Pour/Contre : Sybil, l'incompréhensible oubli cannois ou l'incompréhensible présence en sélection?
Après "The dead don't'die", "Douleur et Gloire", "Le jeune ahmed", et ces deux deniers jours, "Rocketman" et "Les plus belles années d'une vie", on continue à chroniquer les films cannois qui sont sortis en salles simultanément avec Sybil, le dernier film français en compétition officielle qui est sorti en salles le 24 mai dernier, soit en même temps que sa projection cannoise...
Et contrairement aux autres, celui ci n'a pas du tout fait l'unanimité à la rédaction de Baz'art, tant et si bien qu'un pour /contre, qu'on avait pas fait depuis plus d'un an semblait vraiment s'imposer..et vous allez voir, dire qu'on était d'accord sur rien est peu de le dire :
POUR : UN CHEF D'OEUVRE DE FINESSE ET D'INTENSITE
Sur les quatre films cannois réalisés par des femmes qui étaient en compétition officielle (un chiffre encore faible, mais néanmoins en hausse par rapport aux années précédentes, un seul n'aura donc pas figuré au palmarès d'Innaritu et son jury : le très beau Sybil de Justine Triet ,dont la sortie en concommitance dans les salles de cinéma nous auront permis d'exprimer ce regret.
On peut néanmoins penser que, contrairement à "Atlantique" ou "Portrait de la jeune fille en feu" , "Sybil" n'aura pas réussi à toucher un jury sans doute à cause de sa portée trop intime, ses questionnements trop centrés autour de l'amour, du désir, et de la création (des thèmes o combien essentielles pour nous pourtant) et moins autour de questions sociales et politiques dont le palmarès de cannes 2019 semble en s'être fait l'écho...
Et pourtant, incontestablement ce Sybil est une réussite à tous les étages et la moindre de ses qualités est de réussir à allier le film français bavard et pscyhologisant de Rohmer à Desplechin au cinéma européen romanesque et un peu "bigger than life," d'Almodovar à Rosselini.
Rares sont les film parviennent à ce point à nous parler avec autant de brio et de justesse de psychologie, des regrets enfouis, des affres de la création, de la jalousie entre soeurs, de la disparition d'un enfant, bref tout simplement de la vie comme on a envie qu'on nous la raconte .
Cette tragi-comédie douce amère, à la construction ingénieuse et intelligente, interroge la pertinence de nos choix de vie, et file la métaphore de la création comme une pulsion particulièrement difficile à juguler.
Justine Triet, sans doute encore plus brillamment que dans "La bataille de Solférino" ou dans "Victoria" (il est d'ailleurs passionnant de voir comment le tandem Triet/ Efira arrive à prolonger les thématiques de "Victoria" tout en s'en démarquant nettement) filme avec intensité toutes ses séquences, notamment les scènes de sexe avec une force et une sensualité qui pourraient rendre jaloux nombre de cinéastes.
Virginie Efira,capable de passer une émotion en un seul mouvement ou en un seul regard, est définitivement l'une de nos plus grandes actrices, et Adèle Exarchopoulos, après quelques prestations en dedans, confirme enfin tous ses espoirs placés en elles depuis la vie d'Adèle..
Les autres comédiens, qui doivent défendre des personnages masculins pas toujours très admirables, sont également formidables, exception faite peut-être de Paul Hamy, qui n'a pas grand chose à jouer et le fait pas très bien..
Mais oublions ce (très leger) petit bémol pour louer toutes les qualités de ce formidable Sybil, vibrant d'émotions en tous genres, et qui est avec le "Douleur et Gloire" et le "Parasite" ( dont nous parleons très prochainement ), le troisième chef d'oeuvre ( pour le moment ) de cette sélection cannoise..
Filou
SIBYL Bande Annonce VF / 2019
CONTRE: UN NAVET IMPROBABLE ET TELLEMENT ENNUYEUX
Quoi? le chef d'oeuvre de la competition cannoise? Filou, il faut vraiment qu'on parle tous les deux , et il faut aussi que je parle à Thierry Frémaux la prochaine fois que je le croise à l'Institut Lumière, car, sincèrement mettre ce film (?) en compétition alors que la sélection est parait-il de grande qualité, s'apparente à une belle héresie, et je pèse mes mots ...
Deux adjectifs seulement me viennent à l'esprit quand je repense à cette projection de Sybil: (totalement) improbable et (encore plus totalement) ennuyeux.
On devine vite quelles sont les références et ambitions de Justine Triet : rendre un hommage au "Stromboli" de Rosselini ou à "Face à Face" de Bergman, mais dire qu'elle en est à des années lumières de ces deux immenses oeuvres est un doux euphémisme...
Bon dieu, que c'est invraisembable, creux et surtout, comme le film n'en finit pas de ne pas finir avec ces dénouements à rallonge aussi idiots et vains les uns que les autres..
Les personnages s'avèrent être tous plus médiocres les uns que les autres, un exemple parmi d'autres, celui de Laure Calamy ( qu'on a connu meilleure qu'ici), calamiteux et très peu crédible, Adèle Exarchopoulos passe son temps à renifler (mon dieu, ce qu'elle renifle!) et Gaspard Ulliel, d'habitude excellent, n'a absolument rien à jouer et est proche du ridicule dans son petit short de bain en éponge...
Quant à Virginie Effira, impossible pour elle de tirer quelque chose de ce personnage assez indéfendable sur le papier ..
Ah ,j'oubliais, dans les influences du film, il y a évidemment celle de Godard et du Mépris puisqu'on y voit un tournage, une île et " mes femmes, tu les aimes mes fesses"., mais c'est pas non plus à la faveur du film de Triet, hélas, trois fois hélas .
Allez, comme j'ai envie de finir sur une note positive cette critique pas très sympa, je sauverais quand même trois choses à ce film : la sublime villa au bord du volcan, la solide prestation de Paul Hamy, et la sobre et délicate Sandra Huller, qui fait dans le film la seuel chose que j'avais très envie de faire aussi: partir à la nage, loin, très loin de ces personnages qu'on a tant envie de fuir..
Michelio