La mise à nu, Jean Philippe Blondel :un roman pudique et nostalgique
"Nous passerons près de vingt ans ensemble. Nous aurons deux filles. Nous nous séparerons sans cris ni heurts. Un jour, alors que la soixantaine approchera dangereusement, nous tournerons sur la rocade une partie de la nuit, en écoutant une radio dédiée aux grands succès des années précédentes et nous comprendrons que, quoi qu'il arrive, nous sommes indéfectivement liés l'un à l'autre."
La mise à nu qui vient de sortir chez Buchet/Chastel est l'œuvre d'un auteur dont j'ai lu quasiment toutes les productions depuis une dizaine d’années , à savoir Jean Philippe Blondel.
Écrivain à 50% de son temps et prof d'anglais troyen dans les 50% restants, Jean Philippe Blondel a publié son premier roman il y a maintenant près de 20 ans ans, Accès direct à la plage', qui avait connaît un grand succès de librairie et qui installait l’univers de cet auteur plus à l’aise à mon sens dans l’intime et le personnel que dans les grandes envolées romanesques.
Cela faisait trois ans qu’on n’avait pas eu de nouvelles de lui, et malheureusement sa dernière livraison Mariage de Saisons ne m’avait pas vraiment convaincu avec des personnages peu crédibles et des situations trop artificielles.
Heureusement le titre de son nouveau roman paru en cette rentrée hivernale de 2018mettait sur la voie du retour à sa veine la plus personnelle et plus psychologique et c’est effectivement le cas, cette « Mise à Nu » possède bien une dimension introspective et mélancolique qui touche profondément le lecteur.
« Ce soir-là ne ressemblera pas aux autres. Qui aurait cru, lui le premier – que les mondanités viendraient l’extraire de sa petite routine qui peine à le quitter? Cette invitation-là, il ne l’attendait pas. Elle l’a pris par surprise. »
Un professeur d’anglais (tiens donc), un peu désillusionné à la veille de ses 60ans ( bon Blondel en a quand même 10 de moins) , voit à l’occasion d’un vernissage sur son chemin revenir un ancien élève jadis effacé devenu peintre célèbre et porteur d'une demande pour le moins incongrue qui fera remonter pas mal de souvenirs à la surface
Ce récit sera donc l’occasion pour Blondel de faire le bilan existentialiste de l'existence d’un personnage qui semble lui ressembler pas mal et qui surtout recouvre pas mal de ses obsessions et passions : les voyages, la peinture, le Royaume UNi, l'enseignement... .
Une écriture pudique, et une vraie et belle empathie pour ses protagonistes font le sel d’une jolie histoire où littérature, nostalgie et peinture se mélangent habilement.
Jean Philippe Blondel nous propose pour cette rentrée 2018 un beau portrait d’homme qui doute, au cours d’un roman intime et tendre- dont la fin un peu abrupte frustre cependant un peu- qui peut faire réfléchir le lecteur sur le sens de sa vie et le chemin qu’a a pris sa destinée, à la fois si proches et si différents de ses rêves de jeunesse .
Parution le 4 janvier 2018 – 252 pages
La mise à nu, Jean-Philippe Blondel (Buchet-Chastel)