Actu Vidéo : L’AIR DE LA MER REND LIBRE de Nadir Moknèche
On aime bien Nadir Moknèche, un des tous premiers réalisateurs qu'on a eu chance d'interviewer pour le site voilà déjà plus de dix ans.
Entre Delice Paloma, Lola Pater et Viva Laldjérie, dans lequel il filmait les tribulations d'une jeune femme en quête d'émancipation sexuelle dans une société conservatrice, Nadir Moknèche continue d'esquisser des personnages musulmans en conflit avec leur communauté.
L'air de la mer rend libre, son sixième long-métrage, s'inscrit dans la continuité de ses précédents et propose des façons de casser un tabou et de libérer une parole entravée par une éducation trop rigide.
Le film laisse filtrer un beau message de tolérance, et le fait dans un mode ni grandiloquent, ni militant ni vindicatif, mais personnel et intimiste, soulignant que c’est à chacun de faire un pas vers l’autre, individuellement.
En s'attachant à montrer un personnage gay arabe sans clichés et qui ne soit surtout pas réduit à sa sexualité, L'air de la mer rend libre nous plonge dans une histoire d'amour rendue complexe par l'homosexualité de Saïd, où l'on verra que l'on peut vivre son identité sans nier celle de l'autre.
Le drame est toutefois narré avec une certaine décontraction, grâce, notamment, au son de la trompette qui traverse le récit de part en part et qui émane de Vincent, l’amant de Saïd.
Conflit des générations
Ce récit de vie contemporain et empreint d'humanité confronte les générations, et questionne le fossé entre respect des traditions et désir de liberté.
La hantise du rejet tourmente souvent les personnages, et ici particulièrement les parents de Saïd.
Saïd se retrouve en effet aux prises avec des parents qui tiennent avant tout à leur statut de bourgeois intégrés et refusent de voir leurs enfants « mal tourner » selon leurs propres critères.
Dans la peau de Saïd, l'acteur Youssouf Abi-Ayad, vu au théatre notamment chez Christophe Honoré, affiche un mystère et une lumière qui donnent une vraie force au personnage central.
A ses cotés, Kenza Fortas (vue dans Shérazade ou Bac Nord) campe une émouvante Hadjira en jeune fille au cœur brisé, qui entre dans le mariage et la foi sans trop réfléchir.
Un beau personnage féminin comme d'ailleurs le sont les autres personnages féminins secondaires de ce film sensible et nécessaire.
L’AIR DE LA MER REND LIBRE de Nadir Moknèche en DVD le 6 février - Pyramide videoavec Youssouf Abi-Ayad et Kenza FortasSuppléments:Entretien du réalisateur et de l’équipe du film (par Cin’écrans - 18mn)Epilogue coupé au montage
en DVD le 6 février - Pyramide video