Une joie féroce.... et une déception tout aussi féroce pour le nouveau Sorj Chalandon!!
Pour le moment, on a parlé qu'en bien de la rentrée littéraire, et notamment chez Grasset avec une critique enthousiaste du Yann Moix ( qui fait bien polémique depuis) et du court récit de la jeune Mathilde Forget, mais malheureusement tous les Grasset ne nous a pas également convaincu dans ces lectures de vacances pré rentrée, c'est notamment le cas du roman " Une joie féroce" de Sorj Chalandon, un auteur pourtant très reconnu et qu'on aime énormément ... Il a voulu changer de braquet pour cette rentrée 2019 mais hélas, celui ne lui a pas bien réussi !
"Matt aurait dû être là, avec moi, sur ce trottoir d'hiver. Il aurait dû pousser la porte du premier café et m'offrir un verre de blanc au comptoir. On aurait dû trinquer. À l'amour qui nous porte, à la guerre qui s'annonce, à nous. Trinquer à l'orage. Aux grands froids. Et au printemps prochain, à l'été, à toutes ces années qui trépignent d'être vécues. On aurait dû boire aux jours d'après, lorsque mon camélia serait fané et moi, resplendissante. "
Journaliste à Libération pendant plus de trente ans, désormais au Canard Enchainé, Sorj Chalandon, lauréat du grand prix du roman de l’Académie française pour Retour à Killybegs, est revenu à la rentrée littéraire 2017 avec le jour d'avant un éblouissant roman, peut etre le meilleur de son oeuvre, dont l'absence dans les listes finales .
A la lecture de son dernier roman, on peut se demander ce qui a bien pu arriver à cet auteur dont j'avais aimé les précédents romans "Mon Traitre" ou "le quatrième mur", ?
A-t-il trop regardé La casa del papel ? A-t-il voulu montrer son soutien à tout prix au mouvement #metoo avec un roman très féministe dans lequel les femmes tiennent le beau rôle et les hommes sont très très ( très) méchants, lâches, violents, sans la moindre parcelle d'humanité? A t- il eu marre de ses univers très noirs et très nihilistes pour nous trousser un feel good book finalement optimiste mais qui se moque de toute crédibilité narrative? Nul ne le sait, mais toujours est il que le résultat laisse assez pantois surtout quand on misait énormément sur cet auteur dans la rentrée littéraire de cette année
Si l' on pourra être (un peu) touché notamment dans sa première partie par le personnage de Jeanne et la façon dont on vit l'annonce de son cancer et dont elle vit son traitement, et que l'auteur sait encore écrire et trousser de belles formules, l'intrigue a un côté très "bigger than life" , très outrancière et surtout pétrie de bons sentiments qui font passer Anna Gavalda pour une cynique..
Entre la cancérologue italienne qui sort des phrases comme des mantras, le gentil commissaire, le mari sans nuances, les ex tous affreusement salauds, et les amies de Jeanne vraiment trop caricatures, il nous a été impossible de croire à cette histoire qui plaira peut etre à ceux qui sont plus réceptifs aux feel good books ; les autres attendront le retour du romancier nuancé et profond qui nous avait habitué à tant mieux...