Comment proposer un regard neuf sur une ville si souvent vue sur grand écran, dans les séries télé, dans les viseurs des photographes ?
Michel Setboun, lui même, a arpenté bien souvent New York. Il connait ses ponts, ses gratte-ciels, ses toits, ses habitants, ses rues. Comment sortir de ce sentiment de "déjà vu" ?
Il a décidé de revisiter ses propres images, de les réécrire même, donnant à voir un New York entre fiction et réalité.
Anticipe-t-il les critiques que d'autres photographes pourraient lui faire quand il écrit : "La photographie est une merveilleuse illusion racontant à celui qui s'y plonge sa propre histoire, son image-inaire".
New York photographies est un OPNI : un objet photographique non identifié, qui créé une passerelle entre "photo" et "graphie".
Alors en ouvrant ce beau livre, on a l'impression d'être plongé dans un cartoon, parfois dans un film des Marvel, dans une bande dessinée ou un tableau.
Michel Setboun commence son voyage à Times Square où tout clignote, se superpose, s'affiche puis change de décor avec New York dame de fer.
Il surligne les ossatures métalliques en les colorisant en rouge. Retour à la réalité avec ce rappel " dans les années 1980 et 1990, des journalistes ont estimé que 30 000 personnes sans logis, dont les vétérans du Vietnam se terraient dans les souterrains de la ville".
Ses photo-illustrations les plus cinématographiques ? Celles montrant comment les nuages de vapeur (provenant du système de chauffage urbain) s'invitent dans la ville.
Celles que je préfère ? celles où il joue avec la réflexion, la transparence et l'inversion de perspective ou avec les éléments architecturaux comme miroirs.
Et puis soudain la Grosse Pomme se recouvre d'un nuage de poussière, images suspendues de l'après-11 septembre.
Michel Setboun, textes Pierre Guicheney, Editions de la martinière, octobre 2019