La fête est finie : un très beau film d'amitié et de résistance !!
Il y a deux semaines, j'ai eu la chance de rencontrer la cinéaste Marie Garel-Weiss, venue présenter sur Lyon son premier long métrage "la Fête est finie", en compagnie de ses deux formidables jeunes actrices, Zita Hanrot (César du Meilleur espoir 2016 pour son rôle dans Fatima) et une formidable révélation, Clémence Boisnard, tout juste 19 ans.
Lors de cette rencontre (dont le compte rendu est à venir sur le blog), Marie Garel Weiss, qui a longtemps été seulement scénariste, notamment du film "Atomik Circus" des frères Poiraud) a confessé que le récit de son premier long puisait dans des inspirations largement personnelles.
En effet, la jeune fille de 19 ans , paumée et junkie au début du film, personnage principal de son film qui cherche à sortir de sa dépendance toxicologique, est largement inspirée de son parcours personnel, et il était important pour elle d'accompagner totalement ce film en le réalisant, et en l'écrivant, mais cependant en s'aidant d'un co-scénariste, Salvatore Lista qui a réussi à lui faire prendre la dstance nécessaire à ce sujet si intime.
C'est certainement parce qu'elle a vécu dans sa chair cette histoire de désintoxication à la drogue que sa "fête est finie"- on appréciera l'ironie d'un titre, qu'Oreslan a particulièrement mis en lumière ces dernières semaines aussi- dégage une telle intensité et une telle sincérité dans la conduite de son récit.
La primo-cinéaste signe ainsi une chronique aussi bouleversante que réaliste et aborde son délicat sujet en évitant à la fois l'écueil de la complaisance et celui de la frilosité.
Et si la dimension sombre du sujet n'est pas éludée, jamais la cinéaste n'insiste sur les ravages, notamment physique que cause la drogue, et surtout cela n'empêche pas pour autant des séquences plus solaires, où l’espoir et la solidarité ne sont jamais bien loin.
Le sujet central du film de Marie Garel-Weiss n’est pas tant la chute liée à l’addiction et la dépendance, mais plus l’espoir de s'en sortir et de tenter de se reconstruire, à travers une problématique forte et rarement abordée sous cet angle là : comment la dépendance émotionnelle peut se substituer à la dépendance toxologique.
Cette dépendance émotionnelle prend la forme d'une amitié totalement fusionnelle entre deux filles, Sihem et Celest, qui sont les "béquilles émotionnelles" respectives tant elles s'entraident, tombent et se relèvent (ou non) ensemble.
Cette relation, qui n’est pas sans rappeler celle de "La Vie Rêvée des Anges" d’Eric Zonca, LA référence du genre sur le sujet, est autant montrée dans sa dimension positive que destructrice et sans manichéisme ni stéréotype, d'autant plus qu'elle est portée par son tandem de comédiennes exceptionnelles et extrêmement complémentaires (Zita Henrot calme et déterminée du moins en apparence face à une Clémence Boisnard, dont l'énergie et la spontanéité crêve littérallement l'écran).
A mi parcours, le film bifurque sur des rails peu attendus, et quitte le quotidien dans le centre pour nous montrer comment le parcours de reconstruction peut prendre forme dans la vie "réelle" et comment, cette amitié à la vie à la mort a autant de chances de les perdre que de les faire sortir de leur spirale de souffrance.
Ses deux sublimes héroïnes, Marie Garel-Weiss les filme avec une compassion et une absence de jugement qui les rend mémorables.
Bouleversante chronique tenue par un souci permanent d'authenticité, La Fête est Finie est une invitation qui arrive mercredi prochain sur nos écrans et qu'on aurait grandement tort de décliner.