SYMPATHIE POUR LE DIABLE : Paul Marchand, ce héros?
Le cinéma francophone ne cesse de mettre le focus sur des personnalités du journaliste aussi courageuse que peu connues du grand public.
Quelques semaines après Camille, le film de Boris Ljakine qui faisait joliment revivre la photo reporter Camille Lepage assassinée lors d'une mission en Centrafrique, Sympathie pour le diable, le premier long-métrage du réalisateur québécois Guillaume de Fontenay, inspiré des récits du reporter de guerre Paul Marchand (1961-2009)
L'intrigue se déroule pendant le premier hiver du siège de la ville par les forces serbe et nous plonge dans les entrailles d'un conflit fratricide éclatant sous le regard impassible de la communauté internationale.
Dès 2006, à partir du livre éponyme de Paul Marchand, le réalisateur québécois Guillaume de Fontenay chercher à filmer les souvenirs de reporteur de guerre de Paul Marchand.
Il va alors collaborer avec le journaliste, en tout cas jusqu’en juin 2009, date du suicide de ce dernier et ce n'est que dix ans plus tard, après moult péripéties, qu'il arrivera à sortir ce film en salles .
Loin de prêcher pour une prétendue neutralité journalistique, Paul Marchand revendique au contraire le droit à la compassion et la prise de position étayée et assumée.
Marchand acceptera très mal de voir ces hommes et ces femmes de l’enclave musulmane de Srebrenica mourir désarmés devant les Serbes, alors que les Casques bleus auraient dû les protéger et accepte encore moins le laxisme de la communauté internationale qui laisse ce massacre survenir.
Même si le cinéaste semble vouer une admiration sans borne pour Paul Marchand que Niels Schneide joue avec en même temps une désinvolture et une énergie vraiment épatante Guillaume de Fontenay ne verse jamais dans l'hagiographie et le montre autant attachant qu' agaçant dans ce côté arrogant, voire condescendant par rapport à ses collègues ou autres intervenants de cette guerre si complexe.
Si on peut regretter un manque de didactisme ( par rapport à Camille le film ne nous explique rien des enjeux de ce conflit et le spectateur qui ne se souvient plus guère de cette période sera bien paumé) la mise en scène, fiévreuse et totalement immergive est particulièrement impactante.
Plus plaidoyer pour un journaliste de l'etrême que de tous les risques q'un drame sur l'horreur de la guerre, Sympathie pour le diable, oeuvre rock n roll (à l'image de son titre très Rolling Stone) ne laissera pas indifférent et mérite largement le coup d'oeil..
Sympathie pour le diable en salles depuis le 27 novembre 2019
Film français, canadien et belge de Guillaume de Fontenay, avec Niels Schneider, Vincent Rottiers, Ella Rumpf, Arieh Worthalter (1 h 40). Sur le Web : www.rezofilms.com/distribution/sympathie-pour-le-diable