Le Bureau des légendes saison 5 : une- splendide- page se tourne
Le Bureau des légendes, cette formidable série créée de A à Z par Éric Rochant, vient de signer la fin d'une ère après sa cinquième saison.
On le savait depuis plusieurs mois, Éric Rochant s'est désengagé de l'aventure à l'issue de cette saison 5 et affirme à qui veut l'entendre qu'il ne reprendra pas son poste de showrunner pour une hypothétique saison 6.
A la vision des 10 épisodes qui ont été diffusés sur canal plus jusqu’à lundi dernier, on peut dire qu’une ère se termine après cinq saisons et que si sixième saison il y a – ce que personne n’a confirmé à ce jour- elle ne pourra que se faire après reconstruction totale sur les ruines du décor habituel, que l’on voit s'effondrer à la toute fin de la saison.
Le grand pari de la série, qui est de partir d'un contexte géopolitique très réel et documenté- pour tisser une fiction toujours aussi passionnante et prenante aura donc été tenu vaillamment jusqu’au bout, et ce malgré deux derniers épisodes, écrits et réalisés par Jacques Audiard, qui s’est vu passer le relais par Rochant, qui auront largement divisés et déçu beaucoup de fans, dont nous ne faisons assurément pas partie.
En se focalisant sur le personnage de Malotru, dont on pensait le compte réglé à la fin de la saison 4 et de son histoire d’amour avec Nadia, le BDL boucle joliment la boucle et la série de se parer d’une dimension très onirique et mélancolique, presque crépusculaire et de toute beauté.
Un aspect qui nous fera largement fait oublier certains petits bémols, comme la disparition soudaine et inattendue de certains personnages- JJA, Pacemaker, Mille Sabords, un nouveau personnage joué par un Louis Garrel plutôt à son aise en espion barroudeur- et d’arcs narratifs, qui a pu un peu rompre net le fil des intrigues qui se nouaient depuis plusieurs saisons.
Incontestablement, cette série, célébrée comme un modèle de réussite française, aura vu sa cinquième saison explorer davantage la psychologie – et la libido des personnages et aura fini de renvoyer chaque protagoniste du bureau à ses propres failles, ses propres turpitudes et ses grandes béances intimes
Sans doute que les deux derniers volets tournés par Rochant- on pense à l’épisode 7, qui s’ouvre par des retrouvailles glaciales entre JJA et Malotru aux dialogues d’une grande finesse, est sans doute le plus réussi de la saison et peut être même de la saga en entier ainsi que l’épisode 8 avec la très haletante d’exfiltration de Nadia El Mansour à Moscou- apportait son lot d’adrénaline et de sensations fortes un peu absente des épisodes suivants, mais ces ultimes épisodes auront pour mérite d’être aussi audacieux que visuellement splendides.
Certes, ces deux épisodes tranchent un peu avec le reste de la série, ce dont certains adeptes n’ont pas pardonné à Audiard, mais elles permettent de conclure ce bijou de série avec un lyrisme assumé que les musiques religieuses de Bach et Berlioz et la voix rauque de Tom Waits ne feront qu’accentuer.
S’y ressent alors une atmosphère poignante, et une mise en scène plus ample, assumant le recours aux ralentis et aux rêves.
Sans doute plus marqué cinéma d'auteur, ce geste d’Audiard était vital pour conclure cette série en beauté.
La saison 6, ardemment réclamé par canal + et qui aurait pour showrunner un autre que Rochant ou Audiard nous semble alors un peu superflue au vu de ce final symphonique et grandiose.
La saison 5 du Bureau des Légendes est disponible en intégralité sur MyCanal. Les saisons 1 à 4 sont également disponibles sur MyCanal.
La sortie du DVD et du Blu Ray est prévue pour le 8 juin 2020.