Baz'art  : Des films, des livres...
9 juin 2019

Rencontre musique/ Mes 10 questions à Clarika, une de nos grandes chanteuses françaises !

  A l'occasion de la sortie de son sublime disque "A la lisière" dont nous avons dit le plus grand bien ici même Clarika, l’une des plus belles plumes de la chanson française, nous avait accordé un entretien d'autant plus rare qu'elle n'est pas fan de l'exercice...

Un échange précieux qu'on vous propose de retrouver ici même en ce dimanche de pentecôte :

Interview CLARIKA/ BAZ ART

 

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 Baz'art :  Bonjour Clarika et merci de nous accorder un peu de votre temps, car je sais que l'exercice de la promo n'est pas forcément ce que vous préférez dans votre métier, n'est ce pas?

Clarika : (rires)... Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas accepté cet échange le couteau sous la gorge et ne vais pas répondre par monosyllabe à toutes vos questions..

Disons simplement  que je n'ai jamais adoré cet exercice, comme vous dites, car je n'ai jamais été très à laise avec le fait de devoir tout expliquer, de parler de soi..

Je considère que ce que je pense n’est au fond  pas très intéressant, car ce sont les chansons qui parlent pour moi…

Mais en même temps, sincèrement,   j'ai quand même beaucoup progressé dans cet exercice, j'étais beaucoup moins à l'aise il y a quelques années dans les interviews, je vous assure (rires), j ’ai appris à faire avec les médias qui me soutiennent et à me passer des autres...

Baz'art : Vous dites que vos chansons parlent pour vous et en même temps, vous insistez bien sur le fait que vos textes ne sont pas forcément totalement autobiographiques, comment expliquer ce paradoxe?

Clarika : Bien sûr, de nombreux morceaux de cet album, et du précédent aussi évidemment ("De quoi faire battre mon coeur- qui parlait de sa séparation avec son compagnon et compositeur attitré ) dans celles qui sont un peu personnelles, j’avoue avoir  un peu du mal à tricher avec la vérité.

Je mets beaucoup de choses personnelles dans mes chansons , forcément j'aurais envie de dire, puisque c’est moi qui écrit.

Mais je tiens aussi absolument à ce que cela ne soit pas un journal intime, il est important que ce que je chante n’intéresse pas que moi, cela m'ennuie toujours un peu  de se dire que les gens écoutent les chansons en se disant que ça m’est arrivé.

Ainsi, pour qu'un morceau résonne aussi pour le public, je ne peux pas être centrée uniquement sur ma personne; il est primordial qu'une chanson, pour qu'elle soit réussie,  elle doit exister au-delà de celui  ou celle qui l’écrit.

Il y a une limite que j'essaie de ne pas dépasser, celle de l'impudeur, c'est une frontière subjective évidemment, mais c'est un curseur qui me sert beaucoup dans l'écriture de mes textes...

clarika, à la lisière, interview, mandor

Baz'art : Pour cet album, dix ans après "moi en mieux", qui est sans doute votre plus gros succès (critique et public), vous avez fait de nouveau appel à Florent Marchet.. est ce  que l'origine de cette collaboration est justement pour essayer de retrouver les clés de ce succes?

Clarika Oh non, pas du tout, il ne faut y voir aucune stratégie marketing, c'est pas du tout mon truc,  ça, si je commence à réfléchir en termes de ce qui a marché ou pas, je ne vais pas m'en sortir..

Non, plus simplement, Florent est que j'apprécie énormément  depuis longtemps  aussi bien humainement qu'artistiquement.

J’avais très envie de retravailler avec lui tant j'avais aimé l'experience , mais je ne savais pas trop sous quelle forme

Notre collaboration s’est faite  de façon naturelle, en plusieurs étapes :  je lui ai envoyé quelques  textes (dont "la Lisière") dans le but d'avoir son avis car j'ai énormément confiance en ses conseils , et il m’a répondu dès le lendemain avec des musiques qui accompagnaient ces textes, sans même lui avoir demandé préalablement. 

Très vite, j’ai compris qu’il fallait que ce soit lui qui réalise l'album, je lui ai demandé de faire tout l’album, ce qu'il a accepté immédiatement, et nous avons été rapidement rejoint par François Poggio qui a coréalisé certains morceaux , particulièrement ceux où il y avait besoin de cordes.

Francois est moins connu que Florent mais c'est aussi  un compositeur et arrangeur très doué, il a écrit toutes les cordes et tous les arrangements.

Baz'art : Et qu'est qui vous plait particulièrement chez Florent Marchet, pourquoi cette osmose si spécifique entre vous deux?

Clarika : Ah cela ne s'explique pas forcément ce genre de complicité, c'est le fameux "parce que c'était moi, parce que c'était lui, vous savez ( rires)..

Ce qui est sur c'est que depuis moi en mieux, on ne s’est jamais perdus de vue , on peut même dire qu'on a crée une belle amitié entre nous .

J’ai choisi Florent parce qu’il a cette double casquette, à la fois très classique (il est capable d’écrire des arrangements cinématographiques)..

J'adore la culture musicale très riche qu'il a, une culture très axée pop, plus large que la mienne, mais pas seulement.. Florent a énormément de références musicales et artistiques dans son ensemble, c'est passionnant d'échanger avec lui  et je pense que toutes ces références ont nourri la création de l'album.

Florent amène beaucoup, on a écouté beaucoup de choses, notamment avec François Petiot, le guitariste qui nous a rejoint et qui a coréalisé la partie pop de l’album.

Baz'art : Mais est-ce que vous intervenez aussi dans la partie mélodies,  ou vous laissez totalement libre Florent?  Par exemple pour l'instrumental au début de l’album, qui introduit " la Lisière", et qui fait très musique de film, qui a eu l'idée au départ ?

Clarika :Sur cette chanson, c’est moi qui lui ai demandé de composer une plage musicale sans paroles.

 Il a écrit la chanson, il n’y avait pas d’instrumental, il y’avait une intro. Avant même d’avoir terminé l’album, je me suis dit que cette chanson serait et le titre de l’album et la première chanson. Je me suis dit que ce serait très beau si c’était une introduction qui sonnerait très aérienne.  

Mais, plus généralement, je lui confie des textes et je laisse faire. J’aime bien que ça revienne comme si ce n’était pas moi qui avait écrit la chanson. 

On a passé beaucoup de temps ensemble en studio pour tenter d'aller au bout de nos idées,  et ce fut une période assez merveilleuse et très enrichissante, je dois dire que je ressens même une certaine fierté du travail qu'on a fait ensemble sur ce disque.

Vous savez, je m'occupe certes de la partie texte, mais je reste profondément attachée aux mélodies : quand la chanson me revient, soit ça parle, soit ça parle pas.

 

Baz'art : Toujours à propos de votre collaboration avec Florent Marchet,  je voulais aussi vous parlez du texte qu'il vous  écrit, le seul que vous n'avez pas écrit vous même, "L'azur", qui aborde le thème des migrants.. Pourquoi avoir gardé cette chanson de lui  ?

 Clarika :  En fait, dans "moi en mieux" j’avais déjà écrit une chanson “Bien mérité” où je parlais des migrants, mais vu d'un adulte déjà en France avec un regard un peu ironique.

Cela fait partie des sujets où je me sens impuissante,  et où j’ai une vraie colère. J'en ai parlé avec Florent car je ne savais pas comment écrire dessus, et  Florent a souhaite relever le défi et le morceau qu'il a écrit, L'azur,   m’a tout de suite touchée.

Je sais que je ne l'aurais pas écrite comme cela, il a fallu un peu me l'approprier certes, modifié quelques mots, mais je la trouve vraiment très belle.

J’ai insisté pour  qu’on la mette  à la fin de l’album pour marquer le coup. 

 

Presseclarika3creditsjulieoona

 Baz'art : Concernant un autre de vos titres,  j'aime beaucoup "Même pas peur," premier et formidable clip extrait de l'album  car le trouve qu'il illustre  bien la " méthode Clarika , à savoir cette façon de dire le contraire de ce que l'on pense, à avec un regard entre ironie et bravoure, non?

Clarika : Oui tout à fait, même pas peur, c'est  une chanson avec pas mal de mauvaise foi,un peu comme un gamin effronté,  j'ai envie de dire  «la vie va être géniale», alors que comme beaucoup de gens, j’ai peur.

J’ai envie d’y croire et d’avoir ça dans ma tête plutôt que de sombrer dans la morosité.

Baz'art : Sur la pochette du disque, contrairement à vos disques précédents, vous apparaissez de près,le regard pas flou,  ce qui est assez en phase avec le côté plutôt apaisé du disque, trois ans après celui qui était marqué par votre récente séparation, cela est assumé?

Clarika : Oui, vous avez raison, cette photo correspond pas mal à ce que je suis  et ce que je veux montrer de moi aujourd'hui.

C'est vrai que pour une fois ,je me suis mise en avant sur la pochette alors que d’habitude j’aime bien les mises en scènes où l'on me voit de loin,   mais là j’ai voulu quelque chose de simple et épuré, comme le propos de l'album et surtout de la Lisière: quelque chose d'assez frontal, determiné, voyant plutôt la bouteille à moitié pleine que celle à moitié vide..

Baz'art :  Je sais que certains médias ne comprennent pas pourquoi on ne parle pas plus de vous contrairement à d'autres chanteuses comme le Grande Sophie ou Jeanne Cherhal auxquelles vous n'avez rien à envier...Comment vous vous situez dans le paysage musical français?

Clarika :Sincèrement, je n'ai aucune envie de me plaindre de mon sort,  la chance de faire des tournées depuis un moment et que mon public me suive, un public très fidèle.

 Je suis toujours là après 25 ans de "carrière", j’ai fait huit albums studio, alors que le métier est quand même très compliqué actuellement, et que j’ai plein de « collègues » hommes ou femmes qui ont  totalement disparu de la circulation.

Je me dis que j’ai de la chance d’avoir encore une équipe professionnelle qui m’entoure : un tourneur, un manager, un éditeur, une maison de disque, bref toutes des personnes qui croient encore en moi… 

Clarika - Même pas peur (Clip officiel)

Baz'art : Et votre avenir alors, vous le voyez comment chère Clarika?

Clarika : J’espère que j’aurais encore des choses à dire dans 20 ans car l’inspiration c'est vraiment fluctuant et surtout cela  ne se calcule pas

Arriver encore à surprendre, c'est un de mes défis permanents. Il est possible d’avoir une longue carrière mais il faut avoir des choses à dire  tout du long, ce n'est pas forcément donné à tout le monde.

Je sais que c’est de plus en plus compliqué d’être programmé dans les salles. J'ai joué l'optimiste un peu avant, et je sais bien que j'ai une chance formidable de faire des tournées depuis un moment et que mon public me suive, mais il ne faut pas croire que tout est facile pour autant. 

Je suis en effet impactée, comme tout le monde, sur ce qu’il se passe dans l’industrie de la musique,  en termes de vente de disques, c'est idéniable,  En même temps, tant que j'ai la chance de faire des tournées et d'avoir chaque soir des gens qui me découvrent encore et qui aiment ce que je fais, cela me suffit largement pour mon plaisir  vous savez ....

En revanche, il est assez  évident que quand je ne ferai plus de concerts, je serai lasse et déprimée, mais tant que j’en fais, tout va bien.

 

Avant sa tournée d'automne, CLARIKA vous donne rendez-vous cet été :

24/06/2019 : Festival quand je pense à Fernande – Sète (34)
06/07/2019 : Festival des coccinelles - Fournes (34)
02/08/2019 : Festival chansons et mots d’amour – Amou (40)

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Festiv.iel au Théâtre de la Croix Rousse

Le TXR organise la 4e édition de Festiv·iel, son temps fort annuel dédié au féminisme inclusif, aux cultures queer et aux questions de genre et de sexualité.

4 spectacles inédits vont déplacer le regard du public sur le sexisme ordinaire, les violences sexuelles, les communautés racisées queer, en créant de nouveaux imaginaires subversifs, drôles et joyeux. Au programme également : soirées, DJ set, rencontres, projection, ateliers, universités d’automne du mouvement HF+, exposition, karaoké…

Pack Festiv·iel : 4 spectacles : 50€, tarif réduit*: 28€ - 3 spectacles : 45€, tarif réduit* : 24€.
* -30 ans, étudiant·es, demandeur·euses d’emploi.

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Festival des 3 continents à Nantes

Rendez-vous international dédié aux cinémas d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, le festival se déroule à Nantes et dans les salles partenaires de Loire-Atlantique du 15 au 23 novembre 2024.

“Une compétition internationale vouée à une grande variété de gestes cinématographiques et de récits souvent intimes, des films inédits en séances spéciales parmi lesquels des chefs d’œuvres restaurés, trois hommages qui nous feront voyager entre l’Inde et Hong Kong et une réflexion sur le cinéma français à travers le prisme de sa jeunesse et de notre cosmopolitisme.

Une fois encore, nous voyagerons au présent dans le temps et l’espace, soucieux de faire des liens entre le cinéma tel qu’il va et la richesse de son histoire, d'avoir le désir du cinéma en partage en le rendant accessible pour toutes et tous”, déclare Jérôme Baron, directeur artistique du festival.

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