Double piège, Harlan Coben : le maitre de nos nuits blanches revient en force et en forme
"Les seuls moments où les gens défilent devant vous, c’est aux mariages et aux enterrements. Cela ne manquait pas de piquant, mais Maya n’avait pas le cœur à rire. Impossible de dire combien ils étaient, mais cela prit des heures. Les gens avançaient l’un après l’autre comme dans un film de zombies où, quand on en tue un, on en voit surgir dix."
En 2013, lors d'une édition d'un festival "Quais du polar" qui n'avait sans doute pas encore l'ampleur qu'elle a pris ces dernières années j'avais eu l'occasion d'y faire une rencontre exceptionnelle et privilégiée avec "le maitre de nos nuits blanches" (comme lui-même aime à se nommer), qui a vendu a vendu plus de 70 millions de livres dans le monde ( un chiffre incroyable qu’on a du mal à matérialiser et lui aussi visiblement), j'ai nommé Harlan Coben en personne.
Et figurez-vous que j'ai eu l'occasion de refaire pas plus tard que mercredi matin une seconde rencontre exceptionnelle et privilégiée avec "le maitre de nos nuits blanches" puisqu’en compagnie de quatre journalistes, je suis allé l’interroger dans le très bel hôtel parisien en plein Saint Germain les prés, où il réside pendant ces trois jours de tournée promotionnelle de son dernier livre sorti depuis hier en France, Double piège ("Fool me once" en anglais).
Évidemment, mes séjours dans la capitale sont suffisamment rares pour refuser une telle opportunité de rencontrer, pendant une bonne heure une des rares icones vivantes du roman policier, et cela m’aura permis d’avoir toutes les réponses aux questions que je pouvais me poser sur lui et sur son dernier roman en date.
Je reviendrais plus longuement très prochainement sur cette interview et les réponses que Monsieur Coben, évidemment pro et totalement roué à l’exercice, nous a délivré à cette occasion, mais dès aujourd'hui, en ce vendredi lecture, attardons plus longuement sur nouveau cru 2017 de la cuvée Coben –qui nous donne parfois de ces nouvelles deux fois par an car il faut reconnaitre que Double Piège, qui, après deux trois romans précédents un peu paresseux et prévisibles, est une indéniable réussite et un polar particulièrement efficace et terriblement bien ficelé.
Alors qu’elle vient de perdre sa sœur, assassinée quatre mois auparavant, Maya Meyer doit désormais enterrer son mari, victime, en sa présence, d’une agression mortelle survenue en plein Central Park.
Sur les conseils d’une amie ( mais peut on faire confiance à une amie dans un livre de Coben ? ;o), Maya a installé une caméra de vidéo-surveillance pour vérifier les faits et gestes de la nounou de sa fille de deux ans, et c’est là qu’à sa grande stupeur, elle croit reconnaître son défunt-mari sur l’un des enregistrements.
Mort ou vivant, Joe était-il bien l’homme que Maya pensait connaître ? La frontière entre vérité et illusions n’aura jamais semblé si floue. La jeune veuve plonge dans les zones d’ombre du passé… et forcément cette (en)quête se fera à ses risques et périls.
On le voit avec ces quelques lignes de présentation : Harlan Coben conserve les ingrédients habituels qui ont largement contribué à son immense succès : une disparition brutale d’un être aimé et un héros-héroïne- en plein doute et qui va peu à peu apprendre des secrets et des révélations sur son conjoint avant de s’apercevoir que l’on ne connait jamais vraiment ceux qui partageant sa vie.
Sur cette trame bien connue des admirateurs de l’auteur, Coben va doser savamment quelques coups de théâtre prompts à ne jamais relâcher l’attention du lecteur, comme dans tout digne page turner digne de ce nom.
En prenant comme personnage central une ex militaire, qui a quelques morts tués au front sur la conscience, le maitre de nos nuits blanches aborde le thème du stress post traumatique pour les soldats mais plus dans l'optique de servir le rythme et les péripéties que sous un angle de témoignage ou dénonciateur
Par ailleurs, le livre accorde aussi une bonne partie aux lanceurs d’alerte à la Snowden, toujours dans la tradition des romans de Coben, qui depuis maintenant 15 ans, ont toujours utilisé les nouvelles technologies et ses dérivatifs comme toile de fond.
Tous ces ingrédients mis bout à bout pourrait sembler indigeste or, il n’en est rien, tant "Double piège "s’avère être prenant et maitrisé de bout en bout, et surtout sait ménager un dénouement vraiment inattendu que mêmes les inconditionnels des romans de Coben n’aurait pu deviner.
Un dénouement que je ne dévoilerai évidemment pas, car Harlan lors de notre rencontre a été très clair la dessus : ce qu’il aime avant tout, c’est de surprendre le lecteur, et pour cela, autant en savoir le moins possible et se plonger avec grand plaisir dans cet excellent "Double Piège"..
*Double piège Harlan Coben, Belfond, 368 pages, 21,90E