Mother! l'expérience éprouvante et hors des sentiers battus de Darren Aronofsky
Après "Noé" , gros blockbuster commercial indigese qui n'a pas convaincu grand monde, Darren Aronofsky revenait l'an passé au cinéma radical et d'auteur qui a fait de lui un des grand espoirs du cinéma et y reprenait, par la même occasion ,les codes d'un genre qu'il avait commencé à s'appropier dans Black Swan, celui de l’épouvante baroque où sont abolis les derniers liens avec le réel.
Alors que le film était tès attendu par beaucoup, tant la rencontre entre le si talentueux cinéaste de "Requiem for a dream "et l'un des actrices incontournables de ces dernières années, Jennifer Lawrence recelait de promesses en tous genre, le film s'est fait largement étriller par les critiques et le public qui sont sortis soient déboussolés , soient exaspérés par une expérience assez hors norme dont le sens profond peut échapper à un certain nombre de spectateurs.
Darren Aronofsky construit, avec ce mal aimé « Mother ! », un thriller radical et dantesque, dans lequel nous nous laissons emporter avec Jennifer Lawrence, assez formidable en maters dolorosa particulièrement malmenée.
On y est plongé en ressentant le même effroi que ce que ressent son personnage, autour de thèmes particulièrement anxiogènes autour des conséquences du narcissisme, la sacralisation qui mène à la destruction, la paranoïa, mais aussi la création littéraire, la peur de l'étranger, le fanatisme, la maternité, la violence de l'emprise psychologique, le tout agrémenté de visions hallucinatoires - une constante dans la filmographie Aronofsky- e allégories représentant le sexe et la religion, et de multiples obsessions qu'on sent baignées tout le long d'une atmosphère particulièrement retorse et chaotique.
On sent, tout au long du film, surtout dans ses deux premiers tiers, planer l'ombre des premiers grands films de Roman Polanski (notamment Repulsion, Cul de Sac ou Rosemary's Baby) ou pour des exemples plus récents l'étonnant High Rise de Ben Wheatley.
Techniquement très maitrisé, cet home invasion nous entraine dans une descente aux enfers particulièrement brutale et cauchemardesque qui perd souvent le spectateur à force de démesure, mais qui a le grand mérite de le faire sortir des sentiers battus, l'entrainant souvent.dans la demesure et une folie finale pour le moins apocalyptique.
De ce puissant conte allegorique moderne, les tentatives d'explications peuvent être multiples, d'une interprétation psychologique ( une schizophrène contre un pervers narcissique) à une plus biblique et mythologique ( voyant un Dieu créateur et la terre nourricière et avec des personnages mythologiques illustres comme Abel et Cain), et le manque de clareté quant à sa signification profonde pourra aisément laisser perplexe de prime abord , d'autant plus que la troisième partie, plus hystérique que les deux précédentes, n'évite pas la redite et la redondance.
Mais force est de reconnaitre que l'auteur de The Wrestler pousse son cinéma et les spectateurs dans ses retranchements, accouchant - c'est le cas de le dire- d’une œuvre radicale baignant dans la symbolique et la force symbolique et assez envoutante de sa mise en scène ne pourront laisser indiffererents le spectateur qui ose s'y abandonner .
Cette expérience inédite et éprouvante n'est certes pas exempt de défauts, mais nous aura , en tout cas , semblé bien plus dense et passionnnante que d'autres longs métrages radicaux et bien plus minimalistes et surtout bien plus encensés en 2017 par la critique on pense à le si vain"'A beautiful day ", le tant ennuyeux Song to song ou encore le calamiteux " A ghost story.".
Elle reste surtout une oeuvre qui montre que le regard implacable d'Aronofsky n'a pas fini de diviser, mais surtout de captiver.
EN BLU RAY/ DVD DEPUIS LE 23 JANVIER 2018 CHEZ UNIVERSAL PICTURES
Pour trouver toutes les explications à ce film qui nous laisse avec pas mal de mystères insondables, vous pouvez aller faire un tour sur cet excellent article.