Baz'art  : Des films, des livres...
29 avril 2025

LES REGLES DE l'ART AU CINEMA/ ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE BAUMARD

Le 4 avril dernier, dans le cadre du festival Quais du Polar,  le réalisateur Dominique Baumard- auparavant aux commandes avec Mouloud Achour du très mauvais Les méchants- était à Lyon pour présenter son dernier film « Les règles de l’art », une comédie policière lauréate du Prix spécial du jury au festival de l’Alpe d’Huez 2025 (retrouvez notre critique sur le film ici même).

Rencontre.

 

 

Comment est né ce projet ?


Il me vient de Benjamin Charbit, mon coscénariste, qui en 2017, avait suiv ile procès
du cambriolage du Musée d’Art Moderne de la ville de Paris aux côtés d’Olivier Bouchara, un journaliste qui a ensuite écrit un long article fouillé dans Vanity Fair dont on s’est inspiré.


Ils ont rencontré le voleur qui comparaissait libre et quelques années plus tard, lorsqu’il m’a raconté cette histoire, je l’ai trouvée tellement folle que je m’y suis plongé pour en connaître tous les détails.

Ayant réussi à nous procurer le dossier d’instruction, Benjamin et moi avons épluché des milliers de pages de procèsverbaux, de retranscriptions de conversations téléphoniques, d’interrogatoires ou de photos de reconstitutions comme celle qui montrait, étape par étape, la destruction des tableaux.


Pour nous, c’était une mine d’informations qui nous a permis de réutiliser des dialogues entiers, des échanges de SMS, avec cette idée de retracer le fait divers avec le plus de précision.

 

 

 

Qui sont les protagonistes principaux de cette histoire ?

 

Nous sommes partis de l’idée que pour créer une œuvre d’art, il faut un artiste, un marchand, un amateur d’art et nous avons eu envie de décaler un peu les choses en faisant du voleur, l’artiste.

Comme le peintre, le cambrioleur a un rapport matériel et physique au tableau : il sait combien il pèse, quelle place il prend, etc. Le marchand, lui, a un rapport pécuniaire à l’objet: il estime immédiatement combien il peut l’acheter et le vendre.

Quant à l’acheteur, il a un rapport presque mystique à l’œuvre : pour lui, avoir un Modigliani, c’est aussi posséder l’aura de ce tableau.

 

 

Ces trois protagonistes offrant trois regards différents sur ce qui s’est passé et ouvrant trois trajectoires, il fallait réfléchir à la façon dont on ferait circuler l’histoire entre toutes ces pistes.

Plusieurs versions de scénarios retraçaient l’intrigue selon chaque point de vue jusqu’à ce qu’on mélange tout en gardant Yonathan comme personnage central.

Si l’on a fait ce choix, c’est parce qu’en étant étranger à ce milieu, il permet au spectateur d’entrer avec lui dans l’histoire.

 

Comment avez-vous pensé la construction de votre film ?

 

Le cambriolage n’est pas très spectaculaire mais il reste fascinant. Le film raconte surtout la suite de ce vol et ce qu’ils vont faire de ces tableaux.

Le long-métrage s’est construit sur la relation entre cet expert en montres, qui n’a rien à voir avec cette histoire, et le receleur qui tient une boutique d’achats-reventes. Leur relation est très étonnante.

C’est vraiment le récit de cette affaire vu par le personnage joué par Melvil.

 

Melvil Poupaud, Sofiane Zermani,Steve Tchientchieu. Pouvez-vous nous parler du casting  particulièrement hétéroclite?

 

Melvil je le connaissais d'avant le tournage. Je savais qu’il avait un goût pour la comédie et qu’il avait vraiment envie de s’y essayer. Il a un talent presque burlesque qu’il n’avait jusqu’ici jamais trop exploré.

Sofiane, je ne l’avais vu que dans des rôles fermés dans des films d’action. Sur « Les règles de l’art », il joue un embobineur de génie qui parle très vite. Il est excellent dans ce rôle-là.

J’ai rencontré Sofiane autour d’un café, et en quelques secondes, il était évident qu’il était Moreno. Son débit de paroles, l’énergie qu’il dégageait… C’était lui.

C’était excitant de se dire, en l’observant, qu’il était le personnage.

Et comme il n’avait pas vraiment exploré cette facette de lui au cinéma, il était content de pouvoir s’y essayer.

 

J’étais très anxieux de la relation entre Melvil et Sofiane qui ne se connaissaient pas avant, car tout le film tient là-dessus. Lors des répétitions, ils ont assez vite matché. Sofiane a un vrai bagout mais il n’a pas la carrière de Melvil. Un équilibre s’est rapidement trouvé entre eux.

Steve Tientcheu, c’est un acteur que je connais depuis très longtemps et je l’ai imaginé assez vite dans le rôle du voleur parce que je voulais qu’on ait une empathie immédiate avec le personnage. Steve a une sorte de physique de gros nounours, il dégage une humanité immédiate.

Ce personnage est pour moi le plus lumineux de l’histoire et c’est le seul qui fait correctement son travail. J’avais besoin d’un gentil comme lui pour placer le spectateur de son côté à lui : tel un artiste, ses compétences, son cran et sa précision lui permettent de voler un butin de cette ampleur.

 

Quant à Julia Piaton, qu'on a rencontré récemment  vous l'avez choisi pour quelle raison?

 

Julia possède un vrai goût pour la comédie et j’aime sa façon de jouer au présent en cherchant toujours la manière la plus simple de vivre les situations.

Même si c’est la seule vraie adulte de cette histoire, je ne voulais surtout pas faire de son personnage une femme castratrice qui fait la leçon à son mari - c’est d’ailleurs la malédiction de Cobb : à chaque fois qu’il commet une bêtise, il se retrouve face à des gens (sa femme ou la dame de la montre) qui lui pardonnent, rien n’est jamais grave.

Mais Julia incarne aussi une forme de candeur qui lui permet de mettre de la joie dans tout ce qu’elle fait et qui nous apportait un contrepoint essentiel à cette histoire : cela rappelait que d’un point de vue extérieur, personne ne pouvait se douter de ce qui se passait.

 

Où avez-vous tourné ?

Nous avons eu la chance de poser nos caméras dans le vrai Musée d’Art Moderne de la ville de Paris où l’affaire s’est déroulée. 

Le personnel du musée nous a d’ailleurs très bien accueilli. On a pu y tourner deux nuits, une devant le musée et une à l’intérieur où toutes les portes nous étaient ouvertes.

 

Quelles étaient vos exigences en matière d’image ?

Nous nous sommes beaucoup posé la question de la représentation de la nuit au cinéma. 

Le rendu a été peaufiné à l’étalonnage mais dès le début, je ne voulais pas de cet éclairage au sodium qui donne des images assez jaunes car cela ne correspond pas à la vision que j’ai des villes la nuit.

Nous avons donc opté pour des couleurs orange et vertes que l’on retrouve aussi chez Modigliani...

 

Les Règles de l'art », de Dominique Baumard, avec Melvil Poupaud, Sofiane Zermani, Steve Tientcheu...  En salles le 30 avril 2025

Retrouvez notre chronique ci dessous

Merci à Pathé films

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