Festival Lumière 2017 : Focus sur William Friedkin un des grands maitres du cinéma américain
Entre autres rencontres exceptionnelles , le Festival Lumière, lieu de célébrations de tous les cinémas, propose une rencontre exceptionnelle avec l'un des grands monstres d'Hollywood, William Friedkin, qui est aussi un homme de culture, metteur en scène d'opéras méritait bien cette consécration .
« Orson Welles a déclaré que faire un film, c’était comme jouer avec le plus gros train électrique qu’un gamin ait jamais eu. C’est littéralement ce qui s’est passé sur le tournage de « French Connection ». Certaines des choses que j’ai faites n’auraient jamais pu recevoir l’aval des studios. J’ai mis des vies en danger. Je le dis avec plus de honte que de fierté car aucun film ne vaut la peine de prendre ce genre de risques.
Ceci étant dit, le niveau de danger atteint sur « French Connection » était le plus élevé possible. Si quelqu’un avait été blessé - ou tué-, je serais en train d’écrire ce livre dans une cellule de prison. »
Qui est réellement William Friedkin? Avant tout un cinéaste aux énormes succès populaires (French Connection, L'Exorciste), aux films plus audacieux (Le Convoi de la peur / Sorcerer d'après Clouzot, La Chasse) et à la carrière passionnante.
Il débute sagement comme technicien pour une chaine de télé locale à Chicago, il a 25 ans et son enthousiasme lui fait rencontrer les bonnes personnes.
La réalisation d’un documentaire choc qui permet à un condamner à mort d’échapper à la chaise électrique : « People vs Paul Crump » lui ouvre les porte d’une grande agence.
Une des particularités de Friedkin c'est sans doute qu'il ne fait aucune école, il apprend en réalisant et en mouillant la chemise. « Les hommes audacieux » une série pour laquelle il pénètre dans une cage aux lions avec le dompteur (qui se fera dévorer un bras six mois plus tard), il se fait couper une cigarette en bouche par un six coups, William le petit garçon juif a l’audace des timides, il commence sa vie de cinéaste en frôlant la mort.
Cet apprentissage imprègne toute son œuvre.
On rencontre beaucoup de monde dans cette autobiographie : Hitchcock, Sonny and Cher…Coppola, Spielberg, Lucas tout ce qui fait Los Angeles en cette fin de XXe siècle, et bien sur une foultitude d’anecdotes de tournage. La rencontre d’Harold Pinter le dramaturge prodige du Swinging London, la complicité avec Mart Crowle, l’auteur Off Broadway des « Garçons de la bande ».
Hé oui, le réalisateur le plus urbain, le plus âpre, le plus violent, le plus réaliste des années 70’s a débuté au cinéma en adaptant des pièces de théâtre difficiles. S’effacer devant son sujet, la mise en scène au service du scénario : simple et efficace.
« Friedkin Connection », sa biographie récemment est plein de petites histoires de tournage qui raviront les cinéphiles : Fernando Rey et Gene Hackmann engagé sur des malentendus pour « French Connection » son film au cinq Oscars, le travail de recherche des effets spéciaux sur « L’exorciste ». Le choix et le casting de Linda Blair est assez croquignolet.
L’influence de « Cent ans de solitude » sur son remake du « Salaire de la peur » et le comeback des dernière années avec « Bud » et « Killer Joe » deux adaptations théâtrale comme un retour aux sources….
Friedkin, le plus américain des cinéastes, fut influencé par Antonioni, Bergman, Fellini et la nouvelle vague française et surtout il était reconnu comme un grand admirateur d’Henri-Georges Clouzot (dont le festival Lumière rend aussi hommage cette semaine, on en reparle vite) dont il apprécie la capacité à jouer avec les nerfs du spectateur
Cinéaste un brin provocateur, , c’est précisément avec l’échec public de son remake du Salaire de la peur, Le Convoi de la peur
réalisé en 1977, il perd une bonne part de son aura à Hollywood
Allez écouter Friedkin dans sa master class demain car sachez que l'homme ne nous parle que de ses films, de ses espoirs, de ses déceptions, de son amour du risque et de la provocation. William Friedkin une grande gueule parfois peu aimable mais sincère et diablement intéressante.
NUIT WILLIAM FRIEDKIN
French Connection (1971, 1h44) puis Le Convoi de la peur / Sorcerer (1977, 2h01) puis La Chasse (Cruising, 1980, 1h42, int. -16 ans) puis L'Exorciste (director's cut) (The Exorcist, 1973, 2h02, int. -12ans) Institut Lumière ve 20 à 21h30 Avec animations et extraits. Bar et restauration légère. Café-croissant offerts au petit matin.
MASTER CLASS Rencontre avec William Friedkin animée par Samuel BlumenfeldComédie Odéon je 19 à 15h
Modérateur : Samuel Blumenfeld