Sélection livres spécial déconfinement : trois lectures féminines et au doux parfum d'exotisme!
Vous voulez qu'on vous aide à passer un déconfinement littéraire à la fois féministe, serein et dépaysant?
Comme les librairies se déconfinent toutes progressivement, on ne saurait vous conseiller trois de nos lectures du moment, chacune nous plongeant dans un univers coloré et loin de la France, dans lequel les femmes et la solidarité féminine se taille la part du lion. Petite revue de ces trois belles lectures pour ce mardi conseil !
1/AVANT QU'ELLE S'EN AILLE; Maïa KANAAN-MACAUX
"Son chignon tiré contraste avec son regard tendre et son bon sourire. Elle a en elle quelque chose de volontairement burlesque, elle a gardé sa fantaisie. C'est sa façon à elle d'être au monde, de faire face au meilleur comme au pire"
Auprès d'un père diplomate et d'une mère aventureuse, Maïa KANAAN-MACAUX a connu une enfance assez révée, entre Rome ou elle a vécu et l'Egypte le pays de son père. UNe famille cosmopolite, ouverte d'esprit et très bienveillante.
Alors que son père est mort depuis longtemps et que sa mère, à 80 ans passé, commence à perdre la mémoire, l'auteur revient à Rome près d'elle et ressent le besoin de plonger dans ses souvenirs d'enfance, notamment celui de la colline de l’Aventin, le quartier de son enfance à la puissance évocatrice indéniable.
Elle raconte son lien très fort "Je ne croise pas d'enfants sauvages comme ceux que nous étions, toujours dehors la tête dans les arbres ou installés sur le muret qui surplombe le Tibre."- avec son frère Jean- Sélim avec qui elle était totalement inséparable.
Ce récit autobiographique est l'occasion pour Maïa KANAAN-MACAUX de rendre un vibrant hommage à son père , diplomate mort en mission en Egypte
Une jolie ode à l'enfance et aux souvenirs familiaux racontant avec ce qu'il faut de sensibilité- mais pas de sensiblerie et une pointe de mélancolie- mais pas de nostalgie.
Une belle et émouvante évocation d'une jeunesse à la fois aventureuse et ouverte sur le monde.
AVANT QU'ELLE S'EN AILLE Maïa KANAAN-MACAUX, Julliard, 5 Mars 2020
2/ Les toits du paradis - Mathangi Subramanian
"Les mères du Paradis travaillent toutes. Elles gagnent leurs pains en balayant le sol chez les autres en cuisinant pour les autres, en repassant les vêtements de confection lavés à la machine des autres. En remplissant les formulaires administratifs des autres pour qu'ils obtiennent leurs rations, en vaccinant les enfants des autres. Le soir, elles rentrent la bouche pleine de questions, les yeux pleins de soupçons."
Le Paradis, c'est le nom un peu ironique qu'on donne au bidonville de Bangalore, au sud de l'Inde. Là, dans ce quartier où la misère de ses habitants cotoie les saveurs des mets épicés et les couleurs des habitations, vivent 5 jeunes femmes soudées et terriblement attachantes : Deepa, Joy, Rukshana, Banu et Padma,
Quand les bulldozers arrivent pour raser le Paradis afin de construire un centre commercial, nos 5 héroïnes vont faire preuve d'esprit et de solidarité pour trouver un moyen de rester collée à leur Paradis.
On pense un peu au récent film Made in Bangladesh ( chroniqué ici même) qui se déroulait non pas en Inde mais dans son pays voisin mais qui développait le même lien de sororité évidentes entre des jeunes femmes prêtes à tous les stratagèmes pour lutter contre le capitalisme et les mastodontes souvent dominées par les hommes.
Mathangi Subramanian, rend un vibrant hommage à ces femmes hautes en couleur, courageuses et qui ne rompent jamais malgré les épreuves. On suit avec passion le combat de Banu, Deepa,et des autres pour rester dans le lieu où elles sont été élevées même si le dit lieu est un bidonville.
Un hommage universel, chaleureux et jamais larmoyant à la force des femmes du monde porté par un optimisme qui fait du bien.
Les toits du paradis, Mathangi Subramanian, Editions de l'Aube Parution 02/01/2020
3. Esther David, Le livre de Rachel
"Rachel se demandait souvent pourquoi et comment un parfait inconnu devenait un jour quelqu'un de proche, comme un membre de la famille. Quelquefois des liens se tissaient sans le moindre effort. Quand Judah était venu chez Rachel la première fois, il paraissait solitaire et distant et jamais elle n'aurait pu imaginer qu'ils seraient un jour aussi complices. "
Rachel, dernière représentante de la communauté juive de Denda, près de Bombay, est la gardienne de la petite synagogue abandonnéeau bord de la mer d'Arabie, tout près de sa propre maison.
Mais le jour où elle apprend que cette syonagogue pourrait bien être cédée à un promoteur immobilier,Rachel fera tout pour tenter de sauver les lieux chargé des souvenirs de ses ancêtres.
Comme dans "les toits du paradis" de Mathangi Subramanian, qu'on vient de présenter, le roman d'Esther David embarque le lecteur dans un combat se déroulant en Inde.
Un autre combat à la David contre Goliath avec une héroïne prête à tout pour sauver un lieu de mémoire contre la spéculation immobilière . Voilà que notre chère Rachel va tenter de remuer ciel et terre pour sauver ce lieu spirituel.
À travers les mille et une saveurs de la cuisine indienne- et des recettes qui sont présentes dans le livre, Le livre de Rachel relate la persistance de la mémoire et de la culture... On sent la canelle, le cumin, les encens de l'INde rien qu'en le lisant .
Rachel est une héroïne forte en tête et en personnalité, venant d'une communauté atypique qui mélange traditions juives et rites indiens.
Rachel évoque ses souvenirs et les festins qui célébrait les grands moments, et on fermant les lieux et en lisant l'histoire d'Esther David à voix haute, on y sentirait presque le parfum et la saveur des épices! Miam !!
Un feel good book gourmant et sacrément dépaysant!
Le livre de Rachel, Esther David J'ai Lu, Paru le 12/02/2020