Rentrée Littéraire 2018 : Trois romans étonnants à découvrir parmi la pluie de nouveautés !
Bon, on le reconnait de bonne grace : on n'avance pas beaucoup sur la rentrée littéraire, car cette semaine, on a surtout privilégié l'actu cinéma et parlé assez peu de livres, profitons donc de ce vendredi lecture pour rattraper le coup alors...
Après le récit fort et puissant d'Olivia de Lamberterie chroniqué mercredi soir, voici qu'on vous présente trois nouveaux romans qui sortent en cette rentrée et qui nous ont intrigué, chacun pour des raisons différentes :
1. Sergent Papa: l'acteur Marc Citti ose un roman rock et touchant
" Tout à ses associations d'idées, Mathieu s'empare de son portable et se fend par texto d'un très élliptique: - "Life on mars? "adressé à Antoine.
Il ne faut pas plus de quelques secondes pour qu'un message s'affiche en retour sur son écran: "the wind cries Mary?" or no one, murmure t -il. Puis il se lève, expédie d'une pichenette son mégot sur le bitume et disparait dans la nuit."
Nous ne ferons pas l'affront de considérer le comédien Marc Citti comme un comédien à la "carrière très essoufflée", comme le quatrième de couverture de son premier roman présente son personnage principal, mais force est de constater qu'il semble y avoir pas mal de similitudes entre son (anti) héros et ce que l'on connait de la carrière de ce comédien.
Un comédien que l'on voyait beaucoup au cinéma ou sur les planches dans les années 90 , chez Desplechin ou chez Chéreau et dont la carrière semble avoir été un peu ralentie ces dernières années, même si l'homme a pris un virage dans l'écriture avec trois pièces de théâtre et un récit hommage à Chéreau justement ces dernières années ...
Pour son premier vrai roman, Citti tente - et réussit- la chronique intimiste et donc plus ou moins autobiographique avec l'histoire de ce comédien cinquantenaire qui a un peu de mal à communiquer avec son rejeton, jeune musicien de rock surdoué à la carrière, elle, à son apogée.Un père et son fils à deux moments phare de leur vie et un chemin qui a bien du mal à se croiser.
Une relation tout en pudeur et en non dits qui dit pas mal de choses sur l'incommunicabilité entre les êtres et un amour qui dit mal son nom..
Un roman doux, sincère, sensible et pudique, (parfois même un peu trop pudique), et qui témoigne surtout d'un amour immodéré de son auteur pour la musique et le rock anglo saxon., avec parsemé au gré du livre, beaucoup de références musicales plairont aux fans, et ils sont nombreux, de rock'n'roll des années 1970!
Sergent Papa, Marc Citti, Editions Calmann Lévy, 160 pages, 16€.
2 La Massaia.;Paola Masino : Madame Bovari., héroïne d'un classique de la littérature italienne féministe et surréaliste
Classique de la littérature italienne jusqu'à présent , jamais publié en France : La Massaia, de Paola Masino est une fable littéraire, féministe et anticonformiste, écrite sous l’Italie fasciste de Mussolini.
llustration romanesque de la phrase de Simone de Beauvoir :”On ne nait pas femme on le devient”, le roman de Paola Masino pourrait être le pendant italien du “ Deuxième sexe”, sauf que contrairement au chef d'oeuvre de Madame De Beauvoir on n'a pas ici à faire avec un essai, mais une vraie oeuvre littéraire audacieuse qui empreinte à tous les genre
C'est aussi peut-être la limite du roman, cette tendance à aller dans tous les sens et tous les genres et du coup échapper à toute classification : est-ce un journal intime, une pièce de théâtre, une fable surréaliste- sans doute un peu trop surréaliste si l'on n'est pas fan du genre ou bien encore un pamphlet féministe.??..
Si l'on se laisse emporter par la force du sujet et le style (trop?) puissant et sure de l’écrivaine on découvre un roman audacieux et politique sur la condition féminine et la société patriarcale du XXe siècle...
Un roman féministe oui! Et alors? Comme l’était en son temps “Madame Bovary” et à notre époque” La servante écarlate” ... La Massaia,c'est plutôt Madame Bovari.. avec le "i" de l'Italie, quoi ! .
3 L'atelier, Sarah Manigne: un roman sensible sur la création et les liens filiaux
"Mon père a souvent peint Educhka en petite fille malicieuse lovée sur une liseuse. Sa tête repose sur un tendre coussin de soie, sa main droite est refermée sur un ours en peluche. Ce n’est pas moi, son enfant, qu’il peignait. C’était elle sa petite fille. Je suis, depuis ma naissance, plus âgée que ma propre mère."
Le premier et court roman de Sarah Manigne, L'atelier, questionne avec ce qu'il faut de pudeur et de sensibilité la relation entre un père artiste et sa fille, qui elle aussi aimerait beaucoup peindre.