura permis de recharger les batteries, on a eu envie de parler du nouveau film de Tony Gatlif .
Ce Djam sorti en salles il y a tout juste une semaine, j'avais eu la chance de le voir en avant première avant de partir en vacances, fin juillet, lors d'une projection presse précédée d'une rencontre avec Tony Gatlif en personne qui paraitra prochainement sur baz'art.
Tony Gatlif est un artiste et un être humain rare, de par le cinéma qu'il met en valeur et les engagements qu'il défend : de Latcho Drom à Gérononimo, son avant dernier film, son cinéma s'est toujours placé du coté des minorités, des opprimés, du coté des faibles qui sont écrasés par la puissance des nantis.
Beau mélange vie, fête et de réflexion, Djam ne déroge pas à la règle en mettant en avant le rébetiko [sorte de blues grec poétique empreint de la culture turque], et son personnage central, qui donne son titre au film
Cette Djam jeune grecque riche de différentes cultures, généreuse et imprévisible et aussi libre qu'exubérante que les dernières héroines des films de Gatlif, va entreprendre, en compagnie d' une jeune française paumée rencontrée par hasard, un voyage vers la ville de Mytilène, sur l’île de Lesbos. et découvrir la musique locale, l’espoir et le plaisir de partager.
Comme dans tous les films de Gatlif, Djam parle d’exil, mais dans des directions différentes de celles qu'on voit dans l’actualité…
Le film est en effet avant tout un bien bel hommage à la musique rebetiko, une musique que Gatlif a découvert il y a plus de trente ans en tournant les Princes et qui symbolise le déchirement quepeut engendrer un exil : le film nous montre à quel point partir de son pays est une déchirure. : en quittant la Turquie pour la Grèce, les exilés ont formé une nouvelle forme de culture dont le rebetiko est la belle illustration, et qui porte en elle des mélanges de différentes cultures, un peu comme l'est le blues.
Le rébetiko est ancien, mais il dit de manière quelque chose de profond sur l’immigration d'aujourd’hui, tel que veut la raconter Gatlif.
Avec ce vibrant "Djam", Tony Gatlif parvient à nous montrer à quel point le chant et la danse enracinent les peuples dans leur culture et les aident à être plus forts, à ne pas les abandonner à la fatalité.
Si le scénario est un peu mince et sert surtout de pretexte à une ballade enfiévrée et rythmée, on aime que la narration s'articule sur des moments musicaux d'une grande beauté et mis en valeur par la révélation du film.
Cette trouvaille de Gatlif, c'est Daphné Patakia , qui, par une présence lumineuse et magnétique, réussit pleinement à donner vie à un personnage bien dans la lignée des précédentes héroines des films de Tony G, mais en moins hystérique, et avec une révolte jamais violente et toujours bienveillante.
Bel hymne à la musique à la danse et à la liberté, Djam est du pur concentré de Tony Gatlif, mélange de gaîté et de nostalgie, et qui n'élude pas pour autant les difficultés individuelles et collectives que peut traverser la Grèce d'aujourd'hui, notamment à travers un personnage que croisera les deux routardes dans leur périple, un grec totalement endetté et qui a tout perdu sauf sa fierté et sa dignité.
Car les personnages des films de Gatlif ont beau courber l'échine, ils ne rompent jamais devant les injustices et la toute puissance du capitalisme et tant qu'il leur reste la solidarité et la musique, tout espoir n'est pas perdu.
Un film, à l'image de son héroine, plein d'humanité et d'énergie, à la fois libre et imprévisible, qui apporte une vraie bouffée de fraicheur dans cet été cinématographique qui en a bien besoin.