L''exposition « Prison, au-delà des murs » à travers des objets phares de la collection :
La nouvelle exposition « Prison, au-delà des murs » du Musée des Confluences inaugaurée depuis vendredi dernier fait sauter les verrous et aborde frontalement un vrai sujet de société", celui de la prison et des problématiques liées à l'incarcération .
L’exposition, conçue par Marianne Rigaud-Roy, s’attache à expliciter le paradoxe principal soulevé dès le XIXe siècle par cette institution qu'est la prison: comment exclure tout en préparant le retour à la liberté ?
La mise en espace a été conçue par Tristan Kobler, scénographe et architecte suisse allemand, qui a pris le parti d’évoquer, sans les reconstituer, ces espaces clos.
A la fin du 18e siècle, la prison devient la première des peines en Europe jusqu’alors le plus souvent dévolues au bourreau. La détention apparaît moins inhumaine que l’exécution capitale ou les châtiments corporels fréquemment appliqués. Alliant isolement, contrainte des corps et soumission des esprits, la prison a alors pour mission de punir et d’exclure pour protéger la société.
Après une introduction qui traite de la naissance de l’institution pénitentiaire en Europe, le visiteur découvre les règles régissant l’univers carcéral, les rapports de force qu’elles engendrent et leurs transgressions.
Quartier disciplinaire. Grégoire Korganow, 2011, France. Collection de l'artiste
Puis viennent les moyens déployés par les détenus pour survivre à l’enfermement par l’activité, la création, les liens avec l’extérieur. Des trafics aux mutineries, de l’évasion au suicide, les différentes expressions de la révolte en prison sont ensuite mises en lumière.
Si l’enfermement est aujourd’hui une peine communément admise par l’opinion publique, ses alternatives visant à la réinsertion dans la société interrogent et ouvrent le débat au centre de l’exposition.
Selon l'artiste, La bataille du soupçon dépeint l'expression d'une lutte entre le détenu et le surveillant, incarnant la figure du bourreau dans l'imaginaire collectif.
De l'œilleton de la porte aux murs de la cellule, l'œuvre évoque la complexité des échanges, les tentatives de renversement du contrôle, les violences de certains détenus et le dépassement de l'acceptable par quelques surveillants.
Dans un environnement qui tolère à peine les individualités, la cellule peut être un espace de repli et d’isolement.
C’est là que les détenus regardent la télévision, mangent, écrivent, prient... Avec peu de moyens, ils font preuve d’imagination pour améliorer leur quotidien.
Cependant, jour après jour, les pensées tournent en rond et la vie en cellule, seul ou à plusieurs, devient vite insupportable.
Le détenu ingère des objets en général pour voir le médecin ou pour tenter de s’évader, car il est plus facile de le faire depuis l’hôpital.
Il a cependant peu de chance de réussir, puisqu’il est d’abord soigné dans sa cellule, sinon à l’infirmerie. Dans les cas d’urgences hospitalières, des mesures particulières sont pris pour éviter toute fuite.
Tambour inuit 1985, Canada Photo musée des Confluences Les tambours accompagnaient les duels judiciaires pratiqués traditionnellement par certaines populations Inuit pour régler des conflits.
Ces rituels pouvaient prendre la forme d’un duel de chant. Ils ont inspiré, comme d’autres pratiques ancestrales dans le monde, l’apparition dans nos sociétés de nouvelles formes de médiation pénale, comme la justice restaurative.
Exposition « Prison, au-delà des murs » Du 18 octobre 2019 au 26 juillet 2020 ; musée des Confluences, du 18 octobre au 26 juillet 2020