Notre enfant : un drame moral puissant et poignant sur la maternité
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs 2014, Refugiado était un beau drame intimiste argentin qui naviguait entre deux genres: mi-thriller mi-drame social.
Pour son nouveau film "Notre enfant" , sorti en salles mercredi dernier et qu'on avait pu découvrir à l'occasion des derniers reflets du cinéma ibérique et latino américain le cinéaste argentin Diego Lerman ,qui signe ainsi son déjà septième film ( tous ne sont pas arrivés sur nos écrans, hélas) reprend un peu la même démarche et les même éléments de façon encore plus approfondie et encore plus convaincante.
Dès les toutes premières images de son films- une jeune femme (l'exceptionnelle et sublime Barbara Lennie, découverte dans La nina de Fuego, où elle était déjà formidable) qui attend dans une voiture, la nuit, sous une pluie battante, les yeux visiblement mouillés d'avoir fondu en larmes- le cinéaste argentin happe le spectateur pour ne plus le lacher au long d'une intrigue aussi haletante qu'inattendue .
Conte moral sur le besoin et le désir d'être mère, sur fond de lutte des classes, entre une mère aux abois, démunie à tous les niveaux et cette femme dans la voiture que son statut désigne comme riche, mais qui ne peut avoir d'enfant, et qui s'affirme aussi déterminée qu'isolée et impuissante, Notre Enfant est une oeuvre aussi percutante que dérangeante qui aborde notamment le thème o combien douloureux de l’exploitation sociale liée à la pratique des mères porteuses.
Le spectateur est souvent perdu dans ce récit filmé caméra à l'épaule avec une energie énorme, et voit des informations cruciales lui arrivet par bribes et de façon parcellaires avec même quelques zones d'ombres à la fin qui pourra au choix soit déconcerter s'il aime avoir avoir toutes les pièces du puzzle, soit flatter l'intelligence de celui qui aime bien ne pas avoir toutes ,les pièces du puzzle à reconstituer.
Sans apporter de jugement ni point de vue moral qui rendrait le film indigeste (le fameux syndrome d'un film" dossiers de l'écran" , Diego Lerman, qui a tenu à tourner dans une région en Argentine où les maternités véreuses et vénales pullulent, apporte ainsi une authenticité et une pertinence à un propos assez édifiant.
Traversé de quelques fulgurances de mise en scène (ce vol de sauterelles terrifiant presque, hitchcockien), "Notre enfant" est un film formidable, à sauver parmi les quelques fonds de tiroirs qui sortent actuellement juste avant Cannes.